Le reliquaire du coeur d’Anne de Bretagne a été volé !

C’est la nouvelle qui a fait le tour de la communauté des amoureux du patrimoine ce week-end : le reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne a été volé à Nantes, dans la nuit du 14 au 15 avril. Ce chef-d’oeuvre de l’orfèvrerie est avant tout une partie de l’histoire de France, dont tous déplorent la disparition. Une enquête est actuellement en cours pour tenter de remettre la main sur l’artefact et ses voleurs…

 

Le reliquaire du cœur d’Anne de Bretagne

Réalisé en 1514, sauvé de la fonte après la Révolution, conservé au Musée Dobrée de Nantes depuis 1886, le reliquaire d’Anne de Bretagne est un véritable morceau de l’Histoire de France. La duchesse de Bretagne et reine de France Anne de Bretagne voulait que son cœur repose à Nantes, sa ville natale et auprès de ses parents, sachant que son corps serait inhumé dans la basilique royale de Saint-Denis. C’est suite à cette décision que le reliquaire a été réalisé : d’une quinzaine de centimètres de haut, c’est un réceptacle de forme ovale surmonté d’une couronne d’or. L’inscription sur la face photographiée ci-dessous est la suivante :

 » En ce petit vaisseau
De fin or pur et munde
Repose ung plus grand cueur
Que oncque dame eut au munde
Anne fut le nom delle
En France deux fois royne
Duchesse des Bretons
Royale et Souveraine. »

A picture shows the solid gold casket which contained the heart of the French queen Anne of Brittany, exposed by the castle of Blois, central France, as part of the commemoration of the 500th anniversary of her death, on March 21, 2014. The casket is a 500g heart-shaped box, consisting of two valves of gold with a guilloche plate held by a cord of gold. A golden crown composed of a mix of lily flowers and shamrocks is set on top of the casket. The inscription, in old French, reads : "In small vessel / pure fine gold and world / lies a bigger heart / that oncques (= never) lady had the world / Anne was the name of her / in France twice Queen / Duchess of Brittany / Royal and sovereign / 1513. " AFP PHOTO / GUILLAUME SOUVANT / AFP PHOTO / GUILLAUME SOUVANT

GUILLAUME SOUVANT / AFP PHOTO

L’objet est d’une rareté et d’une fragilité telle que depuis son entrée dans les collections du Musée Dobrée, il est rarement prêté. Parmi ses derniers voyages, on compte l’exposition « Anne de Bretagne, une histoire, un mythe » au château des Ducs de Nantes en 2007 ; l’anniversaire des 500 ans de la mort d’Anne de Bretagne où le reliquaire voyagera aux châteaux de Nantes, de Blois et au Musée de Bretagne à Rennes. Il était exposé ce week-end dans le cadre de l’exposition « Voyage dans les Collections ».

Émoi dans la communauté scientifique

Le reliquaire d’Anne de Bretagne n’est pas la seule pièce à avoir été dérobée ce week-end : on trouve aussi une statuette hindoue dorée (fin XIXème – début XXème siècle), et plusieurs pièces médiévales frappées à l’époque d’Anne de Bretagne. Le point commun entre ces pièces étant qu’elles sont toutes en or, cela fait craindre le pire concernant leur avenir : elles pourraient être fondues. D’autant plus que le cœur d’Anne de Bretagne est invendable, sa valeur étant inestimable.

L’enquête a été confiée aux mains de la brigade criminelle de l’antenne de police judiciaire de Nantes, des enquêteurs de la direction centrale de la PJ et de l’OCBC (Office Central de lutte contre le Trafic de Biens Culturels). Un comité d’associations s’est même proposé pour faire de la médiation entre les voleurs et la police. Ne reste plus qu’à espérer que l’oeuvre soit retrouvée avant que les voleurs aient eu le temps de commettre l’irréparable, et que le cœur d’Anne de Bretagne puisse regagner sa ville natale.