L’abbaye de Sénanque est en péril !
Contactés début décembre par Gérard Lebouchet, président de l’association Les Ateliers de Gordes, membre de Patrimoine-Environnement, nous rédigeons cet article pour avertir sur le sort de l’abbaye Notre-Dame de Sénanque et de la menace qui pèse sur son église, symbole du Vaucluse et de la Provence.
Une partie de l’édifice du XIIème siècle est en péril : l’église abbatiale menace de s’écrouler. Il faut près de deux millions d’euros pour la restaurer et la sauver !
Située dans le Parc naturel du Lubéron, à quelques kilomètres de Gordes, classée Monument historique en 1921, l’abbaye de Sénanque est l’un des plus authentiques témoins de l’architecture cistercienne primitive.
Le monument est aujourd’hui la propriété privée de la « Congrégation des cisterciens de l’Immaculée conception », domiciliée à Lérins, et accueille plus de 400 000 visiteurs chaque année, deuxième monument le plus visité du département après le Palais des papes.
Un peu d’histoire
Le monastère est fondé en 1148 par des moines cisterciens venus de Mazan, en Ardèche. Rapidement, en 1150, il devient abbaye et fait ainsi partie des « trois sœurs provençales », qui témoignent du grand rayonnement de l’ordre cistercien en Provence, avec l’abbaye de Silvacane et l’abbaye du Thoronet.
Le chantier de construction s’étalera sur près de 60 ans et sera achevée en 1220. Le monument traversera les siècles, dans sa quasi totalité, à l’exception du bâtiment des convers détruit en 1544 pendant les guerres de religion.
Les XIIIème et XIVème siècles marqueront l’âge d’or de Notre-Dame de Sénanque, qui accroît alors son domaine, son pouvoir et son influence.
Mais au siècle suivant, la situation de l’abbaye se dégrade et la communauté manque de disparaitre.
L’abbaye sera finalement vendue comme bien national en 1792 à un acquéreur qui a pris le soin de la préservée de toute destruction en cette période troublée, et qui l’a même consolidée.
En 1857, une communauté de Frères se ré-installe à l’abbaye qui a depuis retrouvé sa vocation d’origine. En effet, en 1926 le bien est racheté et Notre-Dame de Sénanque devient dès lors prieuré de l’Abbaye de Lérins.
Des travaux urgents
Menaçant de s’écrouler du fait d’un état de vulnérabilité alarmant des éléments structurels, l’église abbatiale a urgemment besoin de divers travaux. Des contraintes excessives sur les fondations, des murs pignons désolidarisés des murs gouttereaux, des devers sur les murs gouttereaux allant jusqu’à 10 centimètres au sommet, et la voute de la nef en limite de stabilité sont autant de signes qui poussent à tirer la sonnette d’alarme.
La solution préconisée consiste à édifier des contreforts qui permettrait de contrebuter le bas-côté Est, à remailler et couliner les fissures, et à reconnecter les murs pignons aux murs gouttereaux. Cela permettrait non seulement de sauver l’édifice, mais également de préserver l’harmonie de l’ensemble architectural.
En attendant, il a fallu étayer d’urgence le bas-coté Est de l’abbatiale avec l’installation d’un échafaudage de 35 tonnes, pour prévenir tout risque sismique qui s’avérerait destructeur, même à faible intensité.
Historiquement, le bas-côté Est était contrebuté par le terrain naturel. Une chapelle a ensuite été construite au XIXème siècle et servait de contrefort qui soutenait l’église abbatiale. Mais la chapelle a été détruite en 1974, fragilisant grandement l’édifice.
Les appels pour sauver cette richesse architecturale et patrimoniale, typique de l’esprit cistercien du XIIème siècle, se multiplient : le Député du Vaucluse Julien Aubert appelle Franck Riester, ministre de la Culture, à engager des fonds substantiels pour sauver le monument. Mais également Stéphane Bern qui se bat pour que l’abbaye de Sénanque participe au prochain loto du patrimoine, ou encore Élie Semoun qui fait appel « à votre bon cœur » dans une vidéo.
Deux souscriptions en ligne ont été lancées par la Congrégation des Cisterciens de l’Immaculée Conception, propriétaire de l’abbaye de Sénanque :
