Le béton de chanvre : un matériau d’avenir ?
Qu’est-ce que le béton de chanvre ?
Le béton de chanvre est un matériau de remplissage isolant et écologique. Conjuguant les qualités du chanvre et de la chaux, il assure une isolation répartie de la construction, réduisant significativement les ponts thermiques. La nature hygroscopique du chanvre dote les parois d’une respiration saine et naturelle, évitant l’effet « boîte étanche », et l’inertie apportée par les transferts hygrothermiques au sein de la paroi améliore les conforts d’été et d’hiver.
Le béton de chanvre permet d’atteindre les objectifs énergétiques les plus ambitieux. De plus ses performances dépassent actuellement les critères réglementaires d’évaluation des performances thermiques. Ressource à 75 % renouvelable (en volume), le béton de chanvre est issu d’une production agricole annuelle à rendement important et ne nécessite pas d‘intrants phytosanitaires (insecticides, fongicides, désherbants). Production à faible énergie grise incorporée, elle présente également un bilan carbone positif, notamment par la quantité de CO2 captée lors de la culture du chanvre.
Les apports du béton de chanvre
– La régulation hygrique : le béton de chanvre va toute sa vie stocker les excédents d’eau et compenser les éventuelles insuffisances d’humidité au sein de l’ouvrage, assurant un taux d’Humidité Relative dans l’air ambiant, constant et sain compris entre 50 et 55%.
– L’écrêtage des températures : cette propriété repose sur le phénomène de changement de phase de l’eau contenu dans le Béton Chanvre qui permet d’absorber 95 % de la variation des températures extérieures en été comme en hiver pour un confort de températures intérieures en toutes saisons (confort été / confort d’hiver).
– La constance de la température surfacique des murs intérieurs: Cette stabilité assure une température intérieure ambiante stabilisée pour un confort accru des occupants. Elle supprime l’effet « parois froides » si fréquent dans le bâti. Dans ces deux cas, se produit une compensation des variations climatiques grâce à cette régulation naturelle.
Du fait de la capacité de ce matériau à gérer la présence de l’eau, le béton de chanvre peut aujourd’hui devenir un matériau incontournable. Cette eau se diffuse par capillarité et migre au travers des parois. L’enjeu consiste à favoriser ce fonctionnement pour pérenniser un bâtiment situé de plus dans un environnement géologique difficile comme les milieux humides.
Un exemple de réhabilitation parisienne
Aujourd’hui un immeuble parisien, situé rue de la Huchette, va servir de modèle pour d’autres restaurations à venir à Paris. Au 18 de la rue de la Huchette, le temps a passé et un programme de modernisation extension a été confié par la RIVP Maître d’ouvrage à l’agence DLA (Dumont Legrand Architectes), Maître d’oeuvre aux cotés de LM Ingénieur.
La Mairie de Paris est propriétaire du bâtiment, qui, une fois rénové accueillera des logements locatifs (2 studios par étage), desservis par un escalier (dérogation à l’installation d’un ascenseur), un local commercial au rez-de-chaussée et sous-sol.
Face à ce bâtiment du XVIIIe siècle, les questions fondamentales de la transformation d’un ouvrage ancien, de son adaptation à la vie actuelle, du respect des normes constructives de référence tout en respectant une identité architecturale et environnementale d’époque étaient posées. L’adjonction d’une partie contemporaine et son insertion dans un environnement historique venait compléter la réponse architecturale.
La restauration a été guidée par une ambition écologique et des contraintes techniques fortes dans un cadre historique dense. La méthode développée par les agences DLA et LM Ingénieur « se situe entre une méthode dite « Monuments Historiques » et une approche environnementale.
Les constructeurs du passé respectaient logiquement la perméabilité des murs anciens et la migration de l’eau au travers des parois (vapeur d’eau émise notamment par les occupants). Judicieusement ils utilisaient des matériaux et des mises en œuvre compatibles, du maçonnage jusqu’à la finition, pour une perméance globale assurant l’équilibre hygrique des parois : condition essentielle à la longévité des mortiers de maçonnage ! Ainsi que l’écrit l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) « si l’on choisit un isolant il faut dans tous les cas se pencher sur un isolant perméable à la vapeur d’eau ».
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