Chers amis de la société civile…


Chers amis de la société civile,

IMG_3996Qu’est-ce que la société civile ? Ne cherchez pas dans les dictionnaires, considérons la définition qui est en train de s’imposer dans notre langue politico-administrative : la Société civile c’est l’ensemble des citoyens qui ne sont ni fonctionnaires, ni détenteurs d’un pouvoir politique, ni aspirants à devenir détenteurs d’un tel pouvoir.

Cet ensemble est organisé entre des milliers d’associations et des êtres rigoureusement indépendants.

Autrement dit : nous, que les barbouilleurs de messages nomment les « vrais gens » et l’article Sept de la Charte de l’environnement, « le public ». Nous sommes les gouvernés, nous sommes la société civile !

Notre géométrie est variable : un fonctionnaire, en rentrant chez lui, peut par exemple réintégrer le public et un homme politique battu se revendiquer d’une association.

Ce qui est certain, c’est que, de temps à autre, on nous crédite d’un peu de bon sens, de sentiments civilisés et de principes puisés dans notre histoire, familiale, locale régionale ou nationale.

Ce bon sens, cette identité (je me reconnais le droit d’employer le mot même si d’autres en font un usage détourné), ces principes, il nous appartient de les faire valoir aux décideurs administratifs ou politiques, le cas échéant avec une certaine force.

Nous vous demandons aujourd’hui de vous rappeler au bon souvenir des parlementaires dans une série de débats :

D’abord la loi dite « transition énergétique » : le public se moque un peu de savoir si le fameux mixe énergétique sera atteint en 2030 ou en 2035. Notre bon sens nous dicte l’idée que, d’ici-là, il y aura eu plus de quatre quinquennats, une dizaine de premiers ministres et, si cela continue comme depuis le début du dernier mandat présidentiel : au moins seize ministres de l’Ecologie. Il est donc parfaitement inutile et inefficace d’inscrire ce type de délai dans une loi.

En revanche, nous sommes totalement arc-boutés sur l’idée (exprimée dans le projet gouvernemental et modifiée très utilement par le Sénat) de statuer, pour après demain matin, sur le sort de nos façades, de nos pans de bois, de nos briques et de tout ce qui fait notre cadre de vie. C’est pourquoi nous demandons aux député(e)s d’adopter la position des sénateurs sur ce texte.

Egalement, même si dans le principe nous n’avons rien contre les éoliennes (on ne peut être contre une source d’énergie !), nous ne voulons pas que leurs mâts, leurs pales et leurs nuisances abiment nos paysages ; et nous ne voulons pas non plus être sous la coupe de l’argent sale qui se répand chez une partie de leurs promoteurs. Donc le texte voté par le Sénat qui porte de 500 à 1000 mètres la distance d’une maison à un mât nous paraît très raisonnable : n’écoutons pas ceux qui disent qu’ainsi toute la France sera privée d’éoliennes et veillons au bon sens.

Ensuite, puisque nous vous demandons de rencontrer vos parlementaires, merci d’aller voir vos sénateurs. Pour leur dire trois choses :

  • Dans la fameuse loi Macron il est question de légiférer par ordonnance pour savoir comment on consulte « le public », c’est-à-dire nous, les vrais gens, les associations : demandez-leur comment ils voient les choses et faites remonter les informations.
  • Ensuite, dans le projet dit biodiversité, il y a un article 69 qui parle des « sites inscrits ». Le gouvernement voulait les supprimer, l’Assemblée nationale les a rétablit : demandez aux sénateurs de faire consensus.
  • Enfin, une députée verte a obtenu le vote d’un amendement qui interdit la publicité sur les bâches qui protègent les travaux sur les monuments historiques. Nous, le public, nous pensons certes que cela peut être une gêne provisoire que de voir un parfum ou une montre sur une façade, mais nous sommes de « bons pères de famille » et si ce provisoire permet de financer dans des proportions très importantes les travaux qui nous permettront pendant soixante ans de voir de belles façades, nous sommes raisonnablement pour.

On entend et on lit ces jours ci, cher « public », beaucoup de philosophes talentueux qui nous disent que nous sommes morts, que la civilisation s’effondre et qu’il ne nous reste, disait l’un d’eux cette semaine, « qu’à rester debout et à mourir dignement ».  Il est vrai que cela peut avoir de l’allure, mais je ne suis pas sûr que nous ayons, pour le quart d’heure, les moyens de cette dignité-là : en attendant la fin, « travaillons, prenons de la peine et faisons nous entendre ».

C’est ce à quoi Patrimoine Environnement invite la société civile.

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Alain de la Bretesche

Président-délégué de la Fédération Patrimoine-Environnement
Président de la COFAC (Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication)
Administrateur de la CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’
Europa Nostra