Edito – Vers le « déconfinement » du patrimoine… aussi
Remarquable, et même exceptionnelle, cette diffusion télévisée, qui plus est sur une chaîne publique à une heure de grande écoute, d’une série de reportages sur la cathédrale de Notre-Dame de Paris.
Mais, sans mauvais jeu de mots, il ne faut pas que l’arbre cache la « forêt »: le patrimoine connaît, avec la crise sanitaire, une passe difficile, voire précaire qui risque de remettre durablement en cause la nécessaire pérennité qui doit s’y attacher.
Comment accepter, en effet, un abondement (12 millions €) au budget du ministère de la culture qui, dans un premier temps, était prévu s’adresser (certes fort justement) au monde du spectacle et de l’ingénierie culturelle, en ignorant celui du patrimoine et ses nombreux acteurs qui contribuent, avec quel savoir-faire, mais aussi quelle capacité d’invention, à sa conservation, à sa restauration et à sa mise en valeur ?
Demeurerions-nous à ce point sous l’emprise de ce syndrome dissociatif, tant constaté en particulier parmi les pouvoirs publics, qui consiste à cloisonner plutôt qu’à unifier ? Ce qui, en matière de culture, n’est pas si inconvenant …
Un grand effort collectif devrait donc être déployé pour sortir le patrimoine de son marasme, certes passager, du moins l’espérons-nous, mais néanmoins profond.
Les collectivités territoriales n’ont pas attendu l’État pour déployer leurs propres efforts ainsi que l’on peut le constater à la lecture de l’information produite par la Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication (COFAC) qui, dans un tableau de synthèse, a récapitulé l’ensemble des dispositifs mis en place région par région.
Le milieu associatif doit aussi se mobiliser et comme bien d’autres associations, notre fédération continue d’y tenir son rôle en entretenant une fibre patrimoniale citoyenne, en poursuivant son œuvre générale de sensibilisation et d’information, via notamment la présente lettre d’information et nos revues trimestrielles et annuelle, ses voyages, ses groupes de visite …, mais aussi à l’adresse de nos jeunes via le milieu scolaire dans le cadre en particulier de l’éducation artistique et culturelle ou du Concours Scolaire du Petit Journal du Patrimoine.
Il y a donc, plus que jamais, du pain sur la planche et ce n’est pas sur le seul chevet de Notre-Dame qu’il faut que nous nous penchions, mais sur le chevet du patrimoine tout entier.
Notre action de terrain doit être renouvelée et plus s’appuyer en particulier sur nos délégués régionaux et départementaux. Il faut que nous puissions, grâce à eux, entretenir une véritable culture de réseau et développions nos échanges.
Il serait tout autant opportun que nous dialoguions, via la présente lettre d’information, avec nos lecteurs et nous envisageons pour cela d’y introduire un « courrier des lecteurs » à l’instar de ce qui se pratique dans de nombreuses publications.
Ce dialogue, nous souhaitons l’engager, en l’occurrence, sur le traitement réservé localement, pendant cette crise sanitaire, au patrimoine rural, de pays, dont la prochaine manifestation, les Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins a dû être reportée.
Il s’agit, en effet, d’un patrimoine particulièrement fragile qui devrait appeler plus que jamais des mesures de soutien des pouvoirs publics au premier rang desquels devraient se mobiliser en particulier régions et départements*.
Aussi lançons-nous, en la matière, un appel à témoignages pour recueillir vos contributions et vos suggestions éventuelles, afin de le vous faire partager lors de nos prochaines lettres d’information à l’adresse mail : webmaster@associations-patrimoine.org
Merci de vos retours.
Dominique Masson,
Secrétaire général de Patrimoine-Environnement
* N’oublions pas qu’après la disparition d’une ligne budgétaire de l’État anciennement consacrée au patrimoine rural non protégé (PRNP), ce sont les départements qui ont été investis en ce domaine.