L’identité nationale du label « Villes et Pays d’art et d’histoire » menacée ?
Le communiqué de presse du 26 février 2020 de Martin Malvy – président de Sites & Cités remarquables de France, l’association des Villes et Pays d’art et d’histoire et des Sites patrimoniaux – alerte sur le choix de désengager le ministère de la Culture dans l’attribution du label « VPah » au profit des préfets de Région.
Contexte historique du label
Créé en 1985, en complément des lois de décentralisation définissant les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), le label « Villes et Pays d’art et d’histoire » est historiquement attribué par le Ministre de la Culture, après avis du Conseil national des Villes et Pays d’art et d’histoire (CNVPah).
« VPah » permet de mettre en valeur les communes ou groupements de communes qui s’engagent dans une politique de sensibilisation des habitants, des visiteurs et du jeune public à la qualité du patrimoine, de l’architecture et du cadre de vie.
Pour se porter candidats, les villes et territoires doivent répondre à plusieurs critères touchant :
- un réel engagement politique des collectivités candidates à faire de la culture, de l’architecture et du patrimoine un projet local de développement.
- un périmètre pertinent défini à partir de critères de cohérence historique, géographique, démographique et culturelle ;
- les moyens mis en œuvre par la collectivité candidate pour assurer la connaissance, la conservation, la protection et la valorisation du paysage, de l’architecture et du patrimoine ainsi que la capacité à respecter dans le temps les engagements liés à l’attribution du label en termes matériel, financier et humain ;
- la déclinaison explicite du projet VPah dans les politiques locales menées par les collectivités candidates.
L’instruction du dossier, l’avis positif de la CNVPah et du ministre de la Culture, s’accompagne d’une convention entre la collectivité et l’Etat pour une durée de dix années. Plusieurs engagements garantissent la qualité et l’homogénéité de cet outil de référence pour la mise en œuvre de politiques patrimoniales cohérentes et d’un développement concerté du territoire.
Le projet de la ville ou du territoire est suivi par la Direction régionales des affaires culturelles et la Direction générale des patrimoines afin de fournir un accompagnement, une expertise et d’un soutien financier par le ministère de la Culture.
Aujourd’hui, 260 villes et territoires sont labellisés, les échanges d’expérience grâce au réseau national montrent la réussite de cette labellisation.
Sites & Cités remarquables de France, partenaire de Patrimoine-Environnement pour le concours des Entrées de villes, est membre du Conseil national des Villes et Pays d’art et d’histoire et, à ce titre, participe à l’évolution du label. L’association organise aussi des rencontres entre les villes et territoires du réseaux sur divers thématiques : sauvegarde, médiation, mise valeur du patrimoine, etc.
Evolution déconcentrée du label ?
L’actualité du label évolue inévitablement avec le contexte politique de réorganisation des missions du ministère de la Culture et du souhait, de plus en plus marqué, de déconcentration de ses fonctions.
« Je regrette […] la récente décision de transférer l’attribution du label « Villes et Pays d’art et d’histoire » aux Préfets de Région alors qu’il était depuis l’origine du ressort du Ministre de la Culture. »
Martin Malvy, Président de Sites & Cités emarquables de France
L’inquiétude porte bien sur la garantie d’homogénéité des critères du label normalement mesurés par le double examen du CNVPah et du Ministre de la Culture. En laissant la main aux Régions, l’interprétation du label pourrait de ce fait être disparate. D’une région à l’autre, les critères auront plus ou moins d’importance, ce qui entraînerait un flou pour les élus et les services de valorisation du patrimoine souhaitant se porter candidats. La procédure d’instruction des dossiers risquerait de devenir moins légitime au regard de l’essence du label.
Le préfet de Région est le garant de la cohérence de l’action de l’État dans la région. Pour mettre en oeuvre une bonne instruction et attribution du label « VPah », cela supposerait d’engager un dialogue entre les préfets ou à travers des « Conseils régionaux des Villes et Pays d’art et d’histoire » afin de savoir qu’elles sont les bonnes méthodes. La question se pose s’il est pertinent de multiplier les strates alors que le Conseil national apporte déjà cette clarté et unité.
Martin Malvy a mis en garde le Ministre Franck Riester de cette décision qui menacerait un socle bien établi de la politique de l’aménagement et du dynamisme patrimonial, culturel et touristique dans les territoires.
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