ÉDITO : Le legs de Jean Giraudoux
« La culture », déclarait André Malraux, en 1963, lors d’un voyage officiel au Québec, « est l’héritage de la noblesse du monde ». Dans un pays de vieille culture comme la France, nous sommes ainsi, en quelque sorte, tous des « héritiers » et, parce que nous avons reçu ce legs collectif précieux, nous avons un devoir de mémoire et un devoir de transmission.
Sur ce plan, notre Fédération ne manque pas de « donateurs ». Souvenons-nous aujourd’hui de ce que l’écrivain Jean Giraudoux fit pour la cause associative que nous continuons à servir.
Dès 1928, il s’insurge dans une tribune publiée par Le Temps contre les dégâts d’un urbanisme désordonné et fonde, avec des urbanistes connus, la « première » Ligue urbaine. Un urbaniste-paysagiste Jean-Claude-Nicolas Forestier, l’homme de la roseraie de Bagatelle, en est le président.
Mais, ce dernier meurt prématurément, en 1930. En 1943, Giraudoux et Raoul Dautry jettent les bases d’une « seconde » Ligue Urbaine et Rurale. Mais, le temps est alors à la Résistance.
La France une fois enfin libre, Raoul Dautry devient ministre de la Reconstruction. Il n’a pas oublié le « legs » de Giraudoux, décédé en janvier 1944 et il appuie le démarrage de la LUR dont la présidence est confiée à Paul Claudel. Le Figaro non plus n’a pas oublié son « ami » et, à titre posthume, publie à la « Une » de son édition du 10 février 1945, le « Manifeste » de la LUR que Giraudoux avait rédigé.
Ce plaidoyer, dénommé « Pour l’aménagement futur du cadre de la vie française », débute ainsi :
« Il n’est pas de citoyen qui, plus que le Français, porte intérêt à cet aménagement moderne de sa maison, de sa ville, de son pays, dont l’étude et la réalisation ont adopté le nom d’Urbanisme, mais il n’en est pas non plus qui ait été jusqu’ici plus dénué de tout moyen de satisfaire cette curiosité et d’exprimer ou d’imposer ses vues ».
En 2013, Patrimoine-Environnement a pris le relais de la LUR, désormais fusionnée avec la FNASSEM, pour soutenir l’aspiration de nombre de nos concitoyens à promouvoir un tout autre urbanisme : un développement des villes qui serait moins laid, des paysages ruraux qui seraient mieux préservés, un patrimoine naturel et architectural qui serait plus respecté.
En porte le témoignage le concours national pour l’embellissement des entrées de villes que nous avons organisé cette année, une nouvelle fois avec nos amis de Sites et Cités remarquables de France.
Les pouvoirs publics qui depuis 2000 ont soutenu ce concours, sans il est vrai risquer de « ruiner » les finances publiques, affichent l’ambition de passer à la vitesse supérieure sur les programmes d’embellissement des entrées de villes. Heureuse initiative que nous jugerons, bien sûr, aux actes !
C’était l’ambition de nos précurseurs. Ce fut le legs de Jean Giraudoux.
À nous de perpétuer son œuvre !
Le président,
Christophe Blanchard-Dignac