Crainte de déclassement pour le canal du Midi ?

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Mardi 19 mars 2013, Robert Marconis, géographe et professeur émérite des Universités, a animé une conférence sur le canal du Midi intitulée : « Canal du Midi : un avenir incertain pour une voie d’eau historique ». Ce spécialiste d’urbanisme et de questions de transports dresse un constat pessimiste sur l’avenir du canal. « Les crédits ne sont pas suffisants pour la remise en état du canal et de ses ouvrages d’art et aucun leadership ne s’est réellement dégagé, en l’absence d’un projet global et cohérent ».

Classé au Patrimoine Mondial par l’UNESCO depuis 1996, le canal du Midi fut, dès sa mise en eau (1681), un remarquable outil économique pour la région Languedoc-Roussillon. Cependant, au fil du temps, le canal s’avère de plus en plus inadapté aux transports de marchandises et se voit concurrencé par d’autres modes (chemin de fer, navigation de plaisance…).

Dans les années 1970, l’activité principale du canal, la batellerie, a progressivement décliné pour laisser place à la navigation de plaisance. De ce fait, l’État, tenant compte de la disparition des barques de commerce et d’une activité désormais saisonnière, a réduit l’entretien du canal et a diminué les effectifs. Cela a entraîné la dégradation progressive du canal. En 1992, l’entretien du canal est alors confié à l’établissement public Voies Navigables de France (VNF) qui a poursuivi la politique mise en place par l’État.

Un canal dégradé …

En 1996, lorsque le canal est classé Patrimoine Mondial, cela a quelque peu enrayé la dégradation grâce à une augmentation des crédits d’entretien. Ce classement a également permis d’éviter le morcellement territorial auquel le canal était voué. Cependant, malgré ce classement prestigieux, le canal n’est pas suffisamment entretenu. L’état de ce dernier est également aggravé par la propagation du chancre coloré, champignon microscopique, qui s’attaque aux allées de platanes. Depuis le début de l’année, plusieurs centaines de platanes ont déjà été abattus.

… mais des démarches actives pour classer ses abords

Si une menace de déclassement du canal a été avancée, les élus des communes, les Conseils généraux, le Conseil régional, les chambres consulaires et les services de l’État ont lancé depuis les années 1990 une démarche progressive pour classer les abords du canal du Midi au titre des « sites ». L’été 2011, une consultation des pôles départementaux de l’État sur un pré-projet de périmètre a été lancée. En 2013, le périmètre sera affiné, des enquêtes publiques seront réalisées et le projet sera soumis à validation du ministère. Les acteurs locaux espèrent un classement en 2014. En outre, aucun communiqué de l’UNESCO n’a fait mention d’un déclassement du canal. Il faut cependant sérieusement se pencher sur la question de l’entretien.

Problèmes de gouvernance

Aujourd’hui, l’urgence est de savoir quel projet doit-on mettre en place pour le canal et qui en sera le porteur ? Sans cela, le morcellement du canal est à nouveau d’actualité avec un risque que les collectivités conçoivent une exploitation économique et touristique à leur échelle, sans vision d’ensemble du canal.

Robert Marconis donne l’exemple de Toulouse : « Cela va être difficile d’effacer 40 ans de « modernisation », notamment aux abords de l’écluse de Matabiau où le béton et des berges mal nettoyées, isolées par d’imposants grillages, donnent une bien triste image de la ville aux voyageurs. On attendait qu’un diagnostic canal accompagne le projet Garonne lancé par la mairie. Rien n’est venu pour le moment, ce qui semble prouver qu’il est plus facile de construire un projet patrimonial autour de la Garonne plutôt que sur le canal du Midi dont l’environnement a été beaucoup plus dégradé. »

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