Urbanisme et patrimoine : la leçon d’histoire-géo de Sainte-Maure de Touraine
Comme suite au prix décerné pour son action en faveur du patrimoine et du paysage lors du Concours national des entrées de ville et de franges urbaines (28 octobre 2013), la commune de Sainte-Maure de Touraine a organisé le 19 décembre dernier une table-ronde intitulée : « Des enjeux du paysage et du patrimoine dans le développement des villes et des territoires. » Olivier Mignauw, administrateur de Patrimoine-Environnement et organisateur du Concours des entrées de ville, y était.
Le 19 décembre, Christian Barillet, maire de Sainte-Maure de Touraine, a convié des élus locaux d’Indre-et-Loire, les habitants et les différents acteurs autour des projets d’urbanisme et de valorisation du patrimoine de la ville lors d’une table-ronde présidée par Yves Dauge, ancien sénateur, maire adjoint de Chinon et conseiller auprès du Centre du patrimoine mondial : Martine Bonnin de la SPPEF, Jacques Guionnet de la Fondation du Patrimoine, Cécile Dublanche de l’association Villes au Carré, Adrienne Barthélémy, architecte des Bâtiments de France et moi-même, représentant Patrimoine-Environnement.
Nous avons visité une maison de village en partie troglodytique, transformée en Halte jacquaire – la restauration a été réalisée avec le concours de la Fondation du Patrimoine et a reçu un prix de la SPPEF. Dans le bourg ancien particulièrement riche en édifices remarquables, nous avons inauguré la nouvelle Maison du patrimoine, installée à la place de l’office du Tourisme, lequel a été transféré dans un bâtiment contemporain de la Communauté de communes.
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L’essentiel du débat a porté sur l’aménagement de la traversée de la ville par l’avenue de Gaulle, aménagement lauréat de la 13ème édition de notre concours « Entrées de ville et reconquête des franges urbaines ».
Le sénateur Dauge a conclu la table ronde sur l’importance de connaître l’histoire et la géographie de son site avant de concevoir un aménagement. Il a aussi insisté sur les différentes échelles des projets, allant de la parcelle au grand paysage.
Si les aspects « paysage » sont maintenant bien connus et pris en compte dans les projets candidats au concours, Mme Barthélémy (ABF) avait, par son intervention, réconcilié l’histoire avec la géographie de cet aménagement. Ce site est marqué par l’histoire de la « route nationale 10 ». Ces routes nationales ont créé de grands paysages au-delà des villes traversées. C’est aussi « une histoire de platanes », coupés dans les années soixante au profit de la voiture, dont la continuité a été rétablie par le projet, uniquement interrompue par les façades du bourg commerçant. Le passé historique de ce site est ainsi retrouvé et la ville l’a bien compris en créant un parcours de visite « nationale 10 » et en réhabilitant d’anciennes bornes routières, certaines fort étonnantes. La démarche patrimoniale de la ville qui s’exerce sur les édifices remarquables se poursuit ainsi autour de ce thème de la « route nationale 10 » conciliant avec bonheur urbanisme, patrimoine et cadre de vie.
Pour Mme Barthélémy, comme pour le sénateur Dauge, la contrainte, due à la restriction des moyens financiers que nous connaissons, est vertueuse en ce sens qu’elle oblige les acteurs à plus de réflexion et de travail sur tous les aspects du site : caractéristiques paysagères, biodiversité, économie (la redynamisation par les commerces), sécurité. Une belle leçon d’histoire et de géographie qui associe urbanisme et patrimoine.
La question que j’ai posée à Mr Barillet sur la nouvelle identité de ce lieu a ainsi trouvée une réponse au-delà de la seule réduction de la fracture que créait cet axe routier. Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de développer les raisons pour lesquels le jury a primé cette opération : dans ce projet, chaque point est traité avec une économie de moyens vertueuse ; il est le fruit d’une réflexion complète et d’une démarche de concertation qui en ont traité tous les aspects.
Bravo à Sainte-Maure-de-Touraine !
Olivier Mignauw