Démolition du casino de Sion-sur-l’Océan
Dans la station balnéaire de Sion-sur-l’Océan à Saint-Hilaire-de-Riez, en Vendée, le maire Laurent Boudelier veut détruire l’emblématique casino de 1903.
Sa destruction s’inscrit dans une ambition plus importante puisqu’il est question de transformer la place Gaston-Pateau, place au centre de laquelle se trouve le monument.
Histoire du casino
Au début du XXe siècle, Sion est une station balnéaire emblématique avec un casino, des hôtels réputés et quelques villas en bord de mer, située sur ce que l’on appelle «la Corniche vendéenne», une côte rocheuse de 3 kilomètres de long à partir de St-Gilles-Croix-de-Vie en allant vers le nord.
Le casino, caractéristique de l’architecture balnéaire, a connu plusieurs vies : hôtel, casino, accueil de colonies de vacances, salle communale…
L’histoire commence donc en 1903 lorsqu’un maitre d’hôtel parisien, Eugène Guiltat, fait construire le Grand Hôtel des Pins et de l’Océan.
Avec une surface de près de 800m², le corps principal de l’hôtel, face à la mer, prend une forme de H sur deux étages. A l’arrière, deux ailes viennent se joindre à l’ensemble.
Côté mer, le toit de l’hôtel est alors agrémenté d’un pignon avec une charpente apparente. Toujours côtés mer, à l’avant du bâtiment central se trouve un préau dont la couverture est soutenue par des poteaux de bois avec des supports en croisillons. L’hôtel-casino promet alors d’être charmant.
Malheureusement, deux ans plus tard, faute de succès, l’hôtel est déclaré en faillite et les biens des Guiltat sont mis aux enchères.
L’hôtel changera successivement de propriétaires et durant la guerre il sera réquisitionné par les troupes allemandes, comme tous bâtiments de la côte.
Il sera finalement racheté en 1960 par le maire de St-Hilaire et dès 1963, un projet de destruction est déjà envisagé : soit on le détruit, soit on loue le rez-de-chaussée pour y installer un café dancing.
A une voix près le bâtiment ne sera pas détruit, mais pour l’aménagement du dancing, le préau en bois fût remplacé par un bar couvert en dur. C’est le début de la transformation progressive du bâtiment qui lui fera perdre tout son charme d’antan.
En 1965, la « Maison des Jeunes et de la Culture » s’installe au 1er étage et le rez-de-chaussée abrite une bibliothèque, une salle des fêtes et une salle de réunions.
En 1975, la municipalité fait refaire la toiture et le fameux pignon côté mer est détruit, les épis de faitages supprimés. Par ailleurs, les deux ailes arrières qui lui donnaient son plan en H sont remplacées par un parking, qui par la même occasion, a détruit les jardins de l’hôtel-casino.
Malgré tout, l’hôtel-casino garde en mémoire une architecture balnéaire vendéenne typique et uniforme, formant un ensemble cohérent avec les autres bâtiments touristiques de la côte tels que l’hôtel Frédéric, l’îlot Jeanne d’Arc et quelques villas du bord de mer.
A plusieurs reprises la municipalité a manqué de peu de faire perdre à Sion son identité si précieuse. A chaque fois la raison l’a emportée pour continuer de faire vivre ce patrimoine.
Et pourtant…
L’avenir de l’ancien casino une nouvelle fois menacé
Aujourd’hui encore, la municipalité menace le bâtiment. Le maire justifie la destruction pour cause de vétusté, de dangerosité et de travaux trop onéreux pour réhabiliter l’édifice, alors même qu’aucun devis n’a été fait…
En effet, il n’y a pas de diagnostic structurel complet du bâtiment et le maire se base sur une étude de salinité du bâtiment effectuée en décembre 2015. Il est pourtant précisé en introduction que « cette étude est en aucun cas une étude structurelle du bâtiment ou financière ».
De plus, aucune d’étude financière pour déterminer le coût de la démolition, et le coût d’une restauration totale ou partielle n’a été faite.
Des expositions, des mariages et d’autres événements ouverts à un large public étaient pourtant encore organisés dans le bâtiment jusque très récemment. Il est totalement fonctionnel !
Si le bâtiment était réellement sur le point de présenter un risque, des signes ne tromperaient pas. Or ce n’est nullement le cas puisque aucune fissure n’est constatée, la toiture est en bon état, les murs sont d’aplombs, etc.
Enfin, le maire n’a pas demandé conseil au CAUE alors que pour ce type de bâtiment public, leur avis aurait été judicieux.
Le Collectif de défense du patrimoine balnéaire de Sion-sur-l’Océan se bat pour sa réhabilitation. A sa demande, la DRAC avait étudié la demande d’inscription au titre des monuments historiques mais sans succès, puisque le 6 décembre 2017, la demande avait été rejetée. Le casino avait néanmoins été repéré au titre du patrimoine d’intérêt local dans le PLU de Saint-Hilaire-de-Riez (voté le 17 janvier 2014).
Suite au non-classement, une délibération du Conseil Municipal a eu lieu le 15 décembre, et a autorisé le maire à déposer une demande de permis de démolir.
Qu’on se le dise, l’ancien casino ne menace nullement de s’écrouler, il est juste un obstacle aux projets futurs de la municipalité qui choisit donc la facilité en décidant de le raser !
Mais que dire de plus de ce projet ? Et bien pas grand chose puisque aucun plan sérieux n’a encore été défini sur cette place. On veut donc détruire le casino mais on ne propose rien à la place…
Une pétition adressée au maire de Saint-Hilaire-de-Riez, « Ne décidez pas seul de la démolition du bâtiment emblématique de notre station balnéaire », est en ligne et cumule près de 1500 signatures.