Bois de Vincennes : les chênes qu’on n’abattra pas !
Traverser le bois de Vincennes en y perçant un nouveau tunnel afin de prolonger la ligne 1 du métro parisien jusqu’à Val-de-Fontenay, tel était le projet d’Île-de-France Mobilités et des communes du Val-de-Marne qui entendaient ainsi être mieux et plus rapidement desservies.
Le prix « à payer » environnemental était particulièrement lourd : 123 chênes centenaires devaient être abattus et pas moins de 6 hectares devaient être déclassés, scellant le sort de milliers d’arbres !
Marquant son opposition au projet, en mai 2021, à cause de son bilan environnemental très négatif, l’autorité environnementale avait été ensuite rejointe par le secrétariat général pour l’investissement, au motif d’un bilan socio-économique tout aussi négatif, ainsi que par la commission d’enquête publique dans un avis négatif, rendu, en mai 2022, à l’unanimité de ses membres.
Les promoteurs du projet ne doutaient pas cependant d’obtenir une déclaration d’utilité publique qui mettrait fin aux objections issues de ces consultations obligatoires : le caractère d’intérêt d’un projet au coût estimé à 1,4 Mds € n’était-il pas, de leur point de vue, supérieur à tout autre, y compris celui qui s’attache à préserver l’intégrité de l’un des deux « poumons verts » de Paris ?
Le 14 décembre 2022, le ministre des Transports a fait connaître sa décision d’entendre les oppositions au projet, exprimées de manière convergente, en faisant clairement prévaloir la protection du cadre de vie : « Il n’est pas possible de déclarer le projet d’utilité publique en l’état car son impact sur l’environnement est préoccupant, notamment sur le Bois de Vincennes ».
Telle était bien la conviction de notre Fédération nationale en s’associant, au moment de l’enquête publique, à l’énergique combat mené par le collectif « Touche pas à mon bois » (https://touchepasamonboisdevincennes.fr/) ainsi que l’Association des défenseurs du Bois de Vincennes. (https://www.helloasso.com/associations/association-des-defenseurs-du-bois-de-vincennes)
Si nous ne pouvons que nous féliciter de la décision ministérielle, nous restons vigilants pour l’avenir car le projet n’est pas définitivement abandonné. Nous continuerons à accompagner les défenseurs du bois de Vincennes et d’une manière générale, à demander que, dans les zones de pression foncière, la loi assure mieux la protection des sites classés, des espaces boisés ainsi que des espaces de nature.
« Chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé », affirme la Charte de l’environnement, intégrée en 2005 dans notre « bloc » de constitutionnalité.
Les chênes centenaires et tous les autres arbres du bois de Vincennes continueront à y contribuer !
Christophe Blanchard-Dignac,
Président délégué de Patrimoine-Environnement