Historique


Patrimoine-Environnement (LUR-FNASSEM) est le résultat de la fusion en 2013 de deux associations nationales reconnues d’utilité publique : 

  • La LUR (Ligue Urbaine et Rurale)
  • La FNASSEM (Fédération Nationale des Associations de Sauvegarde des Sites et Ensembles Monumentaux)

HISTORIQUE DE LA LIGUE URBAINE ET RURALE

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La Ligue Urbaine et Rurale pour l’aménagement du cadre de la vie française a été fondée par Jean Giraudoux et Raoul Dautry à la fin de la seconde guerre mondiale en réaction contre l’urbanisation anarchique de l’entre–deux–guerres et l’indifférence au cadre de vie. Dès l’origine elle avait une double vocation :

  • la défense du patrimoine naturel ou construit
  • la promotion d’un urbanisme contemporain

Les archives de la LUR sont très pauvres sur cette période. Toutefois les rares documents subsistants permettent de reconstituer les premiers pas de la LUR.

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Au cours de l’entre-deux guerres, Jean Giraudoux est très préoccupé de l’avenir de Paris. Des projets de destruction et de reconstruction de quartiers anciens ont été publiés. Le 17 mars 1928, Le Temps publie un premier manifeste anonyme « Pour la défense de la beauté et la salubrité de Paris » qui annonce la création d’une Ligue Urbaine. Elle regroupe des personnalités qui partagent ses préoccupations. A l’époque elle n’a pas d’existence juridique. Elle s’intéresse à l’urbanisme parisien. Son président est Jean-Claude-Nicolas Forestier, ingénieur polytechnicien, conservateur honoraire des promenades de Paris. Figurent parmi ses membres le président de la société des ingénieurs civils et des personnalités comme Henri Prost et Tony Garnier. Après la mort de Forestier en 1930, Jean Giraudoux signe de nombreux articles de son titre de vice-président de la Ligue Urbaine.

Ce n’est qu’à la veille de la seconde guerre mondiale, à la suite de la parution de Pleins pouvoirs, que Jean Giraudoux va fonder la LUR dont les premiers statuts seront déposés en 1943 sous le titre de « Ligue Urbaine et Rurale pour l’aménagement du cadre de la vie française ». Ses promoteurs décident d’attendre la fin de la guerre pour se lancer dans l’action.

eoliennesA la Libération, après la mort de Jean Giraudoux, paraît, sous sa signature, à la première page du Figaro le 10 Février 1945 le Manifeste qui expose les objectifs de l’association. Raoul Dautry, alors Ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme dans le gouvernement provisoire de la République française présidé par le général de Gaulle, créera dans les faits l’association. Il demande à Paul Claudel d’en être le président.

De cette origine la LUR va conserver deux traditions :

  • défendre la qualité de la vie que ce soit en milieu urbain ou rural, avec le souci de préserver la beauté des quartiers anciens et la promotion d’une architecture contemporaine dans les périphéries des villes. Santé, Beauté, Dignité sont les trois mots clés de l’association.
  • réunir dans ses instances dirigeantes des personnes ayant des profils divers qui auront à cœur de maintenir une certaine qualité d’expression et notamment de grands ingénieurs.

Elle accorde une importance majeure à la défense des sites et des paysages.

Par rapport aux autres associations nationales existantes la préoccupation de l’urbanisme constitue l’originalité de la LUR.

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Paul Claudel

n’est pas un Président fort présent, Raoul Dautry est très occupé par sa vie professionnelle, il faudra dès 1948 faire appel à une nouvelle personnalité pour assumer la présidence effective de la LUR. Ce sera Emile Bollaert, ancien préfet, démissionnaire en 1940. Il avait succédé à Jean Moulin comme Délégué Général du Comité français de la Libération puis déporté. Il est secondé par Henry de Ségogne pour animer la vie de l’association. Conseiller d’Etat, c’est un personnage exceptionnel à plus d’un titre, l’un des premiers français à avoir dirigé une expédition dans l’Himalaya, il joua un rôle déterminant lors de la création des secteurs sauvegardés et de la FNASSEM.

De la LUR à Patrimoine-Environnement (LUR–FNASSEM)

A partir de 1948, sur une idée du baron Max Fould-Springer, la LUR lance une opération annuelle « La semaine de la plus belle France », lors de la dernière semaine de Juin, animée par Henry de Ségogne et Madame Renée Mayer. Dans chaque département sont organisées des manifestations sur un thème général proposé par le comité national. Viendra ensuite le concours des maires des communes rurales « pour les inciter à prendre en compte la beauté des paysages dans leurs décisions d’aménagement » puis le concours des entrées de ville créé pour illustrer la capacité d’élus et de maîtres d’œuvre de concevoir et réaliser des aménagements accueillants le long des axes de pénétration dans les agglomérations et répondant ainsi aux objectifs qu’avait défendus le sénateur Ambroise Dupont lors du vote de la loi Barnier.

En 1963 la LUR se dote d’une revue trimestrielle : « Les cahiers de la LUR ». De nombreux numéros spéciaux traitent des sujets allant de l’aménagement du territoire au patrimoine rural. Des signatures prestigieuses contribuent à la renommée de la revue. Elle change de formule et devient « Patrimoine et cadre de vie » en 2003. Désormais un dossier figure dans chaque numéro. Les coûts de cette formule obligent à abandonner la périodicité trimestrielle pour une périodicité annuelle en 2011. On passe de quatre revues de 48 pages à une revue de 120 pages. Les derniers thèmes traités dans le dossier portaient sur l’eau en 2011, les gares en 2012 et le paysage en 2013.

Au cours des années 1970 la Ligue Urbaine et Rurale poursuit activement son action de défense et de promotion de l’urbanisme. Parallèlement, sous l’impulsion de Madame Marie-Suzanne de Renty, se mettent en place à Paris des groupes de visites-conférences qui vont créer des liens d’amitié entre ses membres. Quelques délégués régionaux imitent cet exemple.

Depuis les années 1980 les présidents successifs Xavier de Christen, conseiller d’Etat, Guy de Commines, ancien ambassadeur, et Jacques de La Ferrière, également ancien ambassadeur, poursuivent l’action de la LUR dans l’esprit de ses fondateurs. La revue rend compte des positions, des préoccupations et des actions de la LUR.

En dépit de l’accroissement du nombre des membres l’équilibre financier est difficile à atteindre. Jacques de La Ferrière est convaincu que seule la fusion avec une autre association permettra d’assurer la viabilité à long terme de l’association.
C’est son successeur, Jacques Leclercq X Ponts, qui réalisera la fusion-absorption avec l’association Espaces Pour Demain (EPD) en 2003. Cette fusion permet d’envisager un renforcement de l’implantation locale de la LUR avec l’arrivée de plusieurs délégués régionaux issus d’EPD. La déconcentration des services de l’Etat et la décentralisation voulue par les pouvoirs publics exigent que, sur le terrain, les associations nationales disposent de relais ayant une réelle influence auprès des autorités.

HISTORIQUE DE LA FNASSEM

Logo fnassem 15 cm 300dpiLa FNASSEM a été créée en 1967 par Henry de Ségogne pour sensibiliser l’opinion publique aux menaces qui pèsent sur le patrimoine français. La FNASSEM regroupe les associations loi 1901 qui se consacrent à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine bâti, de l’environnement et du cadre de vie. Elle a été reconnue d’utilité publique en 1983 et agréée par le Ministère en charge de l’Ecologie et du développement durable (1979). La fédération a pour mission de soutenir les associations, participer à l’action menée par les pouvoirs publics pour la sauvegarde du patrimoine national et sensibiliser le public, notamment les jeunes, à la nécessité de protéger ce patrimoine.

eoliennesHenry de Ségogne, pionnier de la protection du patrimoine culturel en France…

  • Henry de Ségogne (1901-1979) était un alpiniste, haut fonctionnaire (conseil d’État, commissaire général au tourisme) et pionnier de la protection du paysage et du patrimoine culturel en France.
  • Haut fonctionnaire, Henry de Ségogne va se consacrer à la protection du patrimoine et du paysage français. Dans les années 1940, il est commissaire général au tourisme. Il fait réaliser en 1945-1947 une étude sur les « villes d’art en ensembles architecturaux à sauvegarder », premier pas vers les futurs secteurs sauvegardés.
  • En 1946-1949, il s’occupe de la réforme des architectes des Bâtiments de France et des conservateurs régionaux.
  • En avril 1961, Henry de Ségogne remet au Premier ministre Michel Debré un rapport sur la « sauvegarde du patrimoine esthétique et culturel » qui mènera, cette fois directement à la création des secteurs sauvegardés.
  • Pour le Ve Plan (années 1960), il s’occupe notamment des questions du budget du patrimoine.
  • En 1967, Henry de Ségogne fonde la Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux (FNASSEM) afin de sensibiliser l’opinion publique à la nécessité de protéger le patrimoine français.
  • De 1964 à 1978, Henry de Ségogne préside l’Union nationale des associations de tourisme (Unat).

eoliennesLa Vieille Charité de Marseille, emblème des premiers combats de notre Fédération …

C’est en 1640, suite à l’édit royal sur « l’enfermement des pauvres et des mendiants », que la Ville de Marseille, propriétaire d’un terrain situé près de la cathédrale de la Major sur le versant nord de la butte des moulins, décide de la construction de la Vieille Charité pour y accueillir les gueux. Mais le projet piétine et c’est seulement en 1670 que Pierre Puget, architecte du Roi et enfant du quartier, entame une de ses plus grandes réalisations.

L’ensemble architectural surprend par sa parfaite unité de style et sa cohésion fonctionnelle. Construit en pierre rose et blanche de la carrière de la Couronne (petite localité au nord de Marseille), l’ensemble de la Vieille Charité se compose de quatre ailes de bâtiment fermées sur l’extérieur et ouvertes sur une cour rectangulaire par des galeries sur trois niveaux qui rythment élégamment la vie à l’intérieur de l’édifice au centre de la cour, une chapelle à coupole ovale dans le meilleur goût baroque.

Pendant plus d’un siècle, la Charité reçoit les gueux de la ville. Puis, après la Révolution et jusqu’à la fin du XIXe siècle, la Charité sera un hospice réservé aux enfants et aux vieillards. En 1905, le bâtiment est occupé par l’armée et servira plus tard de logement social. Mais les années passantes, à la fin des années 1950, la Charité est perçue comme un taudis au cœur de Marseille. L’expulsion en 1965 de ses derniers habitants accentue encore sa ruine et les bâtiments hospitaliers sont réputés dans un premier temps «irréparables».

eoliennesLe sort de l’ensemble des bâtiments devient dès lors l’objet d’un débat qui dépasse Marseille et atteint Paris. C’est là qu’intervient, M. de Ségogne qui joue un rôle important en sa faveur dans la capitale. Et c’est en tant que fondateur de la FNASSEM qu’il agit auprès du Ministère de la culture et de la Caisse des monuments historiques. Aussi, en 1961 la Ville de Marseille entreprend sa restauration. La remise en état s’achève en 1986, après 25 ans de travaux.

Il abrite aujourd’hui de nombreuses structures culturelles telles que le centre international de poésie Marseille , plusieurs musées municipaux (consacrés à l’archéologie méditerranéenne, aux arts africains, océaniens, et amérindiens), une salle de cinéma d’arts et essais, une librairie (Regards), l’Institut National de l’Audiovisuel, la Direction des musées de Marseille, un bar-restaurant (Le Charité Café)…

Plus d’informations sur l’Histoire de la Vieille Charité de Marseille : Revue méditerranéenne

Henry de Ségogne précurseur des secteurs sauvegardés, l’exemple de Sarlat !

Dès la fin des années trente, Henry de Ségogne, s’intéresse au patrimoine architectural de Sarlat. Avec un petit groupe d’intellectuels, il s’attèle au recensement et à la protection de ce patrimoine architectural malmené par les siècles dont la restauration devient urgente. Dans les années 1940, 42 immeubles sont classés ou inscrits aux monuments historiques. Très vite des aides financières sont apportées et la ville devient un exemple en matière de protection de son propre patrimoine.

Le cas de Sarlat va inspirer Henri de Ségogne, qui prend appui sur l’exemple de la ville pour rédiger une loi sur la conservation du patrimoine. Celle-ci permettra: de repeupler le centre-ville, relancer le commerce, relancer les locations et de répondre aux nouveaux besoins de conforts et d’hygiène.

« En 1964, deux ans plus tard, le centre-ville était classé secteur sauvegardé, explique Karine Da Cruz, animatrice du patrimoine pour la mairie de Sarlat. Impossible dès lors de passer outre les réglementations pour rénover le centre-ville.» Ce qui n’était jusqu’alors qu’une volonté municipale devient une obligation légale. La voie était tracée pour faire de la ville le pôle touristique que l’on connaît aujourd’hui.

Patrimoine-Environnement : l’histoire continue

Kléber RossillonLa Fédération Patrimoine-Environnement a été présidée par Kléber Rossillon  (ex-président de la FNASSEM), polytechnicien et diplômé de l’école nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace (SUP-AERO) de 1993 à 2015. Président de la société Kléber Rossillon, spécialisée en gestion de sites culturels et touristiques (100 salariés), Kléber Rossillon s’est converti au patrimoine culturel après une carrière dans l’aérospatiale de 1978 à 2002 (responsable du troisième étage de la fusée Ariane 3 jusqu’à son lancement en 1984, puis de programmes militaires).

La société Kléber Rossillon est choisie pour la gestion du Musée de Montmartre et de la réplique de la grotte Chauvet-Pont d’arc. Kléber Rossillon est également l’initiateur des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins depuis 1998.


ALB - colloque edv 2013Depuis 2015, Alain de La Bretesche est le nouveau président de Patrimoine-Environnement. Publiciste de formation, après avoir été élu président de la Fédération nationale des Unions de Jeunes avocats en 1981, il crée avec quelques amis une petite association réunissant les praticiens de droit administratif et fiscal, laquelle prend l’habitude d’organiser des colloques au Sénat. Après la chute du Mur de Berlin, il voyage fréquemment, comme expert près du Conseil de l’Europe, dans les Pays de l’Europe Centrale et Orientale désireux de rejoindre les standards d’une justice démocratique avant de poser leur candidature à l’Union Européenne. Engagé dans de nombreuses institutions des Ordres d’Avocat, il est élu bâtonnier de son Ordre.

Attaché à la cause du patrimoine culturel, il prend à cœur à sensibiliser ses acteurs à la ressource qu’offre le droit encadrant cette matière et crée l’Association des Journées Juridiques du Patrimoine en 1998 avec six amis dont Patrick Bayon de la Tour, Noël  Mouré et le bâtonnier Jean-René Etchegaray. Il organise en qualité de président plus de dix colloques au Sénat aux côtés de Philippe Richert, déclinant les problématiques juridiques selon une approche interdisciplinaire et interministérielle, sans se priver des apports du droit comparé européen. L’Association a joué un rôle important dans la création du Groupe des Sept associations reconnues d’Utilité publique en ce domaine, désormais bien connu sous le vocable de G7 Patrimoine.

Le bâtonnier de La Bretesche, devenu avocat honoraire, a été appelé par Kléber Rossillon au poste de secrétaire général de la FNASSEM qu’il présidait alors. La FNASSEM ayant fusionné avec la Ligue Urbaine et Rurale par un décret de 2013, il en est devenu président-délégué, puis président en 2015. Par cet engagement intensif de deux décennies, Alain de la Bretesche a contribué à nourrir la réflexion collective sur nos dispositifs de protection du patrimoine dans l’ambition d’en améliorer la pratique.