Archéologie : une nécropole du Premier âge du fer découverte à Cournonterral (Hérault)

670x510_9859_vignette_Fouille-d-une-tombe-bucher-prelevements-en-cours-c-C.-Martinez-InrapUne équipe d’archéologues de l’INRAP mène actuellement (et jusqu’à la fin de l’année) une fouille préventive au lieu-dit « Les Joncasses ». Les fouilles sont situées en amont d’un projet de lotissement d’habitations menées par un groupe immobilier sur la commune de Cournonterral, à 10 km environ de Montpellier.

La fouille a d’ores-et-déjà mis au jour un ensemble funéraire et culturel du Premier âge de fer (VIIème siècle avant notre ère). Les vestiges, très bien conservés, apportent de nombreux renseignements importants sur les pratiques funéraires et la société celtique du Midi de la Gaule à la veille de la fondation de Marseille… Et le site offre un potentiel patrimonial et scientifique majeur pour la région.

  • Un site fréquenté dès la fin de la Préhistoire

Les archéologues ont identifié des traces fugaces d’occupation dès le Néolithique. Entre le Ve et le IIe siècle avant notre ère, ce sont des silos, de grandes fosses, des fossés et des trous de poteaux qui illustrent la présence humaine. Plus tard, un chemin associé à des sépultures du IIIe siècle de notre ère révèle une occupation dès l’Antiquité. Ces terres ont ainsi été mises en valeur du début du second âge du Fer à l’époque romaine, soit une durée de 800 ans.

  • La découverte d’une nécropole du Premier âge du fer

L’intérêt principal de cette fouille réside dans l’étude d’une nécropole du premier âge du Fer datée du VIIe siècle avant notre ère. L’ensemble présente un état de conservation remarquable : même le sol de circulation de l’époque a été préservé de l’action destructrice des labours et de l’érosion naturelle. Le mobilier (céramique, métallique…) mis au jour montre que l’espace funéraire est utilisé à la fin du VIIe siècle avant notre ère. On y distingue deux sortes de tombes ainsi que des vestiges remarquables qui renvoient directement aux pratiques cultuelles réalisées en marge des funérailles (commémorations…).

  • Des « tombes-bûchers » pour des défunts au statut social particulier

Les archéologues ont dénombré une vingtaine de « tombes-bûchers » d’un type inédit en Languedoc-Roussillon. Ces sépultures sont marquées par des empierrements rectangulaires qui forment l’assise du bûcher, longs de 2 m, larges de 0,80 m et hauts de 0,25 m. Entre les pierres, se trouvent les restes de la crémation dont des centaines d’os humains brûlés. Deux catégories de mobilier accompagnent ces ossements. Tout d’abord des éléments de parure vestimentaire et corporelle (bracelets, anneaux, perles, en alliage cuivreux et en ambre), des armes (épées, pointes de lances en fer) et des objets de la vie quotidienne. Ces objets renseignent les archéologues sur le sexe et le statut social des défunts. Ces derniers forment un groupe particulier, sans doute l’élite de cette communauté. Des os d’animaux et des vases sont également placés dans le bûcher ou aux abords de celui-ci. Les formes de ces récipients évoquent surtout des services de boisson (coupelles, gobelets, cratères…). Ces objets reflètent la complexité des gestes funéraires (libation, banquet…) pendant les funérailles et tout particulièrement durant l’étape de la crémation. Chaque tombe-bûcher est dotée d’un vase ossuaire enfoui dans la tombe. Ces bûchers, individuels ne servent  qu’une seule fois. À la fin de la cérémonie funèbre, ils sont recouverts d’un micro tumulus (tas de terre) qui marque la présence de la tombe et la protège d’éventuels pillages.
Un autre type de tombe a été identifié dans la nécropole : des sépultures composées  d’un vase ossuaire mis en terre sans autre offrande.

  • Des indices des pratiques cultuelles

La nécropole des Joncasses se distingue des autres ensembles funéraires de la région par la présence de structures à vocation cultuelle, au premier rang desquelles un enclos fossoyé. Muni d’une palissade, d’une superficie de 100 m² environ, il est doté d’une très petite entrée soulignée par d’imposants poteaux lui conférant un caractère monumental. De plus, les archéologues ont dégagé une stèle anépigraphe (sans représentation) en pierre. Celle-ci, brisée, est un geste qui marque une volonté de désacralisation d’un espace dévolu aux morts. La forme de l’enclos (ovale allongé) renvoie à des modèles septentrionaux (Landgraben) très rarement attestés au sud de la Loire.

Les fouilles ont été lancées sur prescription de l’Etat, du service régional de l’Archéologie et de la Drac Languedoc-Roussillon.

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L’Inrap

inrap1Avec plus de 2 000 collaborateurs et chercheurs, l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des toutes premières en Europe. Institut national de recherche, il réalise l’essentiel des diagnostics archéologiques et des fouilles en partenariat avec les aménageurs privés et publics : soit près de 2 000 chantiers par an, en France métropolitaine et dans les Dom. Ses missions s’étendent à l’exploitation scientifique des résultats et à la diffusion de la connaissance archéologique auprès du public.

La DRAC, Service régional de l’archéologie

Les missions archéologiques de l’État sont remplies au niveau régional par le Service régional de l’Archéologie (SRA), placé sous l’autorité du préfet de région. Ce service met en œuvre les mesures nécessaires à l’inventaire, la protection, l’étude, la conservation et la valorisation du patrimoine archéologique. Il veille à l’application de la législation relative à l’archéologie, prescrit les opérations d’archéologie préventives, et en assure le contrôle scientifique.

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