Des noix à moudre pour le Moulin des Andrivaux
Après un sommeil de quarante-quatre ans, le moulin des Andrivaux à Maclas (Loire, Rhône-Alpes) retrouve son activité grâce aux travaux de restauration entrepris par son propriétaire, Monsieur Georges Desseux.
Le moulin en cinq dates
Le premier acte mentionnant le moulin à huile des Andrivaux remonte à 1838. Il entre dans la famille Desseux en 1912 et est exploité par Paul Vallot de 1947 à 1968 : la meule tourne une fois par semaine et une fois l’an on produit de l’huile de noix. Trois kilos de graine de colza sont nécessaires pour obtenir un litre d’huile.
Après trente-cinq ans d’inertie, Georges Desseux entend sortir le moulin en pierre de sa torpeur : il entreprend sa restauration en 2003. Il s’agit dans un premier temps de dégager la roue ensablée sur un mètre de haut ainsi que le canal en bois aval de la roue du ruisseau, remplacé depuis par un canal en pierre. S’ensuivent la réfection de la cheminée, la réparation de la roue, de la virole intérieure, de la goulotte d’arrivée d’eau, un coup de peinture et de graissage des pignons et le moulin s’offre une deuxième jeunesse. Enfin, « se fait offrir » serait plus juste… la remise en état n’a pas été une sinécure pour Georges Desseux qui, bien qu’aidé par sa famille et amis, a bien cru ne pas parvenir à tirer un filet d’huile de son moulin.
On est en 2013. En février, la meule entre en action, en mars quelques réglages sont apportés et le 3 avril, la virole laissait s’échapper douze litres d’huile de noix !
Mais la restauration d’un moulin et sa remise en activité ne demandent pas que de l’huile de coude et du savoir-faire : une bonne dose de patience et d’acharnement sont nécessaires pour faire face à l’administration et la juridiction non inquiets à l’idée de voir disparaître un patrimoine séculaire.
L’affaire débute en mai 2009. Georges Desseux reçoit un courrier de la DDAE (Dossier de Demande d’Autorisation d’Exploitation) des suites d’une plainte d’un pêcheur : il a jusqu’à octobre 2009 pour mettre la prise d’eau du bief en conformité avec l’article L 214-18 du code de l’environnement. Afin de sauvegarder le bief et le moulin et faire face aux ennuis juridiques, l’Association du Bief des Andrivaux est créée en juin 2009. Des travaux de rehaussement du seuil du bief sont réalisés en août. Ils sont jugés insuffisants par l’ONEMA (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques). D’autres suivent un an plus tard : le barrage de la rivière est alors ouvert sur une largeur légèrement supérieure à celle de la prise d’eau du bief.
Après de multiples convocations avec la gendarmerie, il apparaît urgent de présenter une étude d’un Bureau agréé afin de mettre fin à l’affaire. De nouveaux travaux sont réalisés en 2011 conformément aux préconisations du rapport. C’est pourtant une mise en demeure de la substitut du Procureur qui accueille cette entreprise. L’affaire est classée sans suite, puis « déclassée », et pendant ce temps, le moulin, pourtant restauré, est « juridiquement » privé de l’eau du ruisseau la Faye. Enfin, en 2013, la Direction Départementale des Territoires valide une nouvelle étude du bureau Cesame : l’association n’attend plus que le feu vert de la Préfecture pour réaliser les travaux supplémentaires : relever le seuil de 3.5 cm.
Il aura fallu dix ans à Georges Desseux et ses compagnons de fortune pour assurer la renaissance du moulin des Andrivaux. Le 3 avril dernier, en présence du maire de Maclas, Monsieur Alain Fanget et de tous ceux qui ont participé à la restauration, le moulin a transformé 32 kg de cerneaux de noix en douze litres d’huile. Une récompense bien méritée pour ces défenseurs du patrimoine.
Contact :
Association du Bief des Andrivaux : Les Andrivaux, 42520 Maclas
georges.desseux@bbox.fr