Tribune d’Alain de la Bretesche, président de Patrimoine-Environnement dans le dossier spécial de la Demeure Historique
La Fédération Patrimoine Environnement remercie chaleureusement la Demeure Historique d’avoir sollicité notre président, Alain de la Bretesche pour rédiger une tribune intitulée « Les communes françaises en perte d’identité ? » dans son dossier spécial » Les maires face au patrimoine, quels engagements ? ».
La tribune a été retranscrite ci-dessous :
« La génération à laquelle j’appartiens a vécu dans la critique permanente de toutes sortes de commentateurs, à propos du nombre très élevé (36 000) des communes françaises issues des paroisses de l’Ancien Régime et du découpage révolutionnaire.
Nous regardions avec envie les réformes auxquelles se livraient nos voisins européens. Après avoir longtemps hésité, la France a créé quantités de lois confuses aboutissant à la radicalité la plus grande : nous avons (hors métropoles et hors environ communautés urbaines) 1001 intercommunalités !
Le dernier projet de loi, actuellement en discussion devant le Parlement, propose un toilettage homéopathique. Les petits maires seront mieux rémunérés, ils seront assurés contre les procès, et la crèche de leur progéniture sera prise en charge pendant les longues réunions de l’intercommunalité…
Mais le sentiment profond, c’est une perte considérable d’identité. Qui est capable de dire le nom de la nouvelle entité où il habite : Blavet, Bellevue Océan, Roi Morvan, Pays de Rouffach, Vignobles et Châteaux ? Dans les 160 communes du Pays basque aujourd’hui réunies autour de Bayonne, il y a 160 églises au milieu d’un village : combien demain ?
C’est la communauté de communes qui dispose de la compétence touristique la plus vaste, celle qui permet la création des zones dans lesquelles on investira. Certes, une commune qui estime que son patrimoine protégé est insuffisamment traité pourra opérer un retrait partiel mais avec quel argent ?
Les plans locaux d’urbanisme intercommunaux (PLUI) décideront de la politique des paysages. Les chemins pour se rendre au bourg, ne seront financés par « l’interco » que s’ils sont « d’intérêt intercommunal ». Certes, la nouvelle loi impose un conseil des maires ; mais s’il y a soixante maires dans ce conseil, qui aura le dernier mot ?
Les villes centres dont nous rencontrons les élus qui supportent la charge du site patrimonial remarquable, trouvent que leurs villes sœurs profitent de la situation mais sont peu enclines à partager les coûts.
Les Allemands, tout en saluant l’efficacité économique de leurs réformes, constataient que les populations estimaient que l’on avait porté atteinte à la proximité des citoyens et des pouvoirs… Comme d’habitude, nos études d’impact ont laissé beaucoup de trous dans la raquette !? »
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