L’ancienne usine de parfum L.T. Piver à Aubervilliers, transformée en résidence d’artistes pendant deux ans
À Aubervilliers (93), un nouveau tiers-lieu* voit le jour : L’ancienne usine de parfum L.T.Piver, site appartenant à la Société de la Tour Eiffel, va accueillir une résidence d’artiste Poush, pendant deux ans, dès le mois d’avril.
Histoire du lieu
L’enseigne L.T Piver, anciennement connue sous le nom A la Reine des Fleurs (fondée par Michel Adam) est une grande référence de la parfumerie française. Dès 1774 , elle s’impose comme fournisseur officiel de la cour de Louis XVI. Par la suite, l’entreprise, prenant un essor considérable, crée ses succursales à l’international. À Paris, l’usine de fabrication et de traitement de fleurs à Aubervilliers, se spécialise dans la production de produits cosmétiques dès 1926. Cette année-là, on compte près de 1500 ouvrières qui travaillent et produisent plus de 50 tonnes de produits par jour.
Le bâtiment est conçu par des architectes de renom : Georges Roussi, deuxième Second Grand prix de Rome et architecte du campus actuel de Paris de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers, accompagné de son gendre jacques Bonnier (fils de Louis Bonnier, architecte en chef de la ville de Paris). Avec un certain rationalisme architectural, l’architecte laisse visible les structures et fait le choix d’utiliser du ciment et des briques polychromes.
Le site est acquis en 1999 par la Société de La Tour Eiffel, une entreprise foncière, qui, pour la première fois depuis 20 ans, va signer un contrat d’occupation temporaire avec un organisateur culturel Manifesto, pour la création d’un Tiers-lieu innovant et artistique dans la banlieue parisienne.
Un tiers-lieu artistique
À partir d’avril 2022, l’opérateur culturel Manifesto installera dans cette ancienne usine la résidence d’artistes Poush, pour une durée de deux ans. Résidant jusqu’alors dans des anciens bureaux de Clichy, transformés en ateliers sur 9 étages, à la Porte Pouchet, le groupe culturel vient de nouveau reconsidérer le bâti existant comme matière à usage.
France Tiers-lieux avait défini ce concept comme lieu de développement des liens sociaux et professionnels, avec la création d’un écosystème de personnes pouvant se rencontrer et échanger autour de l’art et de la culture.
Dans ce cas, le bâtiment conserve son aspect historique et offre en même temps aux artistes la chance de pouvoir utiliser et exploiter un espace d’une grande envergure. Les artistes, tant émergents que confirmés, auront la possibilité d’installer du matériel plus conséquent, d’offrir un espace d’expérimentations et d’exposition, de débats, et d’un véritable accompagnement professionnel.
D’autre part, accueillir cette résidence d’artiste pendant 24 mois, c’est aussi l’occasion de redynamiser culturellement et artistiquement le quartier, par le biais de création de projets coopératifs, collaborer avec les élus locaux, créer des projets avec les scolaires, élaborer des projets urbains, proposer des expositions publiques. En somme, créer une médiation et une vie culturelle dans le quartier.
Finalement, il s’agit d’un bel exemple de bâti ancien réemployé. Par ses actions, le groupe Manifesto entend réhabiliter et recycler le patrimoine bâti, en donnant une chance à un édifice de renaître tout en permettant aux artistes de s’exprimer dans un lieu dédié.
Plus d’informations : https://www.poush-manifesto.com/
*Définition du Tiers-lieu selon France Tiers-Lieux : » Un tiers-lieu est une démarche collective d’intérêt général, qui s’inscrit dans la coopération territoriale dès sa conception. Par nature uniques, ils sont non réplicables. Ils émanent d’un collectif d’acteurs, qui ensemble souhaitent créer de nouvelles dynamiques économiques ou sociales en réponse aux enjeux de leur territoire. »
Pour plus de détails :
L’article Tiers-lieux : Nouvelle pratique Patrimonial, par Ophélie Deyrolle, présidente et co-fondatrice du projet de la Grande Halle sur le plateau de Colombelles (Calvados), est à lire dans notre dernière revue Déconfinons enfin le Patrimoine !
Romane Borrell
Chargée de communication – Fédération Patrimoine-Environnement