Remise des pétitions contre le contournement de Beynac – Fédération Patrimoine-Environnement

Ce mardi 19 décembre ont été déposées aux Ministères de la Culture et de la Transition Écologique et Solidaire les pétitions de 217 840 signataires, s’opposant au contournement de Beynac (24).

Le projet

Il faut remonter en 1985 pour comprendre l’affaire. C’est là qu’apparaît pour la première fois la déviation « Voie de la Vallée » : une déviation contournant le bourg de Beynac afin d’améliorer les problèmes de trafic, de congestion et de sécurité dans la ville.

Une commission d’enquête émettait dès 1995 un avis défavorable, en raison notamment de la très grande opposition du public. Les études d’impact montrent notamment un fort impact paysager, et le rapport de diagnostic archéologique montre que cet espace a un intérêt scientifique.

Pourtant, le projet est toujours en cours en 2017. Cette déviation implique la construction d’un pont, d’un tunnel passant sous les voies SNCF, d’un giratoire et de carrefours ainsi que la réalisation d’une voie nouvelle.

> Consultez le projet du département ici <

L’opposition

Dès le début du projet de déviation, de nombreuses voies se sont élevées contre celui-ci. Les reproches faits au projet tiennent compte de plusieurs facteurs.

1. Le patrimoine

5 châteaux présents dans cette portion de la vallée de la Dordogne seront impactés par le projet de déviation : Fayrac, Beynac, Monrecours, Marqueyssac et Castelnaud. Tous ces châteaux, qui bénéficient actuellement d’une vue dégagée sur la vallée, seront en visibilité directe avec cette nouvelle déviation. Se rajoute à l’impact paysager un impact économique et touristique qui pourrait s’avérer non-négligeable pour ses châteaux qui verront leur qualité environnementale diminuer.

2. L’environnement

Nuisances sonore et pollutions environnementales sont aussi des facteurs qui inquiètent nos associations de défense du patrimoine et de l’environnement. D’autant plus que la vallée de la Dordogne a été classée « réserve de biosphère » par l’UNESCO le 11 juillet 2012.

3. U projet inadapté

Deux critiques majeures sont ici retenues : en premier lieu, le gâchis d’argent public qu’entraînerait ces travaux. Approximativement 35 millions d’euros pour un projet vieux de plus de 30 ans, alors même que les flux de circulation qui avait poussé la ville à prendre cette décision ont changé.

De plus, depuis 2016, des travaux ont été entrepris par la ville de Beynac pour agrandir sa route, rendant ainsi obsolète le projet de déviation actuel. Des aménagements ont aussi été apportés tels que la déviation sarladaise, ou encore l’autoroute A89, permettant de mieux gérer les flux de circulation à Beynac.

Où en est-on ?

Depuis quelques années, cette opposition s’est traduit en actions concrètes. Parmi celles-ci, on trouve par exemple une ZAD, des manifestations, des contributions aux enquêtes publiques ou bien encore des pétitions.

Ce sont les signatures des pétitions émises entre 2004 et 2008 qui vont être remises aux Ministères de la Culture et de la Transition Écologique et Solidaire, soit 217 840 signatures.

Une enquête publique menée en 2017 a rencontré une forte contestation : près de 88% d’opposants. À cela s’ajoute un rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable qui démontre que ce projet de plus de trente ans n’est plus justifié, et préconise un moratoire d’un an pour évaluer les dernières améliorations de la traversée de Beynac, élargie en juillet 2017.

La remise des pétitions s’accompagne donc d’une demande faite au Ministère de la Transition Écologique et Solidaire : demander « une expertise indépendante portant sur les aspects de développement durable », en particulier sur les impacts sur la réserve de biosphère. La demande pour la Ministre de la Culture revient sur le « dysfonctionnement de la procédure qui garantit la protection des sites et des abords de monuments historiques en France », et demande à la Ministre d’intervenir pour sauver la vallée de la Dordogne.

Cette demande concrète émanant de plus de 200 000 personnes, nous espérons qu’elle ne sera pas rejetée.