Perpignan : Veut-on un « ensemble cathédrale » complet ou amputé ?
Communication de Laurent Fonquernie, Historien-Guide Conférencier
Le projet de la Ville de Perpignan consistant à raser l’ancien presbytère, édifice, acheté en 2014 à l’Association Diocésaine, se déroule actuellement dans une indifférence quasi générale. Défendu comme la seule solution envisageable à cause de l’état de vétusté du presbytère, état restant à vérifier afin d’évaluer les coûts de sa restauration, mise en comparaison avec ceux de la destruction et de l’édification de la « maison de verre » dont nous avons aujourd’hui le projet. Une seconde maison, traversante car allant du parvis de la cathédrale jusqu’à la rue Ribeil, appartient depuis très longtemps à la Ville. Non entretenu, aux ouvertures en partie murées et étayé en totalité, elle est prévue elle aussi à la démolition tout comme les deux arrières chapelles appartenant à l’État et servant de permanence paroissiale.
Dès 1898, l’architecte des cultes Léon Bénouville voulait dégager ces abords de la cathédrale en créant une voie de circulation de 6 mètres allant du parvis à la rue Ribeil, le long de l’actuel presbytère. Cela fait plus de 100 ans que ce dossier traîne…
Mais réellement c’est à dire légalement parlant, peut-on détruire le presbytère ? Il convient de s’assurer du statut de notre immeuble, dans le cadre de la protection dont il bénéficie :
– La loi impose une forme de vigilance à l’égard des projets de travaux dans le champ de visibilité des monuments historiques, c’est à dire la limite des 500 mètres. Il s’agit du périmètre contraint par La loi du 25 février 1943, (modifiant la loi du 31 décembre 1913), qui considère qu’un monument c’est aussi l’impression que procurent ses abords.
– Une seconde contrainte urbanistique protège notre bâtiment, il est situé en plein cœur du Secteur Sauvegardé (Loi Malraux du 4 octobre 1962) : le Périmètre de Sauvegarde et Mise en Valeur PSMV approuvé en 2007 le classe en légende 5bis « immeuble à maintenir dont les structures et les volumes sont à conserver ».
Vu son état d’abandon, et dans le cadre de la Loi, la conservation du presbytère devient aujourd’hui une urgence. Les édiles locaux toutefois devancent les projets d’architectes avant même le lancement du concours. Ils préconisent d’entrée sa destruction pour y édifier sur son exacte emprise un nouveau bâtiment baptisé « Maison de verre », une sorte de serre couronnée de métal qui permettrait aux touristes de circuler de la place Gambetta au Cloître cimetière en y trouvant des informations sur le patrimoine.
Détruire à bon escient : Seul le dégagement de la cathédrale, prévu en 1898, permet l’accès et la circulation piétonnière, avec la destruction des deux bâtiments du 7 (classé PSMV 5bis) et 9 (classé PSMV 6 : immeuble non protégé) de la rue Amiral Ribeil, appartenant à l’État. Notons que depuis plus de cent ans, ces deux immeubles attendent d’être rasés afin de remplir cette exigence. Perpignan peut devenir une ville destination, en protégeant son patrimoine, NOTRE patrimoine commun.