Patrimoine oublié de Noisy-le-Grand : Le Fort de Villiers est en grand danger.

Propriété du ministère de la Défense puis de l’établissement public d’aménagement EPAMARNE, celui-ci l’a cédé en juillet 2001 à la commune de Noisy-le-Grand, une délibération du 27 juillet 2001 en ayant pris acte.

En 2008, le fort de Villiers, couvre environ quatre hectares (sept à l’origine) en bordure de l’autoroute A4 sur le quartier du Montfort, en limite territoriale avec la commune de Villiers-sur-Marne. Diverses associations y ont été hébergées jusqu’en décembre 2007.

Depuis, son accès a été interdit par arrêté municipal de péril, notamment à cause de la passerelle d’accès en mauvais état et des arbres morts ou instables depuis la tempête de 1999.

L’incertitude et l’absence d’information sur l’existence et le devenir du fort de Villiers ont été à l’origine de la création de l’Association de Sauvegarde du Fort de Villiers (ASFV). Celle-ci a pour objectif de sortir le fort de son anonymat, de faire connaître son existence auprès des habitants de Noisy et des communes environnantes à l’appui d’archives historiques, photographiques, et à favoriser sa conservation et sa mise en valeur. A ce jour elle rassemble des Noiséens ainsi que des personnes intéressées par l’architecture et le patrimoine militaire : historiens, ingénieurs, techniciens, documentalistes…

La presse locale a manifesté un réel intérêt, tel l’article du « Parisien » du 8 août 2008. Sensible à l’appel de l’ASFV, le groupe d’étude architectural du Sénat lui a signifié son attention particulière, à la veille des journées juridiques du patrimoine en 2008.

La préservation de cet élément du patrimoine militaire historique revêt une signification particulière puisqu’il avait été érigé en 1878 dans le but de protéger la Capitale. Actuellement en zone fortement urbanisée, sa valorisation économique est possible, à l’instar d’autres forts remarquablement réutilisés, tel Seclin et Leveau (Nord).

Les offres de tournages pour le cinéma, de prises de vues par des photographes internationaux, les demandes de visites des écoles et lycées, reçus par l’ASFV ont été transmis à la mairie de Noisy-le-Grand. Il semble qu’aucune réponse ne leur a été faite.

L’ASFV a rencontré plusieurs maires adjoints de Noisy-le-Grand, qui, malheureusement, ne voient dans le fort qu’un potentiel foncier. L’association a saisi différentes institutions pour le classement du fort et alerté le Conseil Général de Seine-Saint-Denis et des personnalités de la région Ile-de-France. Il n’y a qu’un ouvrage sur l’histoire de Noisy-le-Grand paru en 2005, une réimpression de l’édition de 1919, alors que d’autres communes mettent à jour, par leurs dernières découvertes, l’histoire de leur ville. Quant à l’office du tourisme, celui-ci n’a même pas répertorié le fort !

Le Fort de Villiers fait partie des forts Séré de Rivières de la deuxième ceinture de l’Est parisien soit :

• Le Fort de Vautours (sa situation est délicate car il a été occupé par le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) et il pourrait y avoir des risques de contamination,
• Le Fort de Chelles, en grande partie détruit car construit sur un terrain instable,
• Le Fort de Noisy-le-Grand, exemple standard d’un Fort Séré de Rivières, intégral dans son architecture, à l’abandon,
• le Fort de Champigny plusieurs fois transformé, deux de ses caponnières détruites (caponnières simple et de gorge), en rénovation par les soins de la mairie,
• Le Fort de Sucy, à l’attrait certain et reconnu par le public grâce à l’action de l’association « A la Découverte du Fort de Sucy », sa caserne est détruite et la poudrière s’effondre,
• Le fort de Villeneuve-Saint-Georges, non accessible et plusieurs fois transformé, aujourd’hui centre important d’entrainement pour les pompiers de Paris.

Dès lors on comprend  l’importance du Fort de Villiers, le seul de l’Est parisien à être complet et sans modification pouvant être ouvert au public une fois restauré.

C’est pourquoi il est inconcevable que ce lieu unique dans l’Est parisien ne conserve, par exemple, qu’une partie du porche d’entrée pour tout souvenir, et cela au bénéfice de logements, commerces, ou autres projets destructeurs.

En le conservant, on peut imaginer, dans quelques années des reconstitutions historiques, des concerts, des espaces d’exposition, un musée, et, des réalisations de rénovation entreprises par des apprentis issus du Centre de Formation des Apprentis (CFA) du bâtiment.

Les architectes du Conseil Général de Seine-Saint-Denis ont visité le Fort de Villiers le 11 février 2009 afin de préparer son éventuel classement. En revanche lorsque la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et des architectes des bâtiments de France sont venus à Noisy-le-Grand pour visiter le fort, la mairie a prévenu que les clefs étaient égarées ! La visite fut annulée…

Depuis  2008 le fort est régulièrement vandalisé ; les incendies et tags ont gravement dégradé les casernes qui étaient en parfait état.

C’est pourquoi, nous souhaitons vivement que la mairie reprenne contact avec la DRAC et le STAP (service qui regroupe les architectes et autres intervenants dans le domaine du patrimoine) afin de trouver des solutions pour que le fort soit à l’abri du vandalisme et pour qu’un projet de valorisation soit enfin trouvé.

Patrick COTTE
Président de l’ASFV

Pour en savoir plus :
Consultez le site de l’Association de Sauvegarde du Fort de Villiers (ASFV) : http://www.asfv.eu/