Eoliennes terrestres : désarroi au Ministère de la transition énergétique
Le ministère de la Transition énergétique, d’Agnès Pannier-Runacher, lance une série de consultations sur les filières de production dans le cadre de la stratégie française Energie-Climat. Ces consultations ont été lancées sous le précédent gouvernement.
Dans son discours programme, la Première ministre n’a pas changé les orientations données par le président de la République dans sa campagne électorale :
-Lancement d’un programme de centrales nucléaires EPR2.
-Développement des énergies renouvelables, sans préciser lesquelles.
-Report à 2050 de l’objectif de la loi actuelle de programmation pluriannuelle de l’énergie pour les éoliennes terrestres.
Justement, pour la consultation sur les éoliennes terrestres, à laquelle participait Patrimoine-environnement, le Ministère était mal préparé et sans réponse face à des pressions et des décisions contradictoires.
D’un côté la Commission européenne annonce une directive annulant les protections de l’environnement et de la biodiversité pour pouvoir planter partout des éoliennes. De l’autre le président de la République et le Gouvernement Borne reportent aux calendes grecques de 2050 les objectifs de la programmation votée par le Parlement, inacceptables pour la population.
Cela fait longtemps que le ministère n’a aucune considération pour la beauté de la France et de ses paysages, beauté toute subjective face à la « nécessité » de développer la production d’électricité éolienne ; mais il lui est beaucoup plus difficile d’admettre que la biodiversité leur est secondaire.
Pour toute justification aux demandes des associations de défense de la nature sur le terrain, qui demandent que la France s’oppose au projet de directive européenne, le représentant du Ministère a répété l’argument que lui servent les promoteurs éoliens : la première menace pour la biodiversité dans le monde est le réchauffement climatique ; mais cette affirmation est fausse : il suffit de penser aux pesticides ou à la destruction des forêts tropicales qui n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique. La Stratégie nationale biodiversité, défendue par l’Office français pour la biodiversité, consiste à appliquer une règle de priorité : d’abord éviter l’atteinte à la nature si c’est possible, à défaut la réduire, et enfin la compenser. Or dans le cas des éoliennes terrestres, il est évident que ne pas construire permet d’éviter l’atteinte à la nature.
Le plus flagrant dans l’impréparation du Ministère est qu’il n’a lancé aucune étude pour l’application du report à 2050 de l’objectif de développement de l’éolien terrestre, engagement du Président de la République et du nouveau gouvernement.
À la réunion de concertation, les institutions techniques RTE, réseau de transport de l’électricité, et l’ADEME, agence de maîtrise de l’énergie, ont représenté de vieilles prévisions en contradiction avec cet engagement.
Or le Président ne faisait que prendre acte de l’inacceptabilité des projets éoliens par les populations, préoccupation des élus et des associations.
Patrimoine-environnement a rappelé qu’on dispose d’une mesure démocratique de cette acceptabilité projet par projet, qui peut être étendue à l’échelle des territoires. Il est donc facile de déterminer les zones propices aux nouvelles éoliennes, sous ce critère impératif.
La mesure de l’acceptabilité d’un projet est l’enquête publique. Les associations, engagées dans le débat citoyen de l’enquête publique, luttent pour en faire appliquer les résultats.
Que l’opposition locale aux éoliennes soit ancienne ou provienne d’un changement récent de l’opinion, il est clair que les nouvelles implantations démocratiquement acceptées seront peu nombreuses et que c’est cela qui limitera le développement de l’éolien terrestre.
Il pourra être tentant pour les promoteurs de remplacer des éoliennes existantes par des plus grandes et plus puissantes. Là encore il faudra que ce soit soumis à enquête publique.
Le Gouvernement, à la suite du Président de la République, s’est engagé à subordonner le développement de l’éolien terrestre au critère de son acceptabilité démocratique. Il faut maintenant que cela se traduise sur le terrain.
Kléber Rossillon,
Président d’honneur de la Fédération Patrimoine-Environnement