Églises menacées de destruction : pourquoi pas un référendum local ?
En 2015, Patrimoine-Environnement proposait déjà le recours systématique au référendum dans les communes et villes concernées, afin de déterminer intelligemment un nouvel avenir. Retrouvez ci-dessous l’article en question, et cliquez sur ce lien pour avoir accès au communiqué de presse de septembre 2015.
Nos églises et nos chapelles font parties intégrantes de nos villes et nos villages. Elles ont traversé les siècles. Mais malheureusement, d’années en années, le nombre d’édifices en péril augmente de manière significative. On en compte désormais environ 400 en 2015, sur l’ensemble du territoire français. Il y a plusieurs raisons à cela : désertion des fidèles, vols et dégradations volontaires, manque d’entretien, coûts de restauration trop élevés, etc. Pour tenter de remédier à ce problème, les initiatives diffèrent.
Certains choisissent de se battre afin préserver ce patrimoine inestimable. D’autres optent pour la réaffectation des lieux ou la vente. Enfin, certains préfèrent la démolition pure et simple… souvent sans même consulter les habitants du village ou de la commune. C’est un fait : trop peu d’élus et propriétaires de lieux de culte jouent le jeu de la démocratie participative. Pourtant, depuis la Charte de l’environnement de 2005, la population a le droit de participer à l’élaboration des décisions qui affectent son environnement, précise l’association.
Réutiliser plutôt que détruire
Il y a d’ores et déjà des exemples concluants qui existent. Des exemples qui prouvent bien que la démolition n’est pas une bonne solution. « Dans les quelques communes où le peuple a été directement consulté, les votants ont majoritairement choisi la restauration », précise Alain de La Bretesche, président de Patrimoine-Environnement, nommé à la Commission nationale des secteurs sauvegardés. Une bonne nouvelle. Sauf que ces bonnes nouvelles restent minimes. D’autres édifices sont actuellement en cours de démolition ou sur la sellette. D’où la nécessité de généraliser le référendum local* afin de trouver des alternatives constructives.
« Des réunions à ce sujet ont lieu un peu partout en France », explique Alain de La Bretesche. « Nous sommes en contact permanent avec des associations locales et nous travaillons sur ce projet avec l’association des maires ruraux, ainsi que les évêques de France ». Il n’est pas rare que des chapelles ou églises soient mises en vente dans des petites annonces, publiées sur le web… Un marché de la vente de ces biens atypiques a d’ailleurs commencé à émerger.
L’essentiel reste d’éviter à tout prix la destruction. « Nous ne voyons aucun problème à ce qu’une église soit désacralisée. Tout dépend de ce en quoi elle sera transformée et de l’utilisation qui en sera faite. Il faut que l’usage soit digne », insiste Alain de La Bretesche. Par digne, il faut entendre bibliothèques, écoles, et autres lieux utiles pour la communauté. Mais pour cela, il faudrait qu’il y ait une vraie prise de conscience…
En 2013, l’église de Plouagat, dans les Côtes-d’Armor, était sauvée grâce à un référendum local. Un bel exemple qui prouve l’intérêt de prendre en compte l’avis de la population afin de décider communément du sort du patrimoine religieux.
*Le référendum local est ouvert à toutes les collectivités territoriales depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003 (art. 72-1 al. 2 de la Constitution). Il est encadré par les articles LO1112-1 s. du code général des collectivités territoriales. Le projet soumis à référendum local est adopté si la moitié au moins des électeurs inscrits a pris part au scrutin et s’il réunit la majorité des suffrages exprimés. À défaut, il n’a qu’une valeur consultative.