Opération « Fauchage sous les noyers » à Beynac
Hier, lundi 25 juillet à 16h, un groupe de militants équipés de faux et de débroussailleuses est entré dans une noyeraie de la vallée de la Dordogne, au lieu-dit de Fayrac, en face du célèbre village de Beynac et de son château. Leur objectif : entretenir et remettre en production cette noyeraie historique après avoir évincé son propriétaire négligent : le département de la Dordogne. Cet engagement vise à empêcher la destruction des noyers pour permettre la construction d’une nouvelle route : le contournement de Beynac.
Pour les plus anciens abonnés à la lettre de Patrimoine-Environnement, comme pour les visiteurs du Périgord des années 90 et du début des années 2000, cette action fait resurgir le souvenir du combat mené par les associations du patrimoine contre la déviation de Beynac. Elles avaient organisé des manifestations et réuni plus de 250 000 signatures (sur papier !) contre le projet.
Tout le monde croyait le projet abandonné, eu égard à son utilité douteuse, à son coût exorbitant avec deux ponts sur la Dordogne et un franchissement de voie SNCF, et surtout à sa nocivité extrême pour le patrimoine et la nature. Le projet concerne une partie préservée de la vallée, en vue des châteaux des Milandes, de Castelnaud et de Marqueyssac, sous les fenêtres du château de Fayrac, bijou médiéval qui orne le panorama sublime du château de Beynac.
En 2011, le bassin de la Dordogne a été classé en réserve mondiale de biosphère par l’UNESCO. Pour l’UNESCO, le classement au titre de réserve mondiale de biosphère est pour la nature ce qu’est le classement au titre de patrimoine mondial pour les monuments, avec une plus grande sélectivité puisqu’il y a moins de 700 réserves mondiales de biosphères pour plus de 1000 monuments du patrimoine mondial.
C’est dire que le projet de déviation de Beynac, qui date des années 1970, n’avait plus guère de sens. Le département de la Dordogne en avait pris acte en subventionnant un élargissement de la rue sur la berge de la Dordogne dont l’étroitesse servait de justification à la déviation.
En 2015, le fils du principal promoteur de la déviation de Beynac dans les années 1980 et 1990 (aujourd’hui décédé) fut élu président du département de la Dordogne. Il annonça que la déviation de Beynac devenait prioritaire sur les autres projets du département et en faisant voter les premiers crédits, relança le combat.
Ce combat s’inscrit dans l’action générale de Patrimoine-Environnement. Un des grands acquis de la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine, qui vient d’être promulguée, est l’introduction dans le droit français et le code du patrimoine, de la notion de Patrimoine mondial ignorée jusqu’à présent. Notre association n’y est pas étrangère. En toute logique, Patrimoine-Environnement a soutenu l’amendement de Madame Blandin, sénatrice donnant aux réserves mondiales de biosphère une traduction dans le droit français. Le Ministère de l’écologie, en retard sur ce sujet, s’y est opposé en entraînant la position du gouvernement. Ce n’est que partie remise tant cet amendement de bon sens avait obtenu un soutien de tous les partis au Sénat.
Nous en reparlerons aux Journées juridiques du patrimoine le 27 octobre prochain.
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