Le documentaire Arte : « La Face cachée des énergies vertes »

La Fédération Patrimoine-Environnement œuvre pour la protection des paysages et de l’environnement. La question des éoliennes intervient dans cette préservation. Un documentaire Arte signé Guillaume Pitron et Jean Louis Pérez, s’interroge sur les ambitions des pouvoirs publics dans le secteur de ces énergies dites vertes. Nous revenons sur ce documentaire qui témoigne une prise de conscience de ces problèmes.

« Et si la promesse des énergies propres n’était qu’un leurre… Le remède ne risque-t-il pas d’être pire que le mal des énergies fossiles ? » C’est la question que pose le documentaire La Face cachée des énergies vertes, disponible sur le site de Arte. Ce documentaire montre l’envers du décor de ces énergies dites « propres ». C’est le cas des éoliennes ou des voitures électriques présentées comme des solutions pour limiter la pollution des centres-villes et la production de gaz à effets de serre. Ce documentaire démontre que « tout a un impact » et que leur production nécessite l’extraction de métaux rares qui a un effet négatif sur d’autres régions du monde. Pour montrer les effets pervers de la révolution verte, cette enquête ambitieuse, inspirée de l’essai de Guillaume Pitron « La guerre des métaux rares » (Les liens qui libèrent, 2018), voyage d’un bout à l’autre de la planète.

« On a des pollutions multiples qui font que ce sont des zones entières de la planète qui sont polluées et comme, de toute façon, nous vivons tous sur la même planète, si on dépollue le centre-ville avec des voitures électriques, mais que l’on pollue le reste de la planète, au final, les gaz à effet de serre ne diminuent pas. C’est bien le paradoxe de cette transition énergétique », explique le coréalisateur du film, Jean Louis Pérez.

Technologies vertes mais polluantes. Cette vaste enquête menée à travers le monde révèle les effets pervers des solutions propres pour parvenir à la transition énergétique.

Face au changement climatique, de nombreux pays se sont engagés dans la transition énergétique. En 2015, lors de la COP21, des objectifs ont été fixés dans le but de réduire les gaz à effet de serre, ce qui a largement favorisé le développement des énergies vertes : la voiture électrique est ainsi devenue le symbole de la révolution technologique. Cependant, les constructeurs restent discrets sur le bilan carbone de leurs automobiles « zéro émission ». Notamment car, d’une part, elles consomment une électricité pas toujours propre comme celle des panneaux solaires et des éoliennes, et d’autre part, car elles nécessitent l’utilisation de métaux rares (néodyme, cérium, cobalt, lithium, etc.) dont l’extraction est néfaste pour l’environnement. Ce paradoxe nourrit cette idée que pour que l’air de nos centres-villes s’allège en particules fines, la pollution est délocalisée dans des pays émergents, engageant la santé de leurs habitants.

Les équipes de tournage se sont rendues en Chine afin de montrer l’envers du décor de cette transition écologique. Dans cette région du monde à Heilongjiang, il est utilisé massivement les métaux rares. Un tapis de poussière toxique s’est donc formé recouvrant les terres agricoles qui deviennent de moins en moins fertiles provoquant des cancers et faisant des mineurs les « gueules noires » du XXIe siècle : « Les Chinois payent un tribut humain particulièrement lourd pour permettre à notre civilisation de passer au vert » comme il est exprimé dans le documentaire.

Les enjeux économiques et politiques sont au cœur de ces problématiques écologiques. Par ailleurs, en misant sur ces énergies vertes polluantes, les pays occidentaux ont échangé leur dépendance au pétrole contre une nécessité d’acquérir des métaux rares, un choix qui pourrait leur coûter cher sur le plan économique. Face à cette réalité, différents intervenants présentent les dangers de cette dépendance. Ces deux journalistes se sont entretenus avec des chercheurs, des ingénieurs, des activistes écologiques, des scientifiques, des ouvriers, des habitants, des politiques comme Arnaud Montebourg, ancien Ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique ou encore des industriels tel que Gwenaelle Avice-Huet directrice générale adjointe dans le groupe ENGIE. Cela montre à quel point cette question est multiple et complexe.

Le documentaire conclut d’une manière alarmiste sur un tournant à engager concernant les façons de produire et de consommer. Les conclusions incitent à prendre une direction différente : celle d’une transition fondée sur la sobriété. Elles permettent de s’interroger et invitent à ouvrir un dialogue avec différents acteurs de cette transition. Dans ce cadre, Patrimoine-Environnement s’engage et ouvre le débat démocratique, notamment par ses actions et par différentes prises de position. C’est le cas de la lettre ouverte adressée au Président de la République sur l’éolien ce 18 juin 2020.

Disponible sur le site de Arte du 17/11/2020 au 22/01/2021
Prochaine diffusion à la télévision le mercredi 16 décembre à 09:25

Patrimoine-Environnement s’engage : La lettre ouverte du 18 juin 2020 au Président de la République sur l’éolien des associations nationales et internationales

« Le 18 juin 2020

Objet : Lettre ouverte au Président de la République

Monsieur le Président,

En soulignant, le 14 janvier dernier, que « le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir », que « la capacité à développer massivement l’éolien est réduite » et « qu’on ne peut l’imposer d’en haut », tandis que Madame Elisabeth Borne reconnaissait l’existence de « saturations visuelles absolument insupportables », vous avez redonné espoir à tous ceux qui luttent contre une agression environnementale inouïe par son ampleur et sa brutalité.

Nous souhaitons vous alerter sur l’urgence de la traduction en actes de cette orientation nouvelle :

Chaque semaine de nouveaux projets éoliens sont autorisés par les préfets dans des sites emblématiques malgré l’opposition des riverains, des maires, des commissaires enquêteurs, des architectes des Bâtiments de France, comme sur les sites de la cathédrale de Sées dans l’Orne ou de Banyuls dans les Pyrénées orientales.

Ces véritables coups de force administratifs provoquent désormais une très vive hostilité des populations riveraines. […] 

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D’autres acteurs s’engagent
  • A l’occasion du décès de l’ancien Président de la République Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Louis Butré, Président de la Fédération Environnement Durable rappelle la préface que l’ancien Président avait signée pour son ouvrage « L’imposture. Pourquoi l’éolien est un danger pour la France. » publié en 2008.

« C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris  le décès de Valery Gisgard d’Estaing. Voici la préface qu’il avait eu la gentillesse d’écrire pour mon livre  » L’imposture. Pourquoi l’éolien est un danger pour la France » publié en 2008. Je souhaite que Mr le Président Emmanuel Macron qui connait les conséquences désastreuses de l’éolien ait le courage d’arrêter cette erreur stratégique.

Jean-Louis Butré »

VALÉRY GISCARD D’ESTAING 

Paris, le 2 5 juillet 2008

Cher Monsieur le Président, Nous avons souvent parlé du scandale financier et environnemental des éoliennes et je vous ai encouragé à l’expliquer publiquement avec clarté. Avec honnêteté aussi car c’est, à mon avis, ce qui manque aujourd’hui dans toutes les démonstrations officielles de promotion des énergies renouvelables. Or, le développement inconsidéré – j’allais dire irresponsable – des éoliennes ne résiste pas à l’analyse de quelques vérités et de quelques chiffres simples. Avec vos talents de pédagogue vous saurez les décortiquer pour informer complètement l’opinion, mais aussi les élus locaux et les représentants de la puissance publique sur le terrain. II s’agit de dénoncer un gaspillage inacceptable des fonds publies, un discours officiel trompeur, un « business » souvent douteux : vous saurez le faire sans polémique mais avec la vigueur et la franchise que je vous connais Il s’agit aussi de préserver les paysages de France, nos campagnes et bientôt notre littoral menacé lui aussi : vous saurez le faire avec cœur, avec toute la passion que vous avez pour la beauté de notre pays ! Puisse la France, grâce à vous, grâce à ce livre, ouvrir les yeux sur la réalité des vraies énergies renouvelables et éviter ainsi de commettre une erreur stratégique…

  • « En réponse à la lettre ouverte au Président de la République des promoteurs éoliens » Fabien Bouglé essayiste, auteur d’«Eoliennes la face cachée de la transition écologique », Catherine Boutin, coordinatrice de l’association Pour Un Littoral Sans Eolienne (PULSE), Jean-Louis Butré, Président de la Fédération de l’Environnement Durable (FED), Denis de Kergorlay, co-auteur d’« Eoliennes : chronique d’un naufrage annoncé », Julien Lacaze, Président de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF), Hubert de La Raudière, coordinateur d’« Energie Vérité » et Daniel Steinbach, Président de l’Association « Vent de colère » signent ce communiqué de presse.

L’objectif étant de proposer un débat démocratique apaisé et objectif vers un projet fédérateur : la transition énergétique.

 « La transition énergétique n’a rien à voir avec la lutte contre le réchauffement climatique.

SER et FEE, deux syndicats de l’énergie éolienne, soutenus par quelques associations écologistes, trois élus régionaux et des organismes de finances solidaires, ont adressé au Président de la République un plaidoyer pro domo. Cette démarche est singulière, et traduit une réelle inquiétude des promoteurs éoliens : Les territoires victimes du déploiement de ces machines industrielles qui leur est imposé, sont de moins en moins réceptifs à la bien-pensance de la « Transition Energétique » et de ses discours lénifiants et partout l’exaspération grandit.

La France produit en effet l’électricité la plus décarbonée d’Europe (8 à 10 fois moins qu’en Allemagne, pourtant la championne européenne de l’éolien). Lutter contre le réchauffement climatique, pour la France, ne devrait donc pas consister à déstructurer son système de production électrique ainsi que l’ambitionne la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE). Imaginer que la décarbonation de l’économie se fera en couvrant le pays d’éoliennes est absurde. […]»

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