Une Cité internationale de la Tapisserie à Aubusson
Derrière son élégante façade parée d’une toile en grille polyester création contemporaine créée par la graphiste Margaret Gray, la Cité internationale de la Tapisserie, est à découvrir dès le 10 juillet.
Initié par le département de la Creuse, le projet était à l’étude depuis 1993. Le musée de la Tapisserie (installé en 1981 au sein du Centre culturel Jean Lurçat) étant devenu trop exigu, il fut d’abord question de l’agrandir, avant que ne soit prise la décision en 2006 de créer un nouvel équipement. Trois ans plus tard, l’inscription par l’Unesco de la tapisserie d’Aubusson sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité a donné un coup de fouet au projet. Dirigée par Emmanuel Gérard, la Cité de la Tapisserie a pris place dans l’ancienne École nationale d’art décoratif, un bâtiment de 1969 réhabilité par l’agence Terreneuve, retenue pour la qualité d’une proposition qui allait pourtant à l’encontre du cahier des charges. « La demande du concours de créer “une extension neuve contemporaine pour assurer à l’ensemble une nouvelle visibilité » nous semblait à côté du sujet. La conception du projet s’est donc attachée à inscrire l’ensemble des espaces de la Cité à l’intérieur de l’épure emblématique de l’école, moyennant un astucieux remaniement, plutôt que d’ajouter une extension […] qui risquait de mobiliser l’essentiel du budget fragile de cette opération », explique l’architecte Nelly Breton.
L’idée maîtresse était de travailler exclusivement avec des matériaux existant (poteaux, poutres, carrelage…) et de reprendre le bâtiment en sous-œuvre pour aménager un espace d’exposition sous ce qui était à l’origine un préau. En résulte l’immense nef des Tentures de six cents mètres carrés, cœur du nouveau parcours permanent. Chronologique, celui-ci déroule l’histoire de la tapisserie d’Aubusson du XVe siècle à nos jours, au gré d’une scénographie conçue par Frédérique Paoletti et Catherine Rouland. Le duo a imaginé une série de décors en trompe-l’œil (réalisés par l’entreprise Jipanco et Antoine Fontaine), qui évoquent l’esprit des époques traversées. L’objectif est d’immerger le visiteur dans le monde de la tapisserie, des fabuleuses Millefleurs du Moyen Âge aux créations modernes de Georges Braque, Jean Lurçat ou Marcel Gromaire, en passant par les chefs-d’œuvre des XVIIe et XVIIIe siècles (une Verdure fine aux armes du Comte de Brühl récemment acquise, dont le carton est inspiré des œuvres de Jean-Baptiste Oudry). Au-delà de ses riches collections (440 tapisseries et tapis, 15 000 cartons, 50 pièces de mobilier tissé, 600 broderies sarrasines…), la Cité de la Tapisserie se veut aussi un lieu vivant, ouvert aux jeunes talents, avec la mise en place d’un fonds régional pour la Création de tapisseries contemporaines, et l’invitation d’artistes en résidence.