EDITO – Départ d’un ami et autres nouvelles
Nous avons appris, comme tout le monde, le départ de Jean-Pierre Pernaut, journaliste et animateur, pour le Paradis.
C’était une belle personne. Il ne se contentait pas, chaque jour vers midi, d’exposer aux téléspectateurs, les actualités du jour, mais il s’était fixé des objectifs et une ligne de conduite pour être utile à ses contemporains.
L’opération « SOS. VILLAGES » qui a fêté l’an dernier son dixième anniversaire, a permis à des centaines de petits commerçants de reprendre des commerces de centre-bourg , voués sans cela à la fermeture.
Il est vrai que les 5 millions de téléspectateurs quotidiens qui se branchaient pour écouter ce que l’on nommait « son 13 heures », constituaient un socle bien utile pour le travail de l’animateur. Encore aujourd’hui le site de « SOS VILLAGE » renferme 11 000 petites annonces qui attendent les repreneurs.
C’est tout naturellement que nos routes se sont croisées lorsque nous avons cherché avec nos partenaires des Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins un parrain illustre pour ouvrir chaque année les opérations. Avec beaucoup de simplicité et de gentillesse, il a accepté cette fonction destinée à rendre plus visible notre opération annuelle. Nous avions l’impression, tellement ses réflexes dans la vie ordinaire ressemblaient à son personnage, défenseur du patrimoine de pays, de l’avoir toujours connu. Nous ferons partie de ceux qui tâcheront de ne pas l’oublier.
Il est vrai qu’il existe une différence frappante, en cette période électorale, entre les politiciens dont le discours n’est que provisoire et des hommes comme Jean Pierre Pernaut ou Stéphane Bern qui vivent une passion pour le patrimoine. Cette passion les habite d’une manière totalement bénévole et elle est pour nous un exemple.
Puisque nous parlons des politiciens, vous devez savoir que le «G7 Patrimoine » a élaboré un texte pour un manifeste, adressé aux candidats à la fonction présidentielle. Patrimoine- Environnement, par son président délégué, a largement contribué à l’élaboration de ce document qui constitue pour nous une base pour un retour vers les belles années du G7 tant il est vrai que plus nous sommes unis, plus nous pouvons bénéficier d’une réelle force en faisant valoir la représentation d’environ 100 000 personnes qui partagent une réelle foi pour le patrimoine et les paysages.
Chers lecteurs, nous vous invitons à vous emparer de ces propositions communes pour les faire valoir pendant la campagne présidentielle, mais aussi lors des législatives qui suivront.
Nous savons bien que les discours électoraux et les promesses qu’ils véhiculent n’engagent que ceux qui les écoutent ainsi que le répétait feu Charles Pasqua. La vie nous appartiendra de rappeler aux élus leurs promesses, en particulier nous demanderons sur tous les tons que le niveau de la protection des monuments, insignes ou non, retrouvent un lustre qui s’éteint petit à petit avec le temps.
Nous-mêmes et nos contemporains sommes accrochés aux appareils qui nous informent en permanence sur les risques de guerre qui pourraient résulter de l’attitude d’un leader russe qu’à tout le moins, nous considérons comme un leader parmi les iconoclastes : après l’antique ville de Palmyre, les destructions volontaires de lieux de culte et de conservation au Soudan et celles des Bouddha de Bamiyan ainsi que le bombardement de Dubrovnik, notre monde, au cœur du même continent, démontre malheureusement que « le plus jamais ça », que nos parents nous ont enseigné dans notre enfance, n’est pas une règle intangible et qu’il est bien difficile d’user des outils que nous a laissé l’immédiat après-guerre tel que l’ONU et un peu plus tard l’UNESCO, sont inadaptés pour empêcher les guerres.
Devant ce désastre, ces villes entièrement anéanties et les risques que court la ville de Kiev chère à nos cœurs de français, depuis qu’aux environ de 1050 on est allé chercher dans ce pays, qui à l’époque paraissait lointain, une princesse pour en faire la reine des francs et devenir ainsi la grand-mère de la dynastie qui a régné chez nous.
Je crains malheureusement qu’il faille relire dans l’ecclésiaste un peu aménagé cette phrase sans laquelle tout cela n’aurait aucun sens : « il est un temps pour démolir et un temps pour bâtir».
Lorsqu’il s’agira de reconstruire l’Ukraine, espérons que l’histoire retrouvera des Jean-Pierre Pernaut.
Alain De La Bretesche – Président de la Fédération Patrimoine-Environnement