Les 10 et 11 avril 2015, Patrimoine-Environnement tenait son Congrès annuel à Rouen…

Vous étiez près d’une centaine à nous avoir rejoins en Haute-Normandie, accueillis par la délégation régionale, pour assister aux deux jours de débats et visites organisés à l’occasion du Congrès annuel de Patrimoine-Environnement, les vendredi 10 et samedi 11 avril.

Retour sur ces deux journées riches en patrimoine !

Vendredi 10 avril 2015

Archevêché de Rouen

Archevêché de Rouen

Accueillis dans la prestigieuse salle des Etats de l’Archevêchés, nous avons eu le privilège de mener notre Assemblée Générale dans le palais archiépiscopal de Rouen, le seul à avoir conservé sa fonction d’origine puisqu’il est encore la résidence du 108ème archevêque de Roue, Primat de Normandie, Monseigneur Descubes. Les décisions furent validées dans la matinée.

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L’après-midi fut consacrée au débat avec la sénatrice Catherine-Morin-Desailly, présidente de la Commission Culture au Sénat. Fonctionnement et grands enjeux de la Commission Culture, projet de loi Patrimoine, Patrimoine mondial, loi de transition énergétique… nombreux furent les sujets abordés.

Téléchargez le compte-rendu des échanges entre la sénatrice et la salle

3. Débat aprem 3

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explication chateauNous fûmes par la suite accueillis au château de Mondétour, à Morgny la Pommeraye, chez Monsieur et Madame Xavier Marin qui nous ont offert une visite commentée privilégiée de leur demeure du XVIIe inscrite aux Monuments Historiques.

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La soirée s’est poursuivie autour d’un cocktail dinatoire chaleureux.

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Samedi 11 avril 2015

La journée du samedi fut consacrée à une série de visites, menées notamment par Messieurs Paul-André Sement et Alain Robinne, dont vous trouverez ci-après un compte-rendu.

DSC07455> Nous avions rendez-vous place de la cathédrale, à 10h, pour découvrir : «  Les enjeux de la sauvegarde et de la mise en valeur du Rouen historique ». La visite menée par Paul-André Sement, historien et urbaniste, délégué de Patrimoine-Environnement et membre des Amis des Monuments Rouennais, a commencé sous un ciel menaçant dans le jardin de la cour d’Albane jouxtant la cathédrale. La visite avait pour thème l’histoire complexe et paradoxale de la préservation et la mise en valeur patrimoniale rouennaise.

 Ce fut l’occasion de nous expliquer que les abords des cathédrales étaient tout à fait différents au Moyen Âge puisque les cathédrales étaient entourées de maisons. Or au XIXsiècle, la mise en valeur des Monuments passait par une isolation en détruisant les maisons alentours. C’est ainsi que la vieille maison canoniale à pans de bois de la rue Saint-Romain, datant environ de 1460, aurait dû être détruite mais une souscription fut signée pour qu’elle soit conservée. Elle est d’ailleurs désormais classée au titre des Monuments Historiques (en 1927).

DSC07457L’histoire du secteur sauvegardé de Rouen, l’un des premiers qui était à l’origine restreint à 35 hectares, fut illustrée par le commentaire de quelques bâtiments notamment à travers l’exemple de l’hôtel d’AXA, premier bâtiment reconstruit de façon moderne situé aux les abords de la cathédrale. Cette modernité recherchée contraste avec la volonté de multiplier les pastiches dans ce même secteur. Ainsi, après 1930, le quartier de l’Horloge protégé en « site inscrit » a été reconstruit dans un style ancien. Cette protection existe toujours même si celle-ci ne sert pas. Mais à partir de la Déclaration de Venise, l’architecture contemporaine a été privilégiée aux pastiches. Le long de la cathédrale, la rue Saint-Nicolas gardent des traces du XIIIe siècle.

Rue eau de Robec RouenLa visite s’est poursuivie dans la très pittoresque rue Eau-de-Robec appartenant à l’ancien quartier occupé par des teinturiers et tisserands qui utilisaient l’eau apportée par le Robec jusque dans les années 1880[1]. Réhabilité dans les années 1970,  un ruisseau artificiel tournant en circuit fermé simule la présence de la rivière du Robec canalisée en 1939 pour des raisons de salubrité et  pose la question de l’authenticité. Cependant, les maisons présentent encore des « greniers-étentes » (avancées importantes des toits protégeant le dernier étage ouvert sur la rue qui permettaient de sécher les draps) qui nous permettent d’imaginer l’activité intense qu’il y pouvait y avoir dans le quartier.

Par la suite, nous avons pu découvrir l’ampleur des proportions de l’église abbatiale de Saint-Ouen, un des Monuments Historiques les plus prestigieux de Rouen dont le chantier, ralenti par la guerre de cent ans, a duré deux siècles.

Rouen, rue d'Amiens, hôtel d'EtancourtLe passage dans la rue d’Amiens nous a permis de découvrir un exemple de Monument Historique transplanté et disloqué à Rouen. Les façades que nous voyons de la rue viennent de  l’hôtel particulier d’Etancourt (XVIIe  siècle) situé à l’origine entre la rue du Gros Horloge, au niveau du n°73, et la rue aux Ours. Pour éviter la destruction suite à l’installation du magasin Monoprix dans ce lieu, les façades inscrites depuis 1933 sont remontées rue d’Amiens. Sa façade est ornée depuis 1970 de moulages des statues originales représentant les quatre éléments et les dieux de l’Olympe, qui étaient, à l’origine, dans une cour intérieure.

Nous avons continué notre visite en nous attardant sur l’histoire du Palais de justice de Rouen et sa salle des Procureurs du XVe siècle. Son écroulement partiel au XIXe entraina une reconstruction privilégiant cependant le pastiche.

DSC07469> Nous avons déjeuné dans le célèbre restaurant « La Couronne », plus vieille auberge de France dont les premières traces officielles de son existence remontent à 1345. Cependant Alain Robinne, architecte et urbaniste de formation, nous fit la  confession que la façade à pans de bois actuelle ne date que de 1926 puisque c’est son père, André Robinne, qui s’appuya sur les dessins du « Livre des Fontaines » pour la reconstituer à l’identique dans son état de 1525. La façade résista miraculeusement au bombardement du 19 avril 1944 qui détruisit complètement le restaurant ainsi qu’à un incendie en 1988.

> Après le déjeuner, nous avons pu découvrir le tout récent mémorial de Jeanne d’Arc ainsi qu’une visite guidée de l’église Saint-Maclou par Alain Robinne en sa qualité de vice-président de l’association des Amis de Saint-Maclou. Chef d’œuvre de l’architecture gothique flamboyante, étonnante de régularité et si caractéristique de l’architecture normande, elle fut construite de 1436 à 1521. Elle est remarquable par l’originalité de son plan, la hardiesse de sa structure et la richesse de son décor sculpté. Nous avons pu apprécier sa façade occidentale, précédée d’un magnifique porche à cinq baies, disposées en arc de cercle ainsi que son intérieur sobre avec des piliers profilés de nervures prismatiques, sans chapiteaux, donnant au vaisseau central un fort élan vertical, et sa tour lanterne dont la voûte s’élève à plus de 40 m. de hauteur, véritable prouesse technique. Malheureusement victime de deux bombes le 4 juin 1944, la chapelle Sainte-Clotilde a été entièrement détruite ainsi que trois piles du chœur.

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Selon Monsieur Robinne, pour que ce joyau soit totalement remis en état, il reste à faire d’abord un véritable bilan sanitaire des couvertures et des chéneaux pour vérifier l’étanchéité de l’église et reprendre la chapelle Sainte Clotilde. Un entretien régulier doit être assuré.

Pour conclure ce congrès, une visite de l’aître de Saint-Maclou était proposée par Paul- André Sement. Ce cimetière paroissial désaffecté a cette particularité presque unique en Europe d’avoir conservé son charnier. Les colonnes de pierre qui soutiennent les trois galeries construites de 1526 à 1533 portent sur leur fût des personnages illustrant le thème de la danse macabre où figurant les sibylles. Bien que l’ensemble ait été très mutilé lors de la révolte des Huguenots en 1562, nous pouvons encore apprécier la finesse de ces sculptures, notamment au niveau des chapiteaux.

Merci de votre participation et merci à notre délégation rouennaise pour leur accueil si chaleureux!

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[1] Flaubert qui habita la rue a écrit concernant le Robec « La rivière, qui fait de ce quartier de Rouen comme une ignoble petite Venise, coulait en bas [… ] jaune, violette ou bleue, entre ses ponts et ses grilles. Des ouvriers, accroupis au bord, lavaient leurs bras dans l’eau. Sur des perches partant du haut des greniers, des écheveaux de coton séchaient à l’air. En face, au-delà des toits, le grand ciel pur s’étendait, avec le soleil rouge se couchant