Les maisons forestières de la forêt de Compiègne mises en vente
Au cœur de la magnifique forêt domaniale de Compiègne se trouvent trente-six maisons forestières, dont quatre viennent d’être inscrites sur la liste des biens que l’Etat souhaite céder. Il s’agit de deux prieurés des XIIème et XIIème siècles, du pavillon Eugénie et de la maison forestière Sainte-Périne.
La forêt et l’ONF
La forêt domaniale de Compiègne est la troisième forêt domaniale de France par sa taille, plus de 14 000 hectares. D’abord terrain de chasse des Rois de France, elle recèle un patrimoine bâti et culturel très riche de par sa proximité avec le Château de Compiègne. Aujourd’hui, la forêt attire touristes et promeneurs grâce à ses sentiers pédestres balisés et ses boucles de vélo.
La forêt de Compiègne est gérée et entretenue par l’ONF (Office National des Forêts) : celui-ci intervient notamment pour surveiller l’état sanitaire des arbres, entretenir et couper, replanter certaines parcelles et exploiter le bois.
Or, comme nous l’explique cet article du Parisien, la gestion du patrimoine forestier est si lourde que l’ONF n’a d’autre choix que de se défaire de son patrimoine bâti, trop coûteux à entretenir. La vente de ces maisons forestières intervient pour éviter qu’elles ne se dégradent ou soient squattées : ne sont gardés que les bâtiments utiles pour la gestion de la forêt.
Concrètement, ces ventes rentrent dans une stratégie pluriannuelle menée par l’Etat via sa direction immobilière. En dix ans, sur 6 000 bâtiments, 500 ont été vendus en France. L’ONF en est le gestionnaire et récupère le produit des ventes pour s’autofinancer. La somme atteint environ 1 M€ chaque année.
Un patrimoine voué à disparaître ?
Cette mise en vente inquiète les associations de défense du patrimoine local : en 2015, l’association Tracy-Environnement alertait sur « la dégradation croissante de la maison forestière de Tracy-le-Mont, dite d’Ollencourt » et déplorait la perte de ce patrimoine ancestral. C’est la même réaction en 2018 pour le président de l’association des amis des forêts de Laigues, Ourscamp et Compiègne, Mickaël Noirot : « Pour une forêt d’exception, dilapider un patrimoine historique exceptionnel est un non-sens ».
Car en effet ces maisons forestières ne sont pas qu’une charge financière pesant sur l’ONF : ce sont pour des bâtisses vieilles de plusieurs siècles, classées au titre des Monuments Historiques pour la plupart. Retour sur les quatre bâtiments en vente aujourd’hui, tous monuments historiques :
- Le Mont Saint-Pierre-en-Chastres : construction de 1664 et 1750 classé monument historique.
Ensemble issu du Prieuré de Saint-Pierre en Chastres (fin du XIIIe siècle) regroupant un logement et une abbaye. - Le hameau de Saint-Nicolas-de-Courson : ensemble comprenant le Prieuré du XIIIème siècle classé monument historique, deux maisons forestières et des dépendances.
- Le pavillon Eugénie : Inscrit sur la liste supplémentaire des monuments historiques le 19 janvier 1994, ensemble constitué d’une maison dite Chalet de l’Impératrice, construite sous Napoléon III pour l’Impératrice Eugénie en 1857. Rénové en 1860-1861 et complété d’un pavillon de réception par l’architecte Jean-Louis Victor Grisart.
- La maison forestière de Sainte-Périne : ensemble construit en 1159 et classé monument historique.
Nous espérons le rachat de ces bâtiments historiques par des collectivités ou particuliers soucieux du patrimoine, avec des projets de réhabilitation qui serviront l’intérêt historique et culturel du lieu.