L’âme de Saint-Leu-la-Forêt mise en péril par les politiques d’urbanisme

À la question « Pourquoi vous êtes-vous installés à Saint-Leu-la-Forêt ? », la réponse des habitants est presque unanime : pour son esprit village, le charme de ses meulières et sa proximité avec la forêt.

Saint-Leu-la-Forêt est située en plein cœur de la vallée de Montmorency, en lisière de forêt, et malgré sa proximité avec Paris, elle a su préserver son authenticité et ses allures de « bourg de province ». Il n’y a qu’à se balader sur les coteaux de la ville, se perdre dans ses innombrables sentes ou juste flâner dans l’un de ses quartier de jolies meulières pour se sentir un peu hors du temps et loin du stress de la ville.

Depuis plusieurs années malheureusement, la politique d’urbanisation de la commune laisse le champ libre à des promoteurs peu scrupuleux du bien-être des riverains et du respect de la nature. Petit à petit, le Saint-Leu que nous connaissions et auquel nous étions si attachés, disparaît, meulière par meulière et arbre par arbre.

Un nouveau projet doit voir le jour, à l’angle des rues Gambetta et Louis-Blanc, face à la gare et en plein cœur d’un quartier de jolies meulières. Comme la très grande majorité des projets de la ville, il a été lancé sans aucune concertation avec la population et il aura fallu l’affichage du permis de construire au mois de septembre, pour que les riverains aient enfin connaissance de ce projet dans son intégralité, à savoir la construction d’un immeuble de 56 logements, d’une salle de spectacle et de deux commerces. La réaction est vive et immédiate : les riverains proches du projet, très en colère, soutenus par l’association ACSL, se regroupent alors avec la ferme intention de stopper ce projet. Au final, plus d’une quinzaine de recours gracieux sont formés auprès de la Mairie de Saint-Leu-la-Forêt.

Parmi les nombreux points de rejet de ce projet, figurent la destruction d’une meulière ainsi que l’atteinte portée à l’environnement avec l’abattage d’une vingtaine d’arbres.

En effet, l’élégante meulière aux volets bleus est prévue d’être démolie. À la place, c’est un gigantesque mur de plus 16 mètres de hauteur qui sera érigé. Pourtant, le PLU de la ville de Saint-Leu-la-Forêt est sensé protéger les meulières ; comme le précise l’article 6 : « La démolition d’un bâtiment en meulière est strictement interdite sauf en cas de délabrement du bâtiment ». Or, la meulière en question, en plus d’être toujours occupée, est en bon état et ne présente aucun signe de vétusté. Située au cœur d’un quartier de meulières, elle est à deux pas de la rue Louis-Blanc, elle-même protégée par le PLU de la ville car répertoriée comme élément remarquable.

Par ailleurs, les futures constructions tiendront lieu et place de l’actuel parking arboré, impliquant l’abattage de tous ses arbres ou presque, soit 21 au total. Quelle ironie… la ville qui s’enorgueillit d’avoir élaboré un Agenda 21, n’a aucun scrupule à condamner 21 arbres au profit d’un énième projet immobilier. À l’heure où la préservation de l’environnement devrait être au cœur de chacun de nos projets de ville, Saint-Leu-la-Forêt semble malheureusement naviguer à contre-courant.

Toujours aussi déterminés, les riverains du projet de la rue Gambetta ont introduit une requête devant le tribunal administratif le 27 janvier pour le faire stopper. Toutefois, cette procédure étant coûteuse, l’association ACSL a lancé un appel aux dons et à la solidarité, pour pouvoir les aider financièrement et leur permettre d’aller jusqu’au bout de la procédure.