Odile Decq, architecte, se bat pour la préservation de son œuvre en Ille-et-Vilaine

BPO intLa Banque populaire de l’Ouest souhaite démolir son ancien siège situé à Montgermont (35) conçu par Odile Decq. Pour la maître d’œuvre, il faut préserver ce patrimoine, tandis que le groupe envisage de le raser.

Le bâtiment de la Banque Populaire de l’Ouest à Rennes a été inauguré en 1990. Projet issu d’un concours organisé par la BPO en 1988 et gagné par Odile Decq et Benoit Cornette, il a été récompensé par de nombreux prix, nationaux et internationaux, pour son architecture emblématique et innovante, issu d’une réflexion héritière du bioclimatique comme d’une culture pointue très technique du métal et du verre. C’est un bâtiment qui allie innovation technique et recherche spatiale.

L’architecte créatrice du Musée d’art contemporain de Rome (Macro) est inquiète : il y a environ deux semaines un coup de téléphone lui a annoncé la future démolition du siège de la Banque populaire de l’Ouest, à Montgermont en Ille-et-Vilaine. « J’ai reçu un coup à l’estomac… Physiquement ! ».

Pour autant, elle ne baisse pas les bras et compte bien défendre son bâtiment jusqu’au bout : « Je me battrais pour qu’il reste », poursuit-elle. Du côté de l’établissement bancaire, la décision de raser cet immeuble de bureaux est le fruit d’une réflexion de près de six ans : « Ces locaux sont en vente depuis 2009, date à laquelle nous avons décidé de rassembler l’ensemble de nos collaborateurs éparpillés sur plusieurs sites. Depuis fin 2014, cet immeuble est vide », nous explique le secrétaire général de la Banque populaire de l’Ouest, Benoît Caron.

Pourquoi détruire le bâtiment ?

Mais alors pourquoi absolument détruire le bâtiment d’Odile Decq ? Ne vaudrait-il pas mieux le rénover et lui trouver une autre utilisation ? Benoît Caron répond: « La construction présente deux défauts. En effet, les conditions de travail devenaient difficiles avec des variations de température pouvant aller de 30°C l’été à seulement 14°C l’hiver. En outre, le bâtiment se montrait très énergivore. Nous avons réalisé des études techniques pour une mise aux normes thermiques, mais selon elles, il serait impossible d’atteindre les futurs objectifs réglementaires ».

Odile Decq réfute ces affirmations : « la rénovation d’un bâtiment est toujours possible ! ». « La façade est légère et il est aisé de la renforcer, notamment par l’extérieur. Il y a une obsession sur la grande façade du bâtiment, et c’est vrai, nous avons constaté une mauvaise maintenance de celle-ci, notamment des systèmes de store. »  Problème qui pourraient expliquer les problèmes de température, sujet central de cette affaire. « A un mois de la fin de la garantie décennale, le groupe m’a attaquée sur ce sujet. Résultat : l’architecte a préconisé la pose de films réfléchissants », raconte-t-elle.