Sauver les serres d’Auteuil
Les matchs de tennis ne sont pas les seuls affrontements qui ont lieu à Roland-Garros : les associations de sauvegarde du patrimoine se battent contre le projet de la ville de Paris et de la Fédération française de Tennis visant à détruire une partie des serres d’Auteuil. Le 31 mai dernier, la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France (SPPEF) et Vieilles maisons françaises (VMF) organisaient une conférence de presse à Boulogne pour exposer leur contre-projet.
L’extension souhaitée par la ville de Paris et la FFT
Le débat fait rage depuis le début de l’année 2011, date de l’annonce du projet d’extension du stade Roland-Garros. Les concepteurs du projet souhaitent faire passer le site de Roland-Garros de 8.5ha à 13.5ha, tentant ainsi d’atteindre les superficies des trois autres sites du Grand Chelem. Mais si cette extension provoque autant d’objections, c’est qu’elle se ferait en partie sur le jardin des serres d’Auteuil.
Ainsi, 2300m² de serres chaudes contenant des collections végétales classées seraient détruites, remplacées par d’autres serres placées autour du nouveau court, serres qui ne répondraient pas aux besoins techniques nécessaires pour accueillir des plantes fragiles : « un cache-misère décoratif », selon l’ICOMOS. 1000m² de serres techniques seraient également détruites, et la nouvelle configuration provoquerait un flux de visiteurs incompatibles avec la bonne préservation du site. Enfin, le court n°1 devrait lui aussi disparaître (un projet coûteux pour un édifice qui ne date que de 1980).
Pourtant, le bois de Boulogne est classé site naturel, et la totalité du jardin ainsi que certains bâtiment sont sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques. De plus, L’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) a expressément demandé à ce que ce projet soit abandonné, et la pétition circulant sur internet a recueilli à ce jour plus de 46 000 signatures.
Le contre-projet de la SPPEF et de VMF : une tentative de sauvegarder les serres
La SPPEF et VMF se sont donc engagés à sauver coûte que coûte ce site botanique exceptionnel. Leur conférence de presse du 31 mai visait à exposer un autre projet d’extension, cherchant à la fois à contenter la ville de Paris et la FFT, et à préserver l’intégrité du jardin des serres d’Auteuil.
Ce contre-projet propose de conserver le court n°1, de créer une place des mousquetaires entre les courts Suzanne Lenglen et Philippe Chartier et d’installer sur le Fonds des Princes un court de 3000 places. L’essentiel du projet porte sur la couverture partielle de l’A13 sur 4000m², ce qui permettrait d’y créer cinq nouveaux courts.
Si la construction de cette extension au-dessus de l’A13 peut susciter des interrogations, les associations soulignent que ce projet ne coûterait que 25 millions d’euros, contre environ 300 millions d’euros pour le projet concurrent. Qui plus est, la ville de Boulogne est prête à participer de manière significative aux frais de cette extension.
Malgré la bonne volonté de la SPPEF et de VMF, la mairie de Paris et la FFT semblent assez peu ouvertes à leurs propositions. Les travaux sont censés débuter en 2013, mais même si les initiateurs du premier projet paraissent déterminés, les associations de sauvegarde du patrimoine le sont tout autant, et n’hésiteront pas à multiplier les recours afin d’avoir gain de cause.