La Mayenne au centre d’un conflit éolien

Un projet éolien mayennais retoqué à la demande de l’armée de l’air.

Six projets éoliens ne verront pas le jour à Fougerolles-du-Plessis, Lignière-Orgères, Marcillé-la-Ville, Izé/Saint-Georges-sur-Erve, Vaiges et Bazougers.

article_parceolienLe conseil général de Mayenne avait pourtant promis d’installer 100 éoliennes d’ici 2020 ; et ainsi produire 17% de la consommation mayennaise d’électricité grâce au vent. Mais les projets d’implantation d’éoliennes dans le département sont contrecarrés par le ministère de la Défense qui oppose l’impossibilité de faire cohabiter éoliennes et aéronefs dans un secteur d’entrainement à basse altitude. Le secteur militaire couvre une grande partie du département et empiète sur treize zones de développement éolien. Quarante éoliennes se voient donc refuser leur autorisation d’implantation. Ce n’est pas la première fois que les choses se déroulent de cette façon ; l’an dernier un projet de construction de quatre éoliennes avait déjà été retoqué et six autres avaient reçu un avis négatif. Seuls trois projets auraient été potentiellement autorisés, affaire à suivre… D’autres verront le jour, non loin dans la région…

Un projet d’implantation à Bourgon – mobilisation

Non loin de là, le château de Bourgon est aussi menacé par l’installation d’éoliennes. Le projet vise à l’aménagement d’une série d’éoliennes à proximité et en pleine ligne de mire du château, l’un des plus beaux de la Mayenne.

Les propriétaires, qui estiment que les trois éoliennes visibles de leur château leur porteront préjudice, ont fait appel à un avocat. La décision finale appartient au préfet. L’enquête publique doit d’abord être menée. Elle devrait débuter à la rentrée prochaine…

En attendant, mardi 12 avril, 3 ballons sonde ont été posés à la demande de la préfecture pour vérifier l’impact du projet d’éoliennes sur les châteaux de Bourgon et Thuré classés monuments historiques.

En présence du secrétaire général de la préfecture, de l’architecte des bâtiments de France, des propriétaires des lieux, M et Mme Ducatillon, accompagnés de leur avocat, des propriétaires du château de Thuré, M et Mme du Pontavice, des représentants de la société Abowind, et d’une paysagiste demandée par cette société – ce groupe d’une vingtaine de personnes a arpenté les chemins avec en ligne de mire les ballons sonde.

Les moyens mis en œuvre n’ont pas été très convaincants :

  • les ballons de couleur blanche, étaient peu visibles, sur des nuages laiteux.
  • En raison de leur fixation très légère, les ballons n’ont pas cessé d’être rabattus par le vent. Montant et descendant sans cesse, sans pouvoir fournir qu’une vague idée de l’impact visuel des éoliennes.

Il en ressort néanmoins que les éoliennes sont bien visibles du chemin d’accès sur les perspectives principales du château et sur l’esplanade : lieu de prédilection des manifestations publiques : rassemblement de voitures anciennes, d’attelages, vernissages, concerts, projection de films, observation du ciel et des étoiles…

L’architecte des bâtiments de France a rappelé que « l’ensemble » du château de Bourgon, la chapelle, les communs et les terres qui représentaient l’ancien étang avait fait l’objet d’une demande d’inscription et avait été classé « monument historique » en 1996. Encore aujourd’hui, ce château s’inscrit dans un écrin de verdure, une grande clairière bordée par la forêt dans un calme et une sérénité sans aucune intrusion contemporaine. Ce que le grand public peut venir voir puisque le château de Bourgon ouvre largement ses portes au public toute l’année sur rendez-vous et sans rendez-vous du 1er juillet au 15 août.

Les propriétaires espèrent que la situation sera reconnue contraire à la loi du 13 juillet 2005, fixant la politique énergétique et à la circulaire du ministère de la culture du 19 juin 2006, précisant la nécessaire prise en compte de la protection des paysages… D’autre part, les zones de développements éoliens (ZDE) imposent de respecter un rayon de protection de 10km autour d’un monument protégé. Or plaident les propriétaires de Bourgon : « les éoliennes ne sont pas à 4km mais à 2,9km du château et à 2,3 km du périmètre classé. Sans compter que les éoliennes prévues culmineront à 150 mètres – les 105 mètres du mât auquel il faut ajouter les 45 mètres de pales.

Il est évident que les éoliennes changeraient radicalement l’approche du site, par leur grande taille, leur mouvement et le clignotement incessant, qui attireraient le regard tout en dégradant la superbe vue de l’arrivée – les toits de la tour médiévale et de la chapelle XVIe seraient perdus dans les pattes et rotors en mouvement.

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