Un ancien pavillon de l’exposition universelle retrouvé dans les Hauts-de-Seine
C’est à La Garenne-Colombes (92) que se trouve le Pavillon Haïti-Hawaï, bâtiment datant de l’exposition universelle de 1889.
Construit à l’origine pour la république d’Haïti, il fut cédé avant l’ouverture de l’Exposition au royaume d’Hawaï. Après l’Exposition, il a été démonté puis reconstruit, déménagé et transformé en habitation privée.
L’histoire de ce bâtiment peu connu
Le pavillon a à l’origine été conçu par l’architecte Mr Bon pour la république d’Haïti, qui souhaitait participer à l’Exposition universelle de Paris en 1889.
Cependant, suite à des troubles politiques et des événements divers qui ont amené à la chute du président d’Haïti, le gouvernement haïtien a décidé d’annuler la participation du pays à l’Exposition et donc de se défaire du pavillon. L’édifice fut alors cédé au royaume d’Hawaï, qui y installa son exposition. On peut constater sur les plans généraux de l’Exposition universelle de 1889, que la cession s’est faite en dernière minute, car la plupart indiquent « Pavillon d’Haïti » au lieu de « Pavillon d’Hawaï ».
Le changement d’affectation d’Haïti à Hawaï est réalisé à moindre frais en camouflant les éléments propres à la république d’Haïti : le cartouche « Haïti » mais aussi les bonnets phrygiens, puis en rajoutant les armes du pays sur un fronton ainsi qu’un panneau « Hawaï » au-dessus de la porte. Les gravures de l’époque, contrairement aux plans, indiqueront correctement « Pavillon d’Hawaï » ou parfois « Pavillon des Iles Hawaï ».
A la fin de l’Exposition universelle, le pavillon est démonté, puis remonté à La Garenne Colombes, 13 rue des Buissons (aujourd’hui rue Auguste Buisson). Le panneau en céramique nettoyé indique de nouveau « Haïti » et le lien avec le pavillon d’Hawaï représenté dans les publications se perd. Le pavillon n’est par exemple pas listé dans « Les vestiges des Expositions Universelles à Paris et en Île-de-France » ni dans le livre de référence « Sur les traces des expositions universelles, Paris 1885-1937 ».
Son décor en céramique est remarqué en 1991 et une fiche est créée dans l’Inventaire général du patrimoine culturel d’Île-de-France, mais le lien avec le pavillon d’Hawaï n’est pas fait. Il est ensuite inscrit sur le plan local d’urbanisme comme bâtiment d’intérêt patrimonial, mais ne bénéficie pas d’autre protection.
L’origine du pavillon redécouverte
C’est un habitant de Courbevoie, passionné de patrimoine, qui a découvert et identifié ce bâtiment original, mais qui passait inaperçu. Philippe Le Port, qui est tombé par hasard sur le pavillon, explique : « En mars dernier, je suis venu acheter des livres sur Leboncoin et je suis passé dans la rue Buisson à vélo. J’ai pris des photos en me disant tiens, il a des céramiques sympas, je les montrerai à Françoise. Et puis j’ai oublié. » En août, Philippe Le Port retombe sur ses clichés et les envoie à Françoise Mary, experte et passionnée par la céramique architecturale. Ce qui intrigue notamment les deux complices, c’est l’inscription « Haïti » au milieu des majestueux panneaux de céramique peinte. Françoise Mary explique que « Le style du motif de la faïence excluait l’exposition de 1900 car il ne comporte pas d’art nouveau. Et sur le cadastre à La Garenne, l’emplacement était inoccupé avant 1892. La présence du bonnet phrygien faisait pencher pour celle de 1889, centenaire de la Révolution française. »
Philippe Le Port et Françoise Mary entament alors de longues recherches pour en savoir plus sur cette habitation et découvrent alors qu’il s’agit bien d’un pavillon datant de l’époque de l’Exposition.
D’après Philippe Le Port, le propriétaire actuel « aspire à continuer à y vivre tranquillement et nous respectons sa volonté. » Il explique aussi sa volonté de faire connaître ce bâtiment historique à un maximum de monde pour le protéger afin d’éviter qu’un jour, il puisse être rasé par un promoteur.
La découverte du pavillon par Philippe Le Port et Françoise Mary est relayé par le Parisien (article du 2 Janvier 2019) et repris par la presse et la radio nationale.