EDITO – Tempête sur les Églises, tempête sur le Segréen
Combien de fois aura-t-on dit ou écrit dans le débat public, pour exprimer le bon sens : « Il faut remettre l’église au milieu du village ».
La maire de Segré-en-Anjou-bleu dans le Maine et Loire ne paraît pas avoir été pourvue de cette sagesse, puisque, suivant l’exemple de ses prédécesseurs, elle va continuer à faire de plusieurs anciennes communes de la communauté, qu’elle préside, des bourgs sans église. L’année dernière, elle s’était pourtant engagée électoralement à conserver, remettre en état ou rénover les églises des anciennes communes qu’elle souhaitait administrer…
Excusez du peu, trois églises paroissiales et deux chapelles étaient, nous avait-on dit de bonne source, dans le viseur de la municipalité.
Après plusieurs communiqués de presse émanant de nos délégués régionaux et départementaux, la maire de Segré-en-Anjou-Bleu a dû reconnaître publiquement que l’église paroissiale de la Ferrière-de-Flée était bel et bien frappée par ses intentions destructrices.
Mais cette édile locale a juré, si je puis dire, “ses grands dieux” que les quatre autres édifices cultuels étaient désormais hors le plan de destruction.
Patrimoine -Environnement n’est pas née de la dernière rosée angevine. Elle a une solide mémoire et des archives : celles-ci lui rappelle les noms des communes et communauté paroissiales qui, en Maine- et- Loire, n’ont plus qu’un trou au milieu de leur bourg :
- le fief Saint-Savin
- Saint-Aubin-du-Pavoil
- Gesté
- Saint-Georges-des-Gardes
A cela il faut rajouter l’église de l’église Saint-Gemmes-d’Andigné qui n’a échappé de peu à la pelleteuse que parce qu’elle a été inscrite au titre des Monuments Historiques.
Ces actions violentes ont fait du diocèse d’Angers le champion de France de la déconstruction puisque c’est la manière pudique de nommer ce nettoyage patrimonial.
À creuser plus profond, chacune des histoires locales, on serait presque tenté de plaindre ces petites communes qui sont en train de perdre jusqu’à leur nom et qui n’auront, bientôt plus d’autre mémoire que cette appellation « de Segré-en-Anjou la Bleu » qui se donne des allures de station du Club Méd.
Mais, le plus douloureux, le plus difficile à admettre est que l’évêque du lieu, il l’a fait savoir dans un communiqué, reproduit dans la presse locale (le Courrier de l’Ouest), a donné son accord pour cette œuvre des ténèbres.
Ce successeur des apôtres n’a pas compris que, depuis la Loi de séparation des Églises et de l’État, sa mission n’est pas seulement d’adapter la taille de ses églises à la population catholique du moment, mais aussi de préserver les racines de tout un peuple, même incroyant, dont les ancêtres ont construit ces lieux en refusant que soient détruits des bâtiments qui marquent une civilisation bimillénaire et, dans l’histoire plus récente, les ont reconstruits après les grands incendies provoqués par la guerre civile.
Mais nous estimons de notre devoir de fédération, reconnue d’utilité publique, d’empêcher la disparition du patrimoine du XIXème siècle en Anjou.
Nous n’avons évidemment pas l’intention de nous mêler des affaires de l’Église catholique, même si un de nos fondateurs s’appelait Paul Claudel. Mais nous estimons de notre devoir de fédération, reconnue d’utilité publique, d’empêcher la disparition du patrimoine du XIXème siècle en Anjou.
Sur le fond nous ne pouvons que renvoyer à l’excellent article signé de Guy Massin-Le Goff, l’un des spécialistes de l’architecture du XIXème siècle et représentant de notre fédération à la Commission départementale des objets mobiliers, paru en 2009.
Nous demandons pour commencer, respectueusement mais fermement, la disparition de cette pseudo commission diocésaine qui n’existe ni dans le droit civil qui ne connaît que « l’affectataire » d’un lieu de culte, ni dans le droit canonique.
Restera alors au préfet de Maine et Loire de faire cesser l’hémorragie et à la Ministre angevine de la culture de lui apporter son appui.