EDITO – Patrimoine-Environnement, Paysages, Pompili, Eoliennes
« Ce n’est pas si simple »
Une première chose est certaine : Patrimoine-Environnement ne fait pas de politique politicienne, nous ne penchons ni à droite, ni à gauche, même à proximité de deux élections régionales et départementales.
Il est non moins avéré que nous sommes des pragmatiques : le patrimoine sous toutes ses formes, nous l’avons rencontré avant que certains dogmes n’émergent. Les paysages : c’est notre cadre de vie.
De ces deux chefs : à titre personnel nous pouvons avoir des idées sur la question de l’énergie. Mais nos statuts, notre reconnaissance par l’Etat d’une utilité publique et aussi l’agrément que nous donne le ministère de madame Pompili pour La Défense de l’environnement ne nous autorisent pas à traiter de toutes les formes d’énergie : fossiles ou non, nucléaires ou non.
Mais s’il est question de paysages et d’environnement, nous sommes au cœur de notre mission, que nous exerçons en experts, au moins autant que les membres de la fameuse conférence citoyenne. Et pourtant, malgré la très forte connotation politique de cette nouvelle institution (deux co-présidents, choisis par le CESE : issus, l’un de Terra Nova et l’autre formée à la Ligue Communiste Révolutionnaire) nous nous rejoignons sur un point des 150 propositions formulées par cet aréopage : je cite : « Participation des citoyens, entreprises locales, associations locales, collectivités locales, aux projets d’énergie renouvelable ».
Cette proposition nous est familière à nous, acteurs historiques de la démocratie participative et défenseurs de l’article 7 de la Charte de l’Environnement promulguée dans le préambule de notre Constitution. Elle nous autorise à formuler d’après ce que nous voyons sur le terrain un constat à rajouter à la litanie des heures du psaume : vrai/faux des services de communication de madame Pompili. Non, les Français ne sont pas favorables à 80% à l’implantation d’éoliennes dans leur paysage.
Nous affirmons aussi qu’à notre connaissance, pas une seule association locale n’a, à ce jour, été invitée à participer à un projet d’énergie renouvelable.
Nous constatons encore que dans le projet de loi présenté par madame Pompili à l’Assemblée nationale le mot association n’est pas prononcé et que les collectivités en dehors de la région ne se voient pas offrir, ni par le gouvernement, ni par sa majorité une place dans le processus décisionnel.
C’est ainsi que dans un ensemble communal de la région Centre Val de Loire : le refus des maires, l’avis défavorable du commissaire enquêteur et le rejet dans la consultation numérique de 99% des habitants y ayant participé n’a pas suffit au préfet pour renoncer au projet. De telles situations commencent à éclore un peu partout, comme en Haute-Vienne. Pas plus tard que dimanche dernier, 50 maires de Dordogne ont fait savoir dans une tribune du JDD leur totale opposition à l’implantation d’éoliennes. Les médias s’en font un écho de plus en plus bruyant, renvoyant à madame Pompili comme un boomerang l’arme qu’elle croyait fatale.
C’est sans doute sa propre sensibilité à l’état d’esprit des gens de ce pays qui a conduit Stéphane Bern à écrire dans sa retentissante Tribune du journal Le Figaro :
« L’énergie éolienne pollue gravement la nature et détruit le patrimoine naturel et bâti de la France, ces sites remarquables de beauté et ces joyaux architecturaux dont nous sommes collectivement dépositaires »
Mais notre Fédération ne s’est pas créée uniquement pour dire non. Quel que soit l’avis du Sénat qui délibérera en séance publique d’ici quelques jours nous demandons dès maintenant à nos délégations locales d’écrire à leurs préfets pour leur faire savoir leur disponibilité à participer aux « projets d’énergies renouvelables » pour reprendre une terminologie que le Chef de l’Etat s’était engagé un bel après midi à faire adopter intégralement par le Parlement.
En attendant, nous avons estimé nécessaire de demander au Conseil d’Etat de juger de la régularité de ce mode de gouvernement par circulaire.
On remarquera que c’est l’unanimité de notre bureau qui a pris cet ensemble de décisions. Il est composé d’hommes et de femmes de toutes professions que l’on n’a pas eu besoin de recruter par téléphone. Ils sont bénévoles, volontaires et motivés.
Alain de la Bretesche,
Président de la fédération Patrimoine-Environnement