Edito – Arrêtons le massacre, Monsieur le Président !
Alors que la pandémie, due au Covid-19, était en France, proche de son paroxysme, le gouvernement a cru bon de signer, presque en catimini, le 21 avril dernier, un décret renouvelant pour 8 ans le Plan Pluriannuel de l’Énergie (PPE).
Que cela signifie-t-il ?
À terme en 2028, près de 20 000 éoliennes terrestres de plus, alors que nous en avons déjà 8000. Ceci pour arriver à une production d’électricité par énergies renouvelables (éolien et solaire) qui ne dépassera pas 5 à 6 % (actuellement 1,9 %).
Pour information, l’hydraulique (barrages et cours d’eau) produit 6,6 %, le charbon 1,5 %, le fioul 1 % et le gaz (russe le plus souvent) 2,7 %.
Sommes-nous des pollueurs importants et inconséquents, comme certains pays émergents tel que la Chine ou l’Inde, ou au contraire hautement industrialisés, comme le sont les États-Unis ?
Non, si l’on en croit EDF qui en 2018 affiche une électricité décarbonée à 92,9%.*
Alors pourquoi et au nom de quelle idéologie vouloir enlaidir nos campagnes, détruire des panoramas superbes en nous imposant des aéro-générateurs industriels, toujours plus hauts, toujours plus puissants et toujours plus coûteux à notre économie encore plus appauvrie par ces deux mois de confinement.
120 milliards d’euros en 8 ans, annoncent dans une tribune collective des spécialistes de tous horizons, emmenés par Stéphane Bern (cf. Le Figaro du 7 mai 2020).
Souvenons-nous que la dette française est déjà égale à une année de notre P.I.B., soit près de 2500 milliards d’euros, soit 35000 € par habitant.
Au nom de quelle idéologie peut-on imposer aux Français une telle dépense ?
Cette idéologie ressemble chaque jour davantage à une nouvelle religion dotée de dogmes auxquels nous serions contraints de croire sans discussion. Elle a aussi un ministère qui, sans se tromper de cible – le réchauffement climatique est une inquiétante réalité – se trompe sur les moyens employés.
En ce qui concerne l’éolien, n’avez-vous pas, vous-même, Monsieur le Président, en début d’année, émis quelques réserves sur l’opportunité d’imposer son développement, imité en cela quelques jours plus tard, par votre Ministre, Madame Borne, qui déplorait l’encerclement par les éoliennes de certaines cités ou hameaux ?
Alors pourquoi Monsieur le Président, et pourquoi Madame la Ministre, ne pas mettre en accord vos paroles et vos actes ?
À quoi servent ces éoliennes, à part enrichir les promoteurs de sociétés, étrangères le plus souvent ? Car sous prétexte de combattre une pollution qui n’est pas due à la production électrique, on en découvre une autre, bien réelle celle-là, visuelle et sonore, qui blesse mortellement notre patrimoine paysager.
Et ceci au mépris de nos activités touristiques et par une regrettable et choquante cohabitation avec nos cités et monuments historiques.
« Les éoliennes ne se fondent pas dans le paysage, elles l’écrasent ». Leur hauteur en bout de pales dépassant maintenant les 200 mètres.
D’autres l’ont compris avant nous, l’Allemagne en particulier, à qui nous vendons nos excédents d’électricité, pourtant à 86 % d’origine nucléaire, qui démonte des parcs éoliens devenus obsolètes et qui supprime des subventions destinées à construire d’autres.
Supprimons, nous aussi, ces subventions en ramenant le prix du kwh éolien racheté par EDF au même prix que le kwh nucléaire, et économisons ces milliards qui seraient si utiles relancer pour notre économie.
Nous sauverons nos paysages et garderons notre indépendance énergétique en ne dépendant ni du vent, ni du soleil, sources d’énergie en évidence trop intermittentes. **
Comme Ronsard qui demandait déjà aux bûcherons de la forêt de Gâtines, prêts à couper les plus beaux chênes : « Bûcheron, arrête ton bras ! ».
Nous vous demandons, Monsieur le Président, d’arrêter le massacre de notre patrimoine paysager, pour notre bien à tous, comme pour celui des générations futures.
Eric Duthoo
Administrateur et Délégué pour la Région Centre Val de Loire de la Fédération Patrimoine-Environnement
Membre de la Commission Supérieure des Sites, Perspectives et Paysages***
*C’est-à-dire sans gaz carbonique, responsable des atteintes portées à la couche d’ozone.
**Dans notre pays, une éolienne ne produit en moyenne que 25% du temps, soit environ 90 jours par an. Arrêtées lorsqu’il y a trop de vent, il leur faut néanmoins un minimum de vent pour produire en général 5 m/seconde, soit 18 Kms/ 1H.
***La Commission Supérieure des Sites, Perspectives et Paysages (CSSPP) a pour objet de classer les plus beaux Sites de France, classement ensuite ratifié ou refusé par le Conseil d’Etat. On pourrait penser que ce classement est une protection suffisante pour écarter tout projet de parc éolien. Il n’en est rien malheureusement, ni même pour les Parcs Naturels Régionaux (PNR), ni pour les Zones Natura 2000, ni pour les ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique).