Réserves et inquiétudes quant à la rénovation du Musée de Picardie
Les projets de rénovation du Musée de Picardie orchestrés par les architectes Frenak et Jullien ne sont pas au gout de la Société des Antiquaires de Picardie, à l’origine de la construction du musée à Amiens en 1855.
Un monument classé nécessitant une importante restauration
Précieux témoignage historiques (il s’agirait du plus ancien musée français construit spécifiquement pour cette fonction), le Musée de Picardie est un bâtiment classé en totalité au titre de Monuments Historiques depuis 2012. Sont désormais protégés à ce titre l’ensemble des bâtiments et des murs de clôture (y compris la cour d’honneur, le portail, les grilles, et enfin les bassins). Les façades, les toitures, et les peintures murales de Puvis de Chavanne en particulier font la fierté des amiénois.
Alors que des travaux de restauration sont en cours depuis 2007 (l’installation d’un ascenseur notamment), l’édifice devrait bientôt bénéficier de travaux de remise en état plus globaux ainsi que de la construction d’une extension pour accueillir les services du musée, orchestrée par les architectes Frenak et Jullien. La nécessité de restaurer et d’agrandir le bâtiment pour améliorer la présentation des collections et l’accueil du public met tout le monde d’accord. L’accord se rompt dès que l’on s’attarde sur les maquettes du projet retenu en 2012 par Amiens Métropole, le maître d’ouvrage. La Société des Antiquaires de Picardie parle de dénaturation d’un monument classé. Plusieurs éléments du projet sont incriminés.
Les principaux points noirs :
- Les grilles, que la Société des Antiquaires de Picardie a déjà secourue en 2012. Elles devaient être supprimées, elles seront finalement modifiées afin de devenir coulissantes.
- La cour d’honneur, dont les deux bassins sont aujourd’hui masqués par des planches, qui, selon le projet du cabinet d’architecture Frenak et Jullien, devrait accueillir un jardin d’eau miroir qui « convoque en un même plan l’eau, le ciel, les exèdres, la façade du musée, ses lumières, pour une nouvelle lecture du lieu » expliquent les concepteurs.
- La terrasse, le long de la façade du musée, qui supprimerait les marches de l’entrée.
Un projet alliant XIXe et XXe siècle
Désormais, l’accueil du musée se fera du côté de la rue Puvis-de-Chavannes grâce à la création d’une deuxième façade plus contemporaine, reliée par une parcelle à la façade historique. La Société des Antiquaires de Picardie n’y voit pas d’inconvénient et salue « une circulation respectueuse des spécificités de chaque époque, entre le XIXe siècle (à l’est) et le XXIe siècle (à l’ouest). » En revanche, les destructions de la cour d’honneur et des murs de clôtures sont à leurs yeux inacceptables. Ils appellent à restaurer la cour d’honneur dans son état d’origine afin de garantir la cohérence des lieux avec les autres monuments de la rue (hôtel de la Préfecture, Bibliothèque municipale, Banque de France).
A l’origine de la création du musée, la Société des Antiquaires de Picardie souhaite le respect des lignes architecturales de ce monument afin de préserver la valeur de ce patrimoine relativement bien conservé.
En savoir plus :
- Lire l’article (du 26 mars 2013) de Didier Rykner sur La Tribune de l’art
- Se renseigner sur le portail de la ville d’Amiens…
- … et sur le site de La Société des Antiquaires de Picardie
- Se tenir au courant des activités de la SAP par Facebook
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