« Paris : quel projet pour la Poste du Louvre ? » : Café Patrimoine du 13 février 2014
Le 13 février dernier, l’association Paris Historique organisait un café patrimoine sur le sort de la Grande Poste du Louvre : « Paris : quel projet pour la Poste du Louvre ? ». Yves Bru, administrateur de Patrimoine-Environnement y été, voici son compte-rendu.
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Trois intervenants de la Commission du Vieux Paris :
– Mme Dumont, ancienne secrétaire de la Commission, professeur à l’école d’architecture Paris-Belleville ;
– J. F. Cabestan, architecte du patrimoine, professeur d’histoire de l’art à la Sorbonne ;
– Pierre Housiaux, président de Paris Historique.
Il s’agit du projet d’aménagement lourd du bâtiment de la Poste, rue du Louvre et rue Etienne Marcel : galerie commerciale, hôtel 4 étoiles, logements sociaux, crèche, commissariat de Police et maintien d’une structure réduite pour la Poste.
Ce projet ayant obtenu le Permis de Construire a fait l’objet d’une Journée d’étude, animée par J. F. Cabestan, à l’INHA le 5 novembre 2013.
En préalable, P. Housiaux rappelle aux auditeurs nombreux (environ 50) que la Commission du Vieux Paris a été mise devant le fait accompli :
S’agissant d’un projet sur un bâtiment non classé, le recours gracieux auprès du maire a été rejeté et une demande de classement a été faite auprès de la ministre de la Culture, en cours d’examen ; par ailleurs, une pétition est lancée sur petitionduweb.com
J. F. Cabestan, secondé par Mme Dumont pour commenter les documents présentés, rappelle que ce bâtiment de Julien (ou Jules) Guadet a été réalisé en 1880-88, et présente un remarquable ensemble de structures métalliques (deux niveaux de 7m50 de haut) particulièrement représentatif de l’architecture fin 19ème, et malheureusement peu connu ; une visite a eu lieu, mais la demande d’ouverture pour les JEP 2013 a été refusée.
Parmi 70 projets, 5 finalistes ont été sélectionnés par un jury de 17 membres, dont 4 architectes, et le projet de Dominique Perrault (en équipe avec l’ACMH Lagneau) a été sélectionné, malgré l’opposition des architectes qui auraient préféré un projet moins destructeur (celui d’Anne Démians en particulier).
D. Perrault a choisi de couper au tiers de leur longueur les grands portiques métalliques afin d’élargir la cour centrale et éclairer ainsi les surfaces aménagées.
La question posée est celle du programme défini par la SA Poste-Immo, disposant de capitaux de l’État, qui a souhaité rentabiliser ce local en recherchant des locataires.
Les responsables du projet considèrent que la structure est conservée et que la transformation est « réversible » !
Mme Dumont ajoute que ce programme aurait pu être réalisé ailleurs, sans sacrifier la Grande Poste.
Les salariés de la Poste, dont plusieurs ont participé au débat, ont constitué une association « Sauvons la Poste du Louvre et le patrimoine postal français » car d’autres sites sont menacés, le bureau de la rue La Boétie, et la Poste Art Déco de Poitiers notamment. Actuellement leur nombre a été réduit de moitié ; ils seront relogés pendant les travaux (début 2015) au 16 rue Etienne Marcel, puis réinstallés rue du Louvre.
Ce dossier est totalement absent des débats de la campagne pour les élections municipales.
Yves Bru, administrateur de Patrimoine-Environnement