Transition énergétique et fin des maisons à colombages ?
Le projet de loi « Transition énergétique », adopté par l’assemblée nationale le 14 octobre 2014 en première lecture, menace le bâti traditionnel partout en France… Le projet de loi « pour une croissance verte » prévoit que des travaux d’isolation des façades soient obligatoires lors du ravalement de celles-ci. En Alsace, le projet suscite de grandes inquiétudes de la part des défenseurs des maisons à colombages qui craignent pour leur patrimoine bâti local (et pour l’aspect visuel du colombage).
La loi doit encore être examinée par le Sénat avec un éventuel arbitrage en commission paritaire – (mais) les associations demandent d’ores-et-déjà une modification du projet : le projet de loi ne faisant pour l’instant aucune distinction entre les différents types de maison.
Ainsi, l’Asma (association pour la sauvegarde de la maison alsacienne) et Maisons Paysannes de France réclament un amendement pour écarter les immeubles anciens de l’obligation d’isoler leurs façades. Le Conseil National de l’Ordre des Architectes (CNOA) abonde dans le même sens…
Focus sur l’Alsace :
Selon l’Asma, la maison à colombages, assemblage de pierres et de poutrages en bois, pourrait être menacée par l’obligation imposée aux propriétaires d’isoler leurs façades pour réduire les déperditions d’énergie : l’utilisation de matériaux d’isolation synthétiques, tels que le polystyrène ou la laine de verre, empêcherait la respiration des maisons en bois et pierre qui risqueraient de pourrir.
« Nous ne sommes pas contre l’économie d’énergie. Mais il y a des cas où il y aura des limites. Ce que les décrets peuvent nous apporter en matière de protection nous laisse sceptique… Nous proposons d’exclure du projet de loi les façades des bâtiments construits avant 1948 » a indiqué Bruno de Butler, président de l’Asma. Il précise, « en matière d’obligation d’isolation, les décrets pourraient fixer des règles en fonction des caractéristiques des maisons ».
L’Alsace compte plusieurs milliers de maisons à colombages, présentes dans quasiment chaque ville ou village. Ce patrimoine est de plus en plus menacé, remplacé petit à petit par des maisons neuves anonymes. Et malgré tout ce que l’on pourrait penser, la maison à colombages type, construite avant 1950, afficherait des performances correctes en matière énergétique, équivalant à une note de niveau C selon les normes actuelles (toujours selon l’Asma).
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Retrouvez le communiqué de Maisons Paysannes de France, premier texte consacré au sujet :