Un patrimoine ancestral reconnu par la Convention européenne du paysage : l’art de la construction en pierres sèches
Le 23 juillet 2019, le Conseil de l’Europe publie un mémento (adopté le 7 mai 2019) « Vers des approches intégrées pour la surveillance du paysage » visant la mise en œuvre de la Convention européenne du paysage. Il reprend les conclusions du rapport « La pierre sèche dans le paysage, ancestrale et innovante pour des territoires durables » de Mme Claire CORNU, ayant pour objet la prise en considération des valeurs de la pierre sèche dans le paysage.
Cette reconnaissance européenne succède à une reconnaissance mondiale.
En effet, le 28 novembre 2018, le XIIIe Congrès intergouvernemental de sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO inscrit « L’Art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et techniques » sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’humanité. Ce dossier de candidature transnationale porté par la Croatie, Chypre, la France, la Grèce, l’Italie, la Slovénie, l’Espagne et la Suisse est un exemple de création d’un réseau communautaire. L’Irlande, l’Autriche, le Luxembourg et la Belgique souhaitent d’ailleurs s’y raccrocher dans une candidature dite d’agrégation.
Preuve d’un patrimoine ancestral fédérateur, ces techniques et savoir-faire ont su traverser les âges, perpétués de générations en générations. En France, le métier de murailler, spécialité de maçon du patrimoine est inscrit sur la Liste nationale des métiers d’art en 2016.
La pierre sèche, patrimoine vernaculaire, partie intégrante d’un paysage identitaire possède de nombreux avantages. Cette pierre “tout venant” bâtie à sec est un matériau économique et écologique. Cette maçonnerie ne nécessite aucun liant. Toutes les pierres d’un ouvrage sont alors réemployables ; qu’en est-il d’un mur en parpaings et en ciment ? Pas de déchets : un entretien régulier fait d’un mur en pierres sèches un ouvrage pérenne et durable. C’est pourquoi la Fédération française des professionnels de la pierre sèche préconise la mise en place de formations afin d’initier les prescripteurs tout comme les praticiens en charge de l’entretien de l’espace naturel, des routes, chemins, cours d’eau aux techniques de la pierre sèche.
Le bâti en pierres sèches influe aussi sur la biodiversité et l’équilibre du territoire dans lequel il se situe. En effet, murs, terrasses, chemins ou béals sont autant de structures qui luttent contre l’érosion, le ruissellement et les éboulements de terrain. Grâce à la non-utilisation de liant, les ouvrages en pierres sèches comportent des anfractuosités qui jouent un rôle drainant, primordial pour le maintien des sols et créant aussi un abri pour la biodiversité. Par exemple, la pierre, capable d’accumuler lentement la chaleur du jour et de la restituer la nuit, crée un microclimat sur les alentours proches, bénéfique aux espèces et aux cultures avoisinantes. Une faune et une flore s’y développent alors, contribuant à l’équilibre du territoire.
L’art de la construction en pierres sèches permet de se retrouver, de s’entre-aider et de coopérer, avec l’appui de professionnels. Avec cette nouvelle reconnaissance, ces professionnels souhaitent faire valoir d’autant plus leur savoir-faire, continuer à le mettre en valeur et le développer à travers les orientations actuelles afin de promouvoir un patrimoine ancestral bien vivant ; ce qui fait de la pierre sèche un patrimoine sans frontières intemporel.
En savoir plus
- Mémento contribuant à la mise en œuvre de la Convention européenne du paysage du Conseil de l’Europe – Vers des approches intégrées pour la surveillance du paysage
- Candidature pour l’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité « L’art de la construction en pierre sèche : savoir-faire et technique »