La biodiversité commence à être un vrai problème en Île-de-France
500 chercheurs venus de 130 pays vont présenter à Paris, à partir du 6 mai, la première évaluation mondiale des écosystèmes depuis près de 15 ans fondée sur 15.000 articles scientifiques et ainsi proposer aux gouvernements des pistes d’actions pour préserver la biodiversité.
Ce qui semble ne pas être une préoccupation majeure en France : que ce soit le cas à Beynac (Dordogne) dont on a évité de justesse une déviation routière mettant à mal une réserve de biosphère ou même en Ile-de-France où le projet du Grand Paris permet une densification toujours plus forte.
C’est le cas à Septeuil (Yvelines) où l’association « Sauvons la Tournelle » nous avait alerté en mars 2017 du projet de modification du PLU de Septeuil (Yvelines) pour permettre la réalisation d’un projet immobilier de grande envergure venant porter atteinte aux espaces verts et aux espaces boisés. Nous avions alerté le préfet et aidé l’association à contribuer à l’enquête publique. En mars 2018, le commissaire-enquêteur avait rendu un avis défavorable. En mai 2018, la municipalité a décidé de reconduire un nouveau projet de zonage sur le site de la Tournelle, dans le cadre, cette fois-ci, de la révision du PLU. Depuis, aucun élément n’est venu nous rassurer. D’autres projets, sur la commune sont à l’étude et ont été dévoilés lors de la réunion de présentation du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), avec pour objectif 200 logements supplémentaires en douze ans, lotissement dans le Château de la Garenne, une déviation, une zone industrielle à l’entrée du village, entre autres portant un nouveau coup au patrimoine, à l’environnement, au cadre de vie, au paysage rural.
Sur deux sites du territoire de Septeuil, protégé au titre des espaces boisés classés et en zone naturelle par le plan local d’urbanisme, des stockages conséquents de gravas de chantier, des défrichements sauvages et des constructions sans autorisation préalable ont été constatés sans qu’aucune action de la mairie ne soient menée malgré de nombreuses alertes d’associations. Aucun procès-verbal des infractions n’a été fait concernant le défrichement des zones boisées, les constructions sans demande préalable, les dépôts de matériaux et gravas.
C’est aussi le cas par exemple à l’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), où une des plus anciennes roseraies au monde, conservatoire unique d’espèces rares et anciennes, inscrit au titre des Monuments Historiques et labellisé Jardin remarquable, est menacée par un projet immobilier de luxe de 94 logements en bordure de son mur nord. Ce projet de six immeubles surplombant la roseraie du haut de leurs trois étages, sera au centre d’un nouveau centre-ville alors que la commune doit accueillirune gare du Grand Paris Express.
La Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France (DRIEE) note dans sa décision du 17 avril que le projet, dans les abords de la roseraie, monument historique pourrait « dénaturer de manière significative le paysage remarquable et protégé de ce secteur ».
Dans le permis de construire – ouvert à la consultation du public jusqu’au 2 mai – le promoteur promet « un rideau d’arbres » et une bande de 12 mètres entre les logements et le jardin mais dans la plaquette promotionnelle du futur quartier, les immeubles sont bien au-dessus des quelques arbres plantés.
Compte-tenu de son inscription au titre des monuments historiques, le projet a exigé l’avis conforme de l’architecte des bâtiments de France, qui a d’abord été refusé puis finalement été obtenu lors d’une commission spéciale présidée par la préfecture.
La Mission régionale de l’autorité environnementale (MRAE), dans son avis du 8 mars, s’inquiète des effets délétères de la concentration d’habitants sur la qualité de l’air et l’environnement sonore ainsi que de la destruction prévue des 31 arbres de l’actuelle place jouxtant le jardin. Ces abattages d’arbres entrent par ailleurs en contradiction avec la version révisée du plan local d’urbanisme, qui impose « la non-consommation d’espaces naturels ».
C’est l’objet d’un excellent article par Mediapart, publié ce matin, disponible ici qui souligne également l’aspect économique du projet suscitant de nombreuses interrogations…
Une pétition est également en ligne pour sauver la roseraie de l’Haÿ-les-Roses.
Laurence Deboise,
Service juridique de Patrimoine-Environnement