LES ARBRES DU SQUARE PROTECTEUR DE LA ROSERAIE DE l’HAY LES ROSES ONT ETE ABATTUS
La revitalisation des cœurs de villes est une cause noble et importante, elle participe au développement territorial et permet l’attractivité des territoires. Pour ce faire, elle doit cependant intégrer une dimension patrimoniale et environnementale, permettant une approche réfléchie de l’urbanisme. Nous revenons aujourd’hui sur le réaménagement du centre-ville de l’Hay-les-Roses dans le Val de Marne, qui abrite cette roseraie mondialement connue, première roseraie moderne, fondée en 1894 par Jules Gravereaux.
Dans le cadre du programme Action cœur de ville, la municipalité de l’Hay-les-Roses porte un projet immobilier qui jouxte la roseraie comprenant l’abattage des arbres du square Allende, pourtant constitutifs des abords protecteurs de celle-ci. Le projet vise à construire, à 12 mètres de la Roseraie, une résidence de 94 logements comportant trois étages, en bordure de son mur nord, à 1.5 km de la future gare du Grand Paris Express. La Fédération Patrimoine – Environnement soutient et accompagne l’association de l’Aludhay (Atelier local d’urbanisme et de développement de l’Haÿ-les-Roses) qui lutte activement contre le projet depuis plusieurs années contre ce projet que le président de l’association n’hésite pas à qualifier de « hors échelle ».
Un recours en justice avait été déposé par l’Aludhay et le Conseil départemental du Val-de-Marne fin 2018 contre le dévoiement de la rue Watel nécessaire pour permettre le projet d’aménagement. Les requérants avançaient notamment que l’opération immobilière et commerciale aurait pour effet de « défigurer les abords de la Roseraie et la place de l’église (XIVe siècle) ». Outre ces considérations paysagères, ils invoquaient une atteinte à la biodiversité résultant de « l’imperméabilisation des sols, la création d’un îlot de chaleur, la pollution atmosphérique et sonore et la co-visibilité entre la Roseraie et les bâtiments… », enfin, ils relevaient l’absence de concours d’architecte et le manque d’une « vraie concertation ». La Cour administrative d’appel de Paris avait tranché en faveur du projet, estimant que la dimension paysagère de la Roseraie avait été suffisamment prise en compte.
Nous nous étions pourvus en cassation en novembre devant le Conseil d’État avec l’association Aludhay et le Conseil Départemental du Val-de-Marne, propriétaire de la roseraie, contre la municipalité de l’Hay les Roses concernant cette opération d’aménagement d’impulsion municipale.
Cela était sans compter que dès l’aube, ce lundi, le maire a commencé à faire abattre les arbres du square Allende, constitutifs des abords protecteurs de la Roseraie, inscrite au titre des monuments historiques et, par ailleurs, reconnue dès 1991 comme « collection nationale de roses anciennes » par le Conservatoire de Collection Végétale Spécialisée.
Les procédures n’étant pas suspensives, nous avions sollicité le Ministère de la Culture afin qu’une instance de classement puisse protéger solidairement Roseraie et square, prenant ainsi en compte les fonctions paysagères et écologiques protectrices de ce dernier. Le square Allende, seul square du centre-ville, a été conçu en effet, dès son origine, comme bouclier protecteur de la Roseraie et il assure, par ailleurs, une continuité écologique avec celle-ci. Ainsi, certaines espèces protégées de la Roseraie sont également présentes dans le square et le Parc Allende fait partie intégrante du tracé, par un équilibre des zones arborées.
Cet abattage sauvage « met à nu », côté nord, la Roseraie … pour l’hiver ! … dans l’attente de la construction des immeubles projetés.