Strasbourg : la Neustadt au patrimoine mondial de l’Unesco ?
Tous les recoins de la nouvelle ville de Strasbourg, le quartier de la Neustadt, sont analysés au peigne fin : un audit du quartier est en cours – il devrait durer jusqu’en 2016 – en vue d’une inscription future au patrimoine mondial de l’UNESCO…
Alors que la Grande-Île de Strasbourg figure déjà sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1988 – notamment pour sa cathédrale, son ensemble urbain caractéristique de l’Europe moyenne et son architecture domestique rhénane des XVe et XVIe siècles -, la ville et la communauté urbaine de Strasbourg ainsi que la Région Alsace souhaitent maintenant, au terme de cet inventaire, déposer la candidature de cette extension urbaine de la capitale régionale à figurer sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
La Neustadt, legs de l’empire allemand de Guillaume II
À la suite de son rattachement à l’Empire allemand en 1871, Strasbourg est élevée au rang de capitale du Reichsland Elsass-Lothringen, le Land formé de l’Alsace et de la Moselle annexées. Pour des raisons de prestige, mais également pour des raisons stratégiques – il s’agit d’entourer la ville d’un système défensif moderne et d’agrandir le territoire de la ville intra-muros en vue d’accueillir une importante émigration allemande -, l’administration impériale décide de l’extension de Strasbourg.
La Neustadt est alors dessinée en 1880 par l’architecte municipal Jean-Geoffroy Conrath. Elle enserre le noyau urbain historique et triple ainsi la superficie de la ville. Outre les qualités urbanistiques et conceptuelles remarquables du quartier, ces édifices –construits entre 1880 et le milieu du XXème siècle – offrent à la fois un condensé d’histoire de l’architecture et une confrontation des traditions constructivistes françaises et allemandes. Notons principalement la diversité architecturale : les styles néo-classique, néo-Renaissance, néo-baroque, néo-gothique ainsi que l’avant-garde de l’Art Nouveau sont représentés au sein d’une Neustadt pas moins dépourvue de verdure. Tous ces éléments concourent à faire de ce quartier, si longtemps délaissé par les Strasbourgeois – pour des raisons historiques – un ensemble urbain remarquable et, à ce titre, éligible au qualificatif-sésame de « valeur universelle exceptionnelle »…
La préparation de la candidature
La candidature s’inscrit dans le cadre d’une action commune de connaissance, de conservation et de valorisation de la Neustadt portée par la Ville et la Communauté urbaine de Strasbourg et la Région Alsace. Au préalable, un inventaire du patrimoine urbain est nécessaire : il est assuré depuis 2010 par le Service de l’inventaire et du patrimoine de la région Alsace et durera jusqu’en 2016. Ce travail de longue haleine est mené par une équipe pluridisciplinaire rassemblant un architecte-urbaniste, un ingénieur topographe de la Ville et de la Communauté urbaine de Strasbourg ainsi qu’une équipe de six spécialistes de la région (conservateurs, chercheurs, photographes et cartographes du service de l’Inventaire du patrimoine). En vue de constituer les « archives patrimoniales » de la Neustadt de Strasbourg, cette étude de terrain sera complétée par d’importantes recherches bibliographiques et archivistiques. Le résultat de cet inventaire permettra ainsi de justifier la « valeur universelle exceptionnelle » de la Neustadt au regard des critères de l’UNESCO. Les données constituent également un instrument essentiel pour la politique urbaine patrimoniale de la ville et seront utilisées pour la préservation et la mise en valeur du cadre bâti patrimonial. Elles serviront de base à l’élaboration des documents d’urbanisme réglementaire (PLU) de même qu’à la mise en œuvre de projets urbains.
Le processus d’inscription répond à un calendrier précis établi par le Centre du patrimoine mondial de l’Unesco :
1- Rédaction et remise de la déclaration de valeur universelle exceptionnelle
2- Inscription sur la liste indicative nationale
3- Rédaction et remise du dossier de candidature
4- Évaluation du dossier par les organisme consultatifs (Icomos, IUCN, ICCROM)
5- Évaluation du dossier au Comité du Patrimoine Mondial
Chaque année, seuls deux dossiers de candidature par pays, respectivement pour un bien naturel et un bien culturel, peuvent être soumis à l’examen du Comité du patrimoine mondial pour inscription, non inscription ou report. En 2014, la France présentera le site culturel de la grotte Chauvet de Vallon-Pont d’Arc (Ardèche) et le site naturel de la Chaîne des Puys et de la faille de Limagne (Puy-de-Dôme).
Notons qu’en 2014, la France compte 38 biens inscrits au patrimoine mondial, dont 34 culturels, 3 naturels et 1 mixte.
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