Vous avez dit lobbyistes ?
Suis-je un lobbyiste, es-tu un lobbyiste, est-il un lobbyiste, sommes-nous des lobbyistes…
La question est délicate :
Selon Nicolas Hulot, la Fédération de la Chasse n’est pas un lobby, mais Monsieur Coste son conseiller si.
Aux yeux de ses amis, la fondation Nicolas Hulot n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais un lobby !
Pour la fédération des énergies renouvelables (les entrepreneurs éoliens), l’association que je préside et toutes celles qui œuvrent pour la protection des paysages sont des lobbys, mais elle-même qui bien sûr défend des « intérêts économiques légitimes » ne l’est pas.
La FNSEA est elle un lobby quant elle fournit aux parlementaires des « amendements clés en main » pour introduire dans la loi l’autorisation de l’épandage par drone de pesticides ; et les ONG qui s’y opposent tels WWF et Greenpeace ne le seraient pas. Selon monsieur Matthieu Orphelin, tête de pont du ministre d’Etat sortant au Parlement : « ce n’est pas la même chose ».
Les associations anticorruptions veulent que toute intervention des groupes d’influence soit transparente, mais elles se défendent d’être des groupes de cette nature.
Le père Grosjean du diocèse de Versailles, apprenant que l’obligation de s’inscrire sur le registre ad hoc risquait de toucher les cultes, a déploré que l’Église et les marchands de tabac soient mis sur le même rang.
Finalement la loi Sapin II qui exige l’inscription des « représentants d’intérêt » sur un registre tenu par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique est applicable. Et oui : il y a eu 1616 inscriptions…Par exemple le Medef a déclaré avoir rencontré au cours de sa récente université d’été deux parlementaires nommément désignés.
Tout cela n’est-t-il pas d’une parfaite escobarderie et le lobbyiste n’est-il pas tout simplement l’autre, celui que l’on combat ? Tandis que l’intérêt général est celui que l’on défend contre l’autre.
Selon les bons dictionnaires, le lobby est un mot anglais qui signifie couloir. Vers 1830 il désignait celui qui menait à la salle des séances de la Chambre des Communes et qui était le lieu où les groupes de pressions rencontraient les honorables membres du Parlement.
Nous avons un nouveau ministre de la transition écologique : je ne connais pas le bureau de son prédécesseur pour n’y avoir jamais été convié. Sans doute parce que j’étais un infâme lobbyiste ;
J’espère que Monsieur de Rugy ne me condamnera pas à rester dans le couloir. J’ai deux ou trois choses à lui dire sur notre conception de l’intérêt général.
Alain de La Bretesche,
Président de Patrimoine-Environnement