Une écologie politique dévoyée : vers la société de pénurie énergétique pour tous ?
La proposition de loi de monsieur Brottes « visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre et portant diverses propositions sur la tarification de l’eau et sur les éoliennes » a été votée en deuxième lecture par l’Assemblée Nationale après échec de la commission mixte paritaire. Elle sera examinée à nouveau par le Sénat les 13 et 14 février.
Les choses sont allées tellement vite que les Français n’ont pas eu le temps de réagir : ils vont donc découvrir vers 2015 (date de l’application de la future loi) un nouveau mode de vie qui n’est pas sans évoquer les cartes d’alimentation qu’ont connues nos parents et grands-parents pendant et après la dernière guerre.
Ainsi, chacun aura droit à un nombre d’unités énergétiques tellement précis dans sa définition technocratique qu’il deviendra un nouvel enjeu des luttes d’après divorce : il sera adapté à la garde alternée des enfants !
Nous expérimenterons également un « droit d’accès à l’eau » qui, dans les territoires concernés fonctionnera aussi selon le principe de répartition de la pénurie.
Nous sommes bien loin de la Déclaration de Kyoto, transposée dans la Constitution française par la Charte de l’environnement, selon laquelle l’homme doit être l’acteur de son propre environnement.
Ajoutons que la proposition de loi confirme la suppression des Zones de Développement Eoliens (ZDE) et laisse chacun d’entre nous face à l’appréciation arbitraire des préfets qui devront appliquer les schémas régionaux dans lesquels la notion même de paysage est inexistante dans la plus part des cas.
Il est grand temps de retrouver, comme nous le proposons, une conception de l’environnement qui, enracinée dans les leçons du passé, promette autre chose pour l’avenir que cette fuite en avant à laquelle personne ne comprend plus rien vers des objectifs impossibles à atteindre.
Le vrai tournant de civilisation auquel on peut aspirer, sera celui qui permettra l’adhésion du « public » défini par la convention d’Aarhus, à des choix écologiques et économes en énergie qui auront donné lieu à la « participation de ce public à l’élaboration des décisions » qui le concernent.
Au lieu de cela, en attendant que les tribunaux administratifs aient canalisé le considérable encombrement des recours qui leur attribuent, bien malgré eux, un nouveau gouvernement des juges : celui de l’énergie, faute de lois claires, les citoyens s’organiseront, comme toujours en ces périodes troubles, pour détourner des textes inapplicables.
Alain de La Bretesche
Président-délégué de la Fédération Patrimoine-Environnement
Président de la COFAC (Coordination des Fédérations des Associations de Culture et de Communication)
Administrateur de la Conférence CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’Europa Nostra