Recours contre le projet immobilier de l’Haÿ-les-Roses fragilisant la roseraie
Le projet de redynamisation du centre de l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) « Opération cœur de ville » sur une surface. de 11 900 m², comportant notamment la construction de 94 et 42 logements, est envisagé sur le site des abords de la roseraie créant un fort déséquilibre biologique pour celle-ci.
Il faut rappeler, avant toute chose, que la commune doit son nom à sa Roseraie (propriété du Département), créée par Jules Gravereaux en 1899, et qui constitue la plus ancienne roseraie au monde. Inscrite au titre des monuments historiques et labellisée Jardin Remarquable, la Roseraie compte aujourd’hui plus de 11 000 rosiers et près de 2 900 variétés de roses. Ces milliers de roses sont réunis en 13 collections uniques en fonction de leurs origines, de leur histoire et de leurs variétés. Elle est reconnue et admirée dans le monde entier pour ses collections de roses anciennes.
Après un premier recours en 2018 pour sauvegarder certaines maisons du centre ancien, L’Atelier Local d’Urbanisme et de Développement de L’Haÿ-les-Roses, association adhérente, a déposé un nouveau recours avec Patrimoine-Environnement, le 3 septembre 2019, devant le tribunal administratif de Melun. Celui-ci vise l’annulation des autorisations de permis de construire délivrées par la commune de l’Haÿ-les-Roses au promoteur SCCV EMERIGE. En effet les permis contestés reposent sur des irrégularités graves et manifestes qui justifient une demande d’annulation immédiate.
Parmi les irrégularités, figure l’avis favorable de l’Architecte des Bâtiments de France, donné le 15 mars 2019, après un recours du maire du 10 décembre 2018 contre un premier avis défavorable du 5 décembre 2018.
L’avis défavorable de l’Architecte des Bâtiments de France, du 5 décembre 2018 était assorti de plusieurs recommandations, considérant notamment que « l’implantation de constructions à 12 m du mur de la Roseraie porte atteinte à la conservation et à la mise en valeur du parc, monument historique exceptionnel et unique en son genre. Les abords constituent l’écrin de ce monument historique. Par conséquent, le gabarit élevé et l’aspect des constructions proposées dans le projet impactent le parc à proximité immédiate. De ce fait, le projet devra tenir compte du contexte urbain et paysager existant afin notamment de ne pas constituer une concurrence visuelle trop forte avec le monument historique. »
Cependant, entre les deux avis de l’ABF, le dossier de permis de construire (plans, notice paysagère…) n’a été modifié que de manière éparse et incomplète. Le deuxième avis, cette fois favorable, de l’Architecte des Bâtiments de France a donc été donné sans que la majeure partie des recommandations contenues dans l’avis du 5 décembre 2018 aient été levées; qu’il s’agisse par exemple des observations liées aux végétaux ou des modifications architecturales sollicitées.
Ainsi, selon nous, l’avis du 15 mars 2019 ne se substitue pas à l’avis antérieur du 5 décembre 2018.
Le Département du Val de Marne a également déposé un recours auprès du TA de Melun contre ce projet qui repose sur des terrains qu’il refuse de vendre à la ville et sur la préservation de la Roseraie qu’il estime gravement menacée sur le plan environnemental et en pleine covisibilité avec le projet.