A l’Ouest du nouveau ?
Il y a quelques mois, nous titrions « Quel vent souffle sur les Yvelines ? ».
Quelques mois plus tard, force est de constater que ce mauvais vent souffle toujours et s’étend même à tout l’ouest de la capitale. Viroflay, Saint-Germain-en-Laye, Louveciennes, Bougival, et maintenant Marly-le-Roi. Le scénario est à peu de choses près le même.
A Saint Germain en Laye, un passage du projet de Tram-Train en commission nationale des Monuments Historiques rassure les participants : la SNCF a juré ses Grands Dieux par écrit, que la perspective et les alignements d’arbres qui mènent au Château de Saint Germain ne seraient pas touchées.
Quatre années plus tard, la Municipalité de Saint Germain en Laye, la SNCF et le Ministère de la Culture, forts de l’approbation de la Commission Nationale des Monuments historiques, au mépris des protestations des associations, assurent que le projet a reçu l’assentiment de la CNMH. Or, le projet n’est pas celui qui avait été présenté à la CNMH. Confronté à la documentation, le chef de l’ UDAP des Yvelines ne se souvient pas bien. Le ministère de la Culture, se réfugiant derrière le vote, prétend qu’il ne peut pas revenir sur une décision prise en commission. Le ministère pour sa part dit « réfléchir » alors même que, non content d’avoir autorisé la coupe de près d’un millier d’arbres, 200 arbres supplémentaires seront coupés dans le parc du Château « pour des raisons techniques ». Rien n’y fait, pas même la réalisation que la fragile démocratie participative que sont les diverses commissions représentant la société civile en est affectée. Est-ce pour cela que les CRPA ont une grande difficulté à se réunir ou même à approuver leur règlement intérieur. En un an, une ou deux réunions des CRPA, pas plus. La plupart d’entre elles n’ont même pas encore approuvé leur règlement intérieur. Comme si l’urgence patrimoniale pouvait attendre ! Les citoyens reportent donc leur espoir sur la Mission Bern.
À Marly-le-Roi : un maire jusqu’à présent quasi-unanimement apprécié pour la protection patrimoniale du Marly ancien fait approuver un nouveau PLU qui autorise la destruction d’une bonne partie des bâtiments peints par Sisley autour de l’abreuvoir du château de Marly qui clôt le site vers la Seine, récemment restauré par un Architecte en Chef de renom. Surprise supplémentaire, certains de ces bâtiments sont encore occupés par leurs habitants qui n’en ont pas été informés, le tout sans la moindre concertation. A peine séchée l’encre de la signature de l’ABF ayant approuvé ce PLU, l’ABF est mutée.
À Louveciennes : la mairie, à l’issue d’une révision simplifiée du PLU, autorise la cession d’un terrain autrefois non-constructible au pied de l’Aqueduc. Sur ce terrain situé à moins de 80m de l’Aqueduc seront édifiés 180 logements. Le préfet des Yvelines, sans en référer à qui que ce soit, a décrété que les fouilles archéologiques ne seraient pas nécessaires. L’ABF, chef de l’ UDAP, a conclu que des bâtiments de 4 étages ne seraient pas visibles de l’ Aqueduc…car des arbres seront plantés pour cacher ces nouvelles constructions. Or il faudra entre 20 et 30 ans à ces arbres pour cacher ces bâtiments de piètre qualité architecturale. Nous sommes donc passés à un nouveau concept, celui d’absence de co-visibilité virtuelle !
Devant cette entreprise de déstructuration patrimoniale systématique, c’est peu dire que le Ministère de la Culture a abdiqué toute prétention à exercer ses prérogatives régaliennes. Qu’un élu quelque part fronce les sourcils, et il n’en faut pas plus au ministère pour se cacher derrière la création d’emplois ou un souci écologique quelconque pour autoriser n’importe quoi.
Faut-il désespérer ? L’annulation par le tribunal Administratif de Versailles du PLU de Bougival donne aux défenseurs du patrimoine quelques raisons d’espérer. Mais il existe aussi des fenêtres s’ouvrant sur des paysages plus sereins, et des acteurs qui ont développé des projets intéressants. Bonne lecture de ces récits plus agréables.
La lettre de Patrimoine-Environnement n’hésite pas à dénoncer, mais aussi à se réjouir quand il le faut.
Jean-Claude Gonneau,
Administrateur de Patrimoine-Environnement.