La sauvegarde du centre historique de Conflans-Sainte-Honorine
Conflans-Sainte-Honorine est une commune de près de 35 000 habitants, située dans le département des Yvelines (78), à une trentaine de kilomètres de Paris. Depuis de nombreuses années, des associations et des collectifs conflanais se mobilisent pour la sauvegarde de leur cadre de vie menacé par une bétonisation effrayante.
Après des travaux sur les quais de Seine qui ont sacrifié 21 tilleuls centenaires pour permettre le stationnement des voitures et des cars de tourisme, c’est aujourd’hui le projet immobilier du centre-ville qui menace le patrimoine architectural et naturel.
Depuis 2016, le Maire de Conflans-Sainte-Honorine a souhaité « redynamiser » les abords de la Mairie et des rues commerçantes notamment par un réaménagement de la place où se situe l’Hôtel de Ville. Or un tel projet nécessite la destruction de deux bâtiments emblématiques de la Ville que représentent le Ciné.Ville, ancienne salle des fêtes de Conflans-Sainte-Honorine et les bains-douches. Cependant, par un arrêté du 12 février 2021, le Maire de Conflans-Sainte-Honorine a octroyé le permis de construire. Ce projet a suscité l’opposition de nombreux riverains, ainsi que de plusieurs associations de protection de l’environnement, du patrimoine et du cadre de vie.
Le projet, par sa situation, ses dimensions, son architecture et son aspect extérieur porte atteinte au caractère et à l’intérêt des lieux avoisinants principalement composés de petits bâtiments collectifs, de maisons de bourg, ou de maisons en meulière.
Son aspect compact et moderne est en totale contradiction avec les bâtiments que l’on peut trouver dans le centre-ville historique de Conflans-Sainte-Honorine proche de trois monuments historiques : la crypte de l’ancien prieuré, le donjon de la Tour Montjoie et l’église Saint-Maclou.
De plus, le projet prévoit l’abattage et le non-remplacement de plusieurs arbres de haute tige.
L’ensemble des requérants, riverains et associations, se sont alors regroupés sous l’égide de l’association nationale agréée d’utilité publique Patrimoine-Environnement et l’association départementale Sauvons les Yvelines, afin d’agir. Un recours devant le tribunal administratif a été déposé le 16 juillet 2021 afin d’annuler l’autorisation de permis de construire délivrée par arrêté le 12 février 2021.
Afin d’aider au financement des frais de justice et de préserver le centre ancien de Conflans, votre aide est sollicitée via une cagnotte HelloAsso.
Conflans est une bourgade médiévale fondée par les Montmorency sur l’éperon rocheux qui domine la Seine et son confluent avec l’Oise. Puis elle s’étend entre le prieuré, l’église Saint-Maclou, la Tour Montjoie, ses vignes, ses carrières, son chemin de halage. C’est au XIXe siècle, avec le développement de la batellerie, du chemin de fer et de la villégiature que la municipalité d’alors cherche à inscrire au creux de la Tour et du Prieuré et à l’abri des crues, un « centre de gravité » * pour ce qui devient un gros bourg, puis une ville.
Aujourd’hui, le « projet de rénovation du centre-ville » situé dans le périmètre des Monuments Historiques, prévoit la destruction de cet espace public majeur, composé dans l’entre-deux-guerres pour créer une centralité forte : l’escalier central marque l’axe entre l’ensemble mairie-écoles d’une part et de l’autre la salle des fêtes, les bains-douches et la poste. L’ensemble dialogue avec la composition d’un escalier monumental plus ancien sur le versant opposé et donnant accès au Parc du Prieuré.
Les Conflanais se sont mobilisés contre la fermeture et la désaffectation des bains-douches et contre celles du cinéma, ancienne salle des fêtes, qui constitue l’élément le plus emblématique. L’édifice fut construit en 1927 (sur les plans des architectes H. Bénard et A. Defour) selon une technique innovante à l’époque : la voûte est formée d’un voile de béton armé. Transformée en cinéma baptisé L’Atalante en référence au film de Jean Vigo qui évoque la batellerie dont Conflans-Sainte-Honorine est la « capitale », le cinéma devenu Ciné.Ville, labellisé Art et Essai, a cessé son activité en décembre 2017, suite à la décision de la municipalité qui a prétexté des travaux de mise en conformité largement surestimés. En 2018, au lendemain des Journées du Patrimoine, le conseil municipal a voté sa démolition, au mépris des Conflanais attachés à ce lieu de souvenirs (une pétition a réuni près de 5000 signatures), qui souhaitent que sa fonction soit pérennisée et élargie à d’autres missions culturelles et que le centre-ville garde son âme et ses équipements publics.
Le collectif a plaidé auprès de l’architecte des bâtiments de France pour la sauvegarde de l’édifice et pour défendre son intérêt architectural et patrimonial, le projet d’urbanisme dans lequel le bâtiment est inclus et son rôle dans l’aménagement du centre-ville au début du XXe siècle, mais aussi la particularité exceptionnelle en Île de France de cette salle de spectacle, ayant conservé son activité d’origine depuis 90 ans. Alors que les architectes sont capables d’intégrer le patrimoine historique dans des créations contemporaines, la réhabilitation des bâtiments n’a jamais été étudiée : seule la meulière d’angle est «conservée» sur les plans, sous la forme d’un pastiche faisant office d’entrée de parking.
Le projet prévoit également la disparition d’un groupe d’arbres bientôt centenaires qui font partie intégrante de la composition urbaine imaginée au début du XXème siècle, offrant une agréable halte à mi-hauteur de pente et abritant de la chaleur les passants pendant la saison chaude. Il sera évidemment impossible de les remplacer du fait des constructions de parkings en sous-sol. Par ailleurs, l’étude d’impact au titre du Code de l’environnement a été évitée par une dispense préfectorale, alors qu’on peut observer les continuités floristique et faunistique entre les arbres présents sur le versant concerné et ceux du parc du Prieuré.
C’est la raison pour laquelle une nouvelle pétition a été initiée et une antenne locale du GNSA (Groupe National de Surveillance des Arbres) a été créée. Tout le monde sait maintenant que pour faire face à des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, il est essentiel de préserver les espaces végétalisés car ils contribuent à rafraîchir naturellement les villes. Au contraire, en détruisant ces îlots de fraîcheur, la minéralisation des places renforce le phénomène de surchauffe. C’est pourquoi d’autres solutions d’aménagement doivent être étudiées car il est possible de transformer et de moderniser sans détruire, en réduisant les coûts et les impacts environnementaux.
Comme le préconisait le commissaire-enquêteur dans son rapport, une consultation locale sur ce projet d’envergure qui menace le cadre de vie des Conflanais et Conflanaises est souhaitée. C’est pourquoi les associations Patrimoine-Environnement, Sauvons les Yvelines ont formé un recours contentieux avec le soutien de Maisons Paysannes des Yvelines et sollicitent le vôtre pour financer les frais de justice
*cf Roselyne Bussière, Conflans-Sainte-Honorine – Terre de Confluences