Ecologie intégrale et écologie culturelle
Nous n’avons pas fini de lire et d’entendre tous les porte-paroles des différentes tendances de l’échiquier politique, tous les intellectuels et bien sûr tous les écologistes y compris les nouveaux adeptes du culte de Gaia : la déesse de la Terre, récupérer les sentences du Pape François dans son encyclique « Laudati Si » qui commence comme le cantique de saint François d’Assise, lequel allait jusqu’à demander à ses confrères de protéger : « notre sœur l’araignée » !
Alors, pourquoi ne pas, nous aussi, nous emparer de ce texte qui prône « l’Écologie intégrale » et mettre en avant le chapitre qui exprime l’avis du souverain pontife sur « l’écologie culturelle » :
« Il y a, avec le patrimoine naturel, un patrimoine historique, artistique et culturel, également menacé. Il fait partie de l’identité commune d’un lieu et il est une base pour construire une ville habitable. Il ne s’agit pas de détruire, ni de créer de nouvelles villes soi-disant plus écologiques, où il ne fait pas toujours bon vivre. Il faut prendre en compte l’histoire, la culture et l’architecture d’un lieu, en maintenant son identité originale. Voilà pourquoi l’écologie suppose aussi la préservation des richesses culturelles de l’humanité au sens le plus large du terme. D’une manière plus directe, elle exige qu’on fasse attention aux cultures locales, lorsqu’on analyse les questions en rapport avec l’environnement, en faisant dialoguer le langage scientifique et technique avec le langage populaire. C’est la culture, non seulement dans le sens des monuments du passé mais surtout dans son sens vivant, dynamique et participatif, qui ne peut pas être exclue lorsqu’on repense la relation de l’être humain avec l’environnement. »
Je ne connais pas assez l’Amérique latine pour imaginer ce que le Pape exprimait lorsqu’il voulait adapter ce principe de protection aux environs de Buenos Aires, mais je sais ce que ce signifie en Europe, depuis le Moyen Âge (que nous avons célébré cette année au cours de la Journée du Patrimoine de Pays et des Moulins), « la prise en compte de l’histoire, la culture et l’architecture d’un lieu ». Par exemple des milliers de moulins établis sur nos rivières par les moines cisterciens, ou les églises de villages qui rappellent à nos contemporains, croyants ou non, qu’il y a une manière de vivre solidaire autour d’un clocher, que l’on retrouve dans la culture que nos parents et aïeuls nous ont enseignée.
Puisse l’évêque de Rome, puisque c’est ainsi qu’il aime être appelé, réussir à convaincre, en commençant par ses frères évêques un peu gallicans par tradition qui l’auraient oublié, que « l’histoire, la culture, l’architecture d’un lieu » ne s’exprime pas par un amas de pierres mortes, mais par des pierres bien vivantes dans le cœur des gens !
Alain de La Bretesche
Président de Patrimoine-Environnement
Administrateur de la CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’’Europa Nostra