Patrimoine en danger : Louveciennes, ville asphyxiée par une urbanisation massive
La ville de Louveciennes est fière à juste titre de son patrimoine tant naturel qu’architectural. Au point que la municipalité de Louveciennes qui distribue chaque année un agenda guide de poche des collectivités territoriales, y décrit Louveciennes en 2016 et 2017 comme suit :
Bâti autour d’un moutier carolingien, dépendant de l’ Abbaye de Saint-Denis, Louveciennes est longtemps resté un village d’agriculteurs qui cultivaient la vigne et les arbres fruitiers sur les coteaux du bord de Seine. L’installation de la Cour de Louis XIV à Versailles, puis à Marly va rendre Louveciennes célèbre : c’est à travers le village que montaient les eaux de la Seine, grâce à la Machine de Marly.
L’aqueduc, construit par Mansart, surplombe toujours la commune de ses 36 arches majestueuses. C’est l’un des plus beaux ouvrages hydrauliques de France. Plusieurs châteaux furent construits au 18ème siècle en raison de la proximité de la Cour Royale.
Le calme du village ses grandes perspectives sur la vallée de la Seine et une lumière douce y attirèrent aussi les grands peintres de l’impressionnisme. Il y a plus de vingt tableaux de Renoir, Pissarro, Sisley, ou Monet qui représentent Louveciennes. »
Or ce calme risque de s’évanouir très rapidement. Les projets immobiliers de logement collectifs et d’accession à la propriété de la mairie dans le cadre du nouveau PLU prévoient de nombreuses constructions au pied de l’aqueduc, en contrebas sur la côte du Cœur Volant et jusqu’aux Vergers des Rougemonts; ainsi des centaines d’arbres fruitiers seraient engloutis et les alentours de l’aqueduc bien mis à mal, pour laisser place à une arrivée massive de population. Il est encore temps d’éviter cette catastrophe. Il existe une formule de protection encadrée et contrôlée par l’Etat qui permet aux Mairies de desserrer les contraintes imposée par les quotas de logements sociaux et d’imposer aux préfets des cahiers des charges imposés par le Ministère de la culture. Il s’agit des Aires de mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine (AVAP) qui permettent de réconcilier la population avec son cadre de vie. Aucune étude d’impact sur ce projet n’a été faite et le futur PLU qui annonce une augmentation de la population de 2100 habitants à l’horizon de 2030 ne fait qu’entériner cet état de fait.
L’association RACINE demande instamment qu’une AVAP pour l’aqueduc de Louveciennes soit mise en place très rapidement et concomitamment à la procédure de révision en cours du PLU de Louveciennes à fin de mettre en valeur le Louveciennes historique et les quartiers voisins notamment les vergers.
Rappelons qu’une AVAP qui va être dénommée par un décret prochain Site Patrimonial Remarquable (SPR), servitude d’utilité publique créée par la loi du 21 juillet 2010, peut être créée de façon très économique, sur des quartiers, des espaces bâtis, des sites non bâtis ou de paysages, situés autour de monument historiques ou non, pour des motifs d’intérêt culturels, architectural, urbain , paysager, historique ou archéologique.
Louveciennes doit se doter d’une AVAP pour l’aqueduc, le Cœur Volant et les Vergers des Rougemonts, car c’est une disposition au coût modeste mais aux effets très bénéfiques qui permettrait de protéger un terrain vierge en état naturel dont les caractéristiques de flore et faune n’ont fait l’objet d’aucune évaluation.
François Arlabosse, Président de RACINE