Hommage à Patrick de La Tour


photo PltNotre délégué-général, Patrick Bayon de La Tour, est décédé le 28 mars dernier dans la nuit, à l’âge de 58 ans.

Je profiterai, si vous me le permettez, de cette tribune pour honorer la mémoire de l’homme qui fut déterminant dans la vie de Patrimoine-Environnement, dans la mienne et bien plus encore.

J’ai rencontré Patrick en 1997 à l’ occasion d’une manifestation patrimoniale.

Notre première action commune s’est déroulée au Salon du Patrimoine qui existait depuis trois ans : nous avions organisé une conférence commune animée par Noel Mouré qui avait rédigé un ouvrage sur la gestion des monuments historiques et à laquelle participait Jean de Lamberty.

C’est ainsi que nous est venue l’idée de créer les Journées Juridiques du Patrimoine qui ont eu pour cadre le Sénat partir de 1998 et pendant quinze ans. Notre équipe comprenait sept personnes : Noel Mouré, Patrick- Xavier de Montgolfier, Marie-Noëlle Martin Laemle, Jean-René Etchegaray et moi-même. Patrick est le second, aprés Marie-Noëlle, avocate à Colmar, à nous quitter.

Ce rendez-vous annuel qui bénéficiait du Haut Patronage du Président du Sénat et du concours précieux de Philippe Richert, vice-président puis questeur du Sénat, a rapidement pris de l’importance grâce à une organisation matérielle menée de main de maître par Patrick de La Tour. Elle a beaucoup été fréquentée par les associations du Patrimoine, les fonctionnaires de la Culture et tous les acteurs du Patrimoine. Michel Clément, tant qu’il est resté Directeur de l’architecture et du Patrimoine au ministère de la Culture, ne manquait jamais d’y rester la journée.

Nous ressentions l’ardente nécessité de l’unité dans ce monde très divisé.

C’est ainsi que Patrick, qui était passionné par « La Tour » – sa propriété de Haute-Loire – et qui était  membre à la fois des VMF, de la Demeure Historique et de la SPPEF tout en pilotant un groupe « clandestin » qui s’appelait « L’Aiguilon », m’a aidé à réunir les huit associations reconnues d’utilité publique dont les présidents  prirent l’habitude de se rencontrer une fois par mois à partir de 2003. En 2005, ce groupe informel fut officialisé par un arrêté ministériel renouvelé en 2010. Les JJP (c’est-à-dire Patrick et moi) étaient indiquées officiellement dans l’arrêté comme « assistant » les huit associations reconnues d’utilité publique.

Ce ne fut pas facile, vous l’imaginez, de concilier « ce bal des égos » : entre les fortes personnalités mais également le concours riche et amical de Michel Fontaine et de Georges de Grandmaison. La discrétion et l’humilité de Patrick qui créditait toujours les autres de ce qu’il avait fait de mieux n’a pas été pour rien dans cette alchimie.

Afin d’éviter les compétitions entre associations, les présidents du G8 prirent l’habitude de nous confier la fonction d’animateurs des réunions. Nous avons ainsi compté auprès des ministres Jean-Jacques Aillagon, Renaud Donnedieu de Vabres, Christine Albanel, Fréderic Mitterrand, Aurélie Fillipetti et Fleur Pellerin.

Lorsque j’ai pris ma retraite professionnelle en 2008, Kléber Rossillon, président de la FNASSEM (Fédération Nationale des Sites et Ensembles Monumentaux), m’a approché pour me proposer le secrétariat général de son organisation. Je lui ai aussitôt dis que Patrick et moi « nous chassions en bande ». C’est ainsi qu’il est devenu secrétaire général adjoint, puis trésorier de la FNASSEM.

Apres son départ du Crédit Foncier où il avait acquis une expérience inégalable comme chargé de la communication du Gouverneur puis comme en charge des grands comptes en région Ile-de-France, nous avons pensé tous les deux que ce serait une bonne idée qu’il devienne salarié de l’institution afin de finir sa carrière professionnelle au service de sa grande passion : le Patrimoine. Il a été nommé délégué-général.

Voulant mettre fin à ses fonctions, Christian Pattyn, ancien directeur du Patrimoine et président de la Ligue Urbaine et Rurale, était parvenu à l’idée que la fusion de la LUR avec notre FNASSEM (que nous avions Patrick et moi proposé de rebaptiser : « Patrimoine-Environnement ») était la solution aux difficultés de gestion de cette vielle institution.

Cette fusion a été réalisée par décret en Conseil d’Etat en juillet 2013.

La complexité juridique et comptable de cette opération n’aurait jamais pu être menée à bien sans le tandem constitué entre Patrick et Eric Duthoo, trésorier de la LUR.

C’est à ce moment que Patrick a appris la récidive de son cancer et que ses arrêts de travail ont commencé.

Depuis 1998, petit à petit, nous avions pris l’habitude de nous téléphoner au moins une fois par jour lorsque ce n’était pas beaucoup plus aux périodes de rush depuis Paris, la Tour, la Bretagne ou la Vendée.

Le jour de ses obsèques, Gilles Bayon de la Tour, présentant la vie de son frère, a voulu prononcer trois mots qui caractérisaient celui-ci : Patrimoine, Famille et Foi. Il l’a décrit comme ayant été toute sa vie un Conservateur du Patrimoine sourcilleux et scrupuleux !

Quant au père Thierry Coureau, son condisciple à l’école des Travaux Publics qui présidait ses obsèques, il a rappelé la qualité du combat qu’il a mené contre la maladie.

Patrick de la Tour repose désormais au Puy-en-Velay non loin de sa Tour.

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Alain de la Bretesche

Président-délégué de la Fédération Patrimoine-Environnement
Président de la COFAC (Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication)
Administrateur de la CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’
Europa Nostra